La pratique sportive des Français stagne, celle des femmes recule
Le taux de pratique sportive régulière chez les Français s'est légèrement tassé en 2023. La pratique a même reculé chez les femmes. Parmi les freins à la pratique, on relève la disponibilité des équipements mais surtout le coût, les aides des pouvoirs publics touchant encore trop peu de personnes.
La pratique sportive des Français de plus de quinze ans n'a pas progressé en 2023, et a même régressé chez les femmes, et des freins subsistent, notamment sur des sujets qui concernent directement les collectivités territoriales. C'est ce qui ressort du dernier baromètre national des pratiques sportives publié fin décembre par l'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire (Injep).
En 2023, constate l'enquête menée auprès de 4.258 personnes, 59% des Français de quinze ans et plus ont pratiqué une activité physique et sportive régulière (au moins une fois par semaine en moyenne au cours des douze derniers mois). Ce taux se tasse légèrement par rapport à 2022 (60%), mais reste toutefois à un niveau nettement supérieur à celui d'avant la crise sanitaire (+5 pts par rapport à 2018).
Érosion de la pratique féminine
La même tendance se dessine pour la pratique occasionnelle : 70% des Français de 15 ans et plus ont pratiqué au moins une activité physique et sportive au cours des douze derniers mois, contre 72% en 2022 et 66% en 2018.
Ce tassement s'explique en partie par le recul du taux de la pratique féminine régulière, qui passe de 59% à 55% en un an, tandis que la pratique masculine augmente légèrement, passant de 62% à 63%. L'écart dans la pratique sportive régulière entre hommes et femmes s'établit à 8%, le chiffre le plus important depuis 2018. Pour les pratiques occasionnelles, l'écart passe même à 9 points (75% chez les hommes contre 66% chez les femmes).
Progression chez les seniors
On note également que les écarts de niveaux de pratique selon l'âge se réduisent : entre les moins de 40 ans et les 40 ans ou plus, cet écart atteignait 19 points en 2018, contre 12 points en 2023. Si les 15-24 ans demeurent loin devant, on remarque que leur taux de pratique, qui était de 85% en 2018 et de 87% en 2022, a chuté à 80%. À l'inverse, les personnes âgées de 70 ans et plus, qui n'étaient que 51% à pratiquer des activités sportives en 2018 sont aujourd'hui 62%.
Par ailleurs, "la pratique sportive régulière reste très marquée socialement", souligne l'Injep. L'écart entre les cadres, qui affichent un taux de pratique régulière de 73%, et les ouvriers, qui ne sont que 52% à pratiquer, se monte à 21 points, soit un niveau identique à celui de 2018.
Une nouveauté apparaît dans ce baromètre 2023 : alors que le taux de pratique s'est tassé entre 2022 et 2023 dans tous les types de territoires, l'agglomération parisienne, qui affichait jusqu'ici un taux inférieur à celui des villes de plus de 100.000 habitants, est passée nettement devant en 2023 : 79% contre 72%. On constate également que le taux de pratique des habitants des communes rurales, contrairement aux années précédentes, est désormais plus faible (65%) que celui des habitants des petites villes (66%).
Pratique en milieu naturel
Ces dernières données pourront surprendre. En effet, si l'on se penche sur les lieux de pratique, on s'aperçoit que le milieu naturel reste largement en tête (36%), devant les installations sportives (25%), le domicile (22%) et le milieu urbain (11%).
La pratique en club reste à un niveau bas (21% contre 24% en 2018). Ici, il faut noter qu'un peu plus d'un quart des Français se sont vu refuser une inscription en club au cours des cinq dernières années pour eux-mêmes ou pour un proche, notamment faute de places disponibles. Ce taux est toutefois en diminution par rapport à 2022.
Alors que l'envie de pratiquer des activités sportives enregistre une hausse marquée chez les non-pratiquants (24% en 2023 contre 20% en 2018), on relève, parmi les freins, le coût chez 21% d'entre eux et le manque d'offres de proximité (équipements ou clubs) pour 9%.
Des aides au compte-gouttes
Quant aux pratiquants actuels, ils sont 45% à vouloir pratiquer plus et citent les mêmes freins que les non-pratiquants : coût (26% des répondants), horaires d'ouverture des équipements (15%, contre 12% en 2022) et manque d'offres de proximité (12%).
Ce baromètre 2023 est enfin l'occasion de faire pour la première fois un focus sur les aides financières. On apprend ainsi que 19% des Français déclarent avoir bénéficié d'au moins une aide financière en lien avec leur activité physique et sportive. Pour 6% d'entre eux, l'aide vient des pouvoirs publics (Pass'sport, Caf, région, département ou commune), pour 5% de l'employeur, pour 4% d'un club, pour 3% de l'école ou de l'université.
Favoriser l'accueil des nouveaux pratiquants comme celui des pratiquants confirmés sera un redoutable défi à relever pour les clubs et les collectivités, a fortiori à la rentrée de septembre 2024, après l'engouement que ne devraient pas manquer de susciter les Jeux olympiques.