Réforme territoriale - La maire d'Amiens (re)lance une pétition pour que la ville soit capitale régionale
La maire d'Amiens, Brigitte Fouré (UDI), et le président de la métropole, Alain Gest (UMP), ont lancé vendredi 27 février une pétition en ligne pour que la ville devienne capitale de la future région Nord-Pas-de-Calais-Picardie en 2016, se positionnant face à Lille.
Les deux élus, appuyés par les députés de la Somme Barbara Pompili (EELV) et Pascal Demarthe (PS), "ont lancé un appel à la mobilisation des Amiénois et des Picards afin qu'Amiens conforte sa place historique de capitale régionale et les nombreux emplois induits par ce statut", peut-on lire dans le communiqué annonçant la pétition nommée "Amiens capitale, c'est capital".
Amiens entend ainsi se positionner en challenger de Lille qui, aux yeux de la plupart des responsables économiques et politiques, apparaît évidemment comme la candidate naturelle pour être capitale administrative de la future grande région. "Nous sommes la seule ville à avoir actuellement tous les attributs de capitale régionale administrative, Lille par exemple n'est pas la capitale judiciaire (de sa région actuelle), c'est Douai", a affirmé à l'AFP la maire d'Amiens. "Lille a toute légitimité pour être incontestablement capitale régionale économique, mais nous pensons qu'il doit y avoir une complémentarité, et qu'Amiens doit conserver son rôle de capitale administrative", plaide Brigitte Fouré.
"Pourquoi est-ce que ce serait Amiens qui serait sacrifié sur l'autel d'un intérêt qui n'est même pas général alors que la géographie, l'histoire, l'aménagement du territoire et la conjoncture économique font que nous avons quelques atouts à mettre en valeur", s'interroge-t-elle. "Quand on regarde une carte on voit qu'Amiens est central par rapport à l'ensemble de la nouvelle grande région (...) alors que d'autres villes comme Lille sont beaucoup plus excentrées et ça présente des difficultés d'accessibilité", fait valoir la maire. Celle-ci évoque 5.000 à 7.000 emplois publics menacés à Amiens par une éventuelle attribution du statut de capitale à Lille, dans une zone "où le chômage est deux points au-dessus de la moyenne nationale".
Le texte de l'appel ne s'inscrit toutefois pas uniquement dans une optique "choisir Amiens plutôt que Lille" puisqu'il évoque les "coopérations, collaborations, échanges, complémentarités et mutualisations à nouer avec Lille et le Nord-Pas-de-Calais".
Philippe Vasseur, président de la Chambre de commerce et d'industrie du Nord de France, plaide depuis plusieurs mois pour Lille capitale, mais dit ne pas souhaiter pour autant voir Amiens perdre toute substance administrative. Xavier Bertrand, maire UMP de Saint-Quentin (Aisne, en Picardie) et candidat aux élections régionales de décembre pour la présidence du futur Nord-Pas-de-Calais-Picardie, s'est également prononcé en faveur de Lille.
La page Facebook "Amiens capitale" comptait ce 2 mars après-midi 1.444 mentions "J'aime".
Complémentarités
En réalité, la démarche n'est pas tout à fait nouvelle puisqu'en décembre dernier, alors que la loi venant organiser la fusion des régions n'avait pas encore été votée, un appel "Oui à Amiens capitale" avait déjà été lancé par Barbara Pompili et Christian Manable, sénateur de la Somme, avec à la clef une lettre au chef de l'Etat, une page web et un recueil de signatures de soutien, au premier rang desquelles celles de Brigitte Fouré et d'Alain Gest avaient été sollicitées.
Là aussi, il était au final surtout question de complémentarités : "Les exemples d'une répartition intelligente des pouvoirs entre capitales ne manquent pas à travers le monde. Nous devons faire entendre cette aspiration à une juste répartition des rôles entre les différents pôles régionaux. C'est aussi une opportunité pour innover."
L'idéal maintenant serait peut-être, pour plus de clarté au moins pour les internautes, de commencer par fusionner... les pages de ces démarches d'élus locaux !
C'est à peu près au même moment en décembre qu'un certain nombre de "capitales régionales en sursis" avaient lancé un groupe de travail commun, emmenées par Benoist Apparu, maire de Châlons-en-Champagne (voir notre article du 10 décembre). A l'époque, Brigitte Fouré avait fait savoir qu'elle ne comptait pas faire partie de ce collectif, visiblement de peut de voir sa ville cataloguée d'office parmi les "ex" capitales. "J'étais invitée à cette réunion mais j'ai refusé de participer. A mes yeux, le débat sur le statut de capitale régionale d'Amiens n'est pas du tout clos par la fusion du Nord/Pas de Calais avec la Picardie", avait-elle alors expliqué à l'AFP, ajoutant déjà : "Incontestablement, Lille est la capitale économique de notre région, mais nous aspirons à en être la capitale administrative, ayant déjà tous les attributs d'une capitale régionale - université, cour d'appel etc.".
Depuis, la loi a été votée et publiée (le nom des futurs "sièges" de régions n'y sont, rappelons-le, pas précisés, sauf pour Strasbourg) et les exécutifs régionaux préparent activement ce chantier des fusions (lire notre point d'étape du 27 février). Que ce soit à l'Association des régions de France ou du côté du gouvernement, on insiste sur le fait qu'il ne sera pas forcément question, loin de là, de tout concentrer sur le futur siège mais bien plutôt de miser sur les mises en réseau, la territorialisation des services, etc.