Chaleur renouvelable - La géothermie est de retour à Paris
A quelques encablures du périphérique parisien, les premières visites officielles du nouveau forage géothermique (lancé à la porte d'Aubervilliers) viennent d'être entamées, à l'initiative de l'Ademe et de la région Ile-de-France, qui ont soutenu le projet à hauteur de 18% des 31 millions d'euros investis. Réalisé par l'opérateur de réseau de chaleur Compagnie parisienne de chauffage urbain (CPCU), ce puits géothermal, le premier du genre depuis plus de vingt ans, sera mis en service fin 2009. A terme, sa production de 100.000 MWh/an couvrira les besoins en chauffage d'un million de m2 de quartiers résidentiels et de bureaux en cours de construction dans cette zone. Une première tranche de 6.000 à 7.000 logements sera chauffée par ce biais dès l'hiver 2011. "On a longtemps délaissé cette technique en France, alors que l'énergie qu'elle procure permet de véritables économies et la création d'emplois non délocalisables. Tout en contribuant à ce que la capitale devienne plus sobre et plus autonome d'un point de vue énergétique", a commenté Denis Baupin, adjoint à l'environnement à la mairie de Paris.
Michel Vampouille, vice-président du conseil régional chargé de l'environnement, ajoute qu'il faut remettre ce chantier dans la perspective d'un retour de la géothermie en région parisienne. En effet, six anciennes exploitations vont y être réhabilitées. Deux sont déjà retenues, à La Courneuve Sud et Sucy-en-Brie. Avec un coût d'exploitation réputé stable et prévisible, et un prix de revient de 45 à 50 euros/kWh à peine supérieur à la moyenne actuelle, la géothermie a donc, à nouveau, de beaux jours devant elle. Actuellement, cette filière dotée de 34 forages contribue à hauteur de plus de 130.000 tep/an (tonnes équivalent pétrole) au bilan énergétique francilien. En tête, caracole le département du Val-de-Marne, au sous-sol particulièrement généreux en aquifères.
La région veut aller plus loin et, dans ce sens, elle a alloué dès l'an dernier, un budget de 22 millions d'euros à un objectif d'appui au secteur, programmé sur 2008-2013. Objectif : 50% d'installations en plus d'ici à 2020, soit, d'ici là, un niveau atteint de 400.000 tep/an. Créé par la loi Grenelle 1 et géré par l'Ademe, le fonds chaleur renouvelable (un milliard d'euros sur 2009-2011) devrait accélérer ce développement. D'autres chantiers sont visés en Ile-de-France, ceux qui alimenteront l'aéroport d'Orly, des logements et bâtiments publics à Châtillon (91), Villejuif Nord (94), près d'Ivry-sur-Seine, de Boulogne et dans le Nord-Est parisien.
Morgan Boëdec / Victoires Editions