La productivité française entravée par les niveaux de compétences des salariés
Dans son rapport publié le 6 septembre 2019, le Conseil national de productivité (CNP) met en avant les facteurs qui affaiblissent la productivité de la France : des compétences en main-d'œuvre plus faibles que la moyenne de l'OCDE et une inadéquation entre les compétences des salariés et celles requises pour les postes qu'ils occupent.
Ces derniers mois, les impôts de production ont été souvent pointés du doigt, par le Conseil d'analyse économique notamment dans une note de juin 2019, comme pesant lourdement sur les entreprises, leur productivité et leur compétitivité. Dans son rapport publié le 6 septembre 2019, le Conseil national de productivité (CNP), met en avant d'autres facteurs, qui, dans une proportion importante, pourraient aussi entraver la productivité française. Il s'agit notamment des compétences de la main-d'œuvre françaises, plus faibles que la moyenne de l'OCDE, et de l'inadéquation entre les compétences des salariés et celles requises par les postes qu'ils occupent.
Ce CNP institué en juin 2018 - les États membres devant tous en installer un selon une recommandation du Conseil européen de septembre 2016 - est chargé d'analyser les évolutions et les déterminants de la productivité et de la compétitivité en France, en tenant compte des interactions avec les autres États membres. Objectif : mieux coordonner les politiques économiques au sein de la zone euro.
Ses premières conclusions font ressortir le niveau élevé de productivité de la France, semblable à celui de l'Allemagne mais une tendance à la baisse également, en France et dans l'OCDE depuis la fin des années 1990. La tertiarisation de l'économie peut expliquer ce ralentissement, les gains de productivité dans les services étant moins dynamiques que dans l'industrie. Or, en France, la part de l'industrie est passée de 30% en 1980 à environ 15% de l'emploi du secteur marchand.
23% des salariés français sont sous-qualifiés pour le poste qu'ils occupent
Mais pour la France, ce sont bien le niveau et l'inadéquation des compétences qui expliquent la baisse de la productivité. "La France souffre de performances moyennes dans le champ des compétences de la main d'œuvre", insiste ainsi le CNP dans son rapport. La formation initiale est en jeu : une proportion de bons élèves stable et supérieure à la moyenne des pays de l'OCDE mais une proportion d'élèves en difficulté toujours au-dessus de la moyenne de ces pays. Les niveaux de compétences des jeunes sont aussi en-dessous de la moyenne. Par ailleurs, le rapport signale une obsolescence rapide des compétences acquises par les Français et un retard en matière de compétences comportementales (confiance en ses propres capacités, estime de soi, gestion de l'anxiété…).
La faible adéquation entre compétences et postes de travail explique aussi ce positionnement de la France en matière de productivité : 35% des salariés français exercent un métier pour lequel ils n'ont pas de qualification adéquate, correspondant à la moyenne de l'OCDE, et 23% sont sous-qualifiés pour le poste qu'ils occupent, un des taux les plus élevés parmi les pays de l'OCDE.
Le rapport révèle par ailleurs une insuffisante qualité du management. La France a un score moyen dans ce domaine, assez loin derrière les économies des pays anglo-saxons, de l'Allemagne ou des pays nordiques. Autre problème : le retard dans les technologies de l'information et de la communication, et plus globalement en matière d'innovation. "Les performances de la France en matière d’innovation sont nettement inférieures à celles des pays européens en pointe dans ce domaine (Suède, Danemark, Finlande, Pays-Bas, Royaume-Uni et Allemagne)", détaille le document, insistant notamment sur l'insuffisance des coopérations entre la recherche et développement publique et privée.