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Open data - La Métropole européenne de Lille à la recherche des données de ses communes

Depuis le 7 novembre, quatre communes de la Métropole européenne de Lille (MEL) se sont jointes à l'initiative open data de cette dernière, en publiant de premiers jeux de données sur une plateforme mutualisée. Une avancée significative dans cette intercommunalité où les efforts d'ouverture des données restaient jusque-là cloisonnés. L'évolution observée dans la MEL confirme une tendance de fond dans l'open data territorial : l'émergence de projets qui impliquent des structures de différentes tailles, pour s'efforcer de répondre aux nouvelles contraintes réglementaires.

Pas moins de 90 communes composent la Métropole européenne de Lille, dont une bonne partie est concernée par la nouvelle obligation d'ouverture des données publiques par défaut portée par la loi pour une République numérique. Alors, un an après le lancement de son portail open data dédié, la Métropole européenne de Lille se réjouit d'annoncer le succès de ses premiers efforts pour réunir, sous son pavillon, l'ensemble des données des acteurs publics métropolitains. Les villes de Lille, Villeneuve-d'Ascq, mais aussi Ennetières-en-Weppes et Armentières, appuient l'initiative de la MEL en publiant leurs premiers jeux de données. On retrouve des informations désormais incontournables pour les communes se lançant dans l'open data : les noms des nouveau-nés, la localisation des écoles, parcs et jardins. Villeneuve-d'Ascq s'illustre en misant sur des données plus stratégiques : les subventions accordées aux associations et les comptes administratifs de la commune. Pour autant, la démarche reste encore embryonnaire. Seuls dix jeux de données communaux sont venus grossir le portail de la MEL. D'autres villes continuent de faire cavalier seul : Roubaix entretient sa propre interface open data, en recourant pourtant au même prestataire que la MEL. "Avec la loi pour une République numérique, chacun a éprouvé le désir de se mettre à la page et de montrer son volontarisme", analyse Akim Oural, conseiller métropolitain délégué aux TIC, interrogé par Localtis. Un an plus tard, pour convaincre les autres communes de rejoindre son dispositif, la métropole leur propose d'héberger leurs données ouvertes gratuitement pendant six mois, et d'assurer des formations à la maîtrise de l'open data à destination des agents.

La mutualisation, un passage obligé pour donner du sens aux données

Encouragée par le programme Opendatalocale qui, sous la houlette de l'association Opendatafrance, regroupe de nombreux territoires expérimentateurs de l'ouverture des données, la tendance à la mutualisation des projets open data se fait de plus en plus forte. "Le backoffice des services numériques des collectivités a tout intérêt à être mutualisé", assure Akim Oural. "La sécurité des données est un enjeu grandissant, et si nous ne nous unissons pas, nous n'aurons pas les moyens d'être à la hauteur." Trop peu de collectivités disposent, de plus, d'une expertise suffisante en interne pour mieux administrer leurs données et amorcer leur ouverture. Enfin, en open data, la quantité d'informations disponibles sur une seule et même plateforme est un paramètre déterminant. "Plus la donnée est nombreuse, plus elle peut être croisée et se révèle donc riche et utile", résumé Akim Oural. "L'échelon métropolitain permet d'atteindre une masse critique et d'intéresser de potentiels ré-utilisateurs", ajoute-t-il. Parmi les services privés utilisant son open data, la MEL cite Garmin, Waze, mais aussi Handisco, une jeune pousse qui met en place un système de canne connectée pour personnes malvoyantes.

De nombreux territoires s'intéressent à la gouvernance des données

La MEL n'est ni le seul territoire, ni le premier, à avoir amorcé la mutualisation des démarches open data. En 2012, la région Paca avait fait figure de pionnière en lançant un portail mutualisé, Open PACA, accessible à l'ensemble des collectivités du territoire. Cinq ans plus tard, 37 organismes publient leurs données sur le site, dont la ville d'Arles, la ville d'Avignon ou encore la métropole d'Aix-Marseille-Provence. Pour ces portails mutualisés, la prochaine étape est d'associer des données produites par des acteurs privés, qu'ils soient délégataires de service public ou totalement indépendants. Par exemple, le projet de service public local de la donnée, doté de 500.000 euros de financements et distingué lors des dernières attributions du PIA, s'est donné pour mission d'esquisser une nouvelle gouvernance de la donnée sur le périmètre de Rennes Métropole. À la MEL, on a aussi conscience de l'urgence du sujet. "Nous devons construire des infrastructures numériques réellement souveraines et territorialisées", avance Akim Oural. "Les données générées dans l'espace public devraient pouvoir devenir des biens communs, à destination de tous", assène celui qui, en 2015, avait remis au gouvernement un rapport remarqué sur l'innovation territoriale. Si les métropoles nourrissent de grandes ambitions pour collecter et analyser les données qui concernent leur territoire, elles n'en ont pourtant pas encore les moyens. À la MEL comme ailleurs, la plupart des données libérées permettent avant tout de s'acculturer au concept de l'open data, et de sensibiliser tout à la fois les services et les habitants. Face aux entreprises géantes collectrices de données personnelles, les collectivités font encore figure de Petit Poucet.