Eaux souterraines - La nappe phréatique de Seine-et-Marne polluée : banir d'urgence les phytosanitaires
Une regrettable étape vient d'être franchie dans le constat de pollution des eaux franciliennes aux pesticides : des traces de glyphosate, une molécule issue d'un désherbant répandu, ont été détectées dans les eaux de la nappe de Champigny, qui alimente en eau un million de Franciliens. Le signal d'alarme est tiré par l'association Aqui'Brie qui s'appuie sur les analyses d'eau réalisées en 2005 par le réseau de surveillance de la nappe, constitué d'une soixantaine de points de contrôle. Suite à cela, Eau de Paris a confirmé une présence effective, constatée depuis deux ans mais ne dépassant pas les normes de potabilité. En bref, cela fait donc plusieurs années que cette molécule phytosanitaire est présente dans la nappe, après avoir été charriée par les eaux superficielles.
"Dans les rivières, le glyphosate arrive en tête des phytosanitaires détectés et comme cette nappe est alimentée par ces rivières, on se doutait qu'il y arriverait un jour. Des rivières jusqu'à la nappe, le produit se dégrade mais cette teneur croissante de glyphosate, détectée en deux points de la nappe, reste inquiétante car les désherbants dont il est issu sont toujours massivement utilisés, tant par les particuliers que par les communes", alerte Agnès Saizonou, à la tête d'Aqui'Brie.
Sur le secteur de cette nappe aquifère, qui couvre 223 communes de Seine-et-Marne, cette association incite les agriculteurs, les propriétaires de golfs, les particuliers et les services des collectivités à changer leurs pratiques. "Cette présence de glyphosate, molécule encore autorisée, tout comme celle d'atrazine, interdite depuis des années mais toujours présente dans la nappe, démontre bien que la seule solution est d'agir à la source, en ne désherbant plus chimiquement. On porte donc ce message auprès des élus depuis 2003", précise Agnès Saizonou. Pour l'heure, 115 communes du secteur se sont engagées à réduire le recours aux phytosanitaires, 85 ont signé une charte, 5 ont stoppé le désherbage de voirie et une petite commune a radicalement banni l'usage de phytosanitaires par ses services. Résultat, sur 55 de ces communes dernièrement sondées, la réduction du volume de phytos utilisés atteint 70% en moyenne. Principaux constats tirés : l'appui politique des maires est nécessaire pour changer de pratiques, plusieurs services sont souvent à mobiliser sur le sujet et les cimetières représentent l'un des derniers lieux de résistance aux politiques de réduction engagées.
Morgan Boëdec / Victoires éditions