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Environnement - La France risque de ne pas tenir ses objectifs de réduction d'émissions de CO2

Selon un rapport de Jean Syrota, président de la commission énergie du Conseil d'analyse stratégique (CAS, ex-Plan), qui vient d'être mis en ligne, la France ne tiendra pas son objectif de division par 4 des émissions de CO2 d'ici 2050 et devra pour parvenir à une division par 2,1, voire 2,4, engager une "politique ambitieuse", qui va plus loin que les propositions du Grenelle de l'environnement. Elle ne devrait cependant pas être tenue de réduire ses émissions autant que ses partenaires européens, vu la part importante du nucléaire qui a quasiment "décarboné" sa production d'électricité, estime Jean Syrota. "La division par environ 2,5 des émissions de CO2 en France permettrait d'atteindre l'objectif du facteur 4 au niveau européen", inscrit dans une loi française du 13 juillet 2005, indique le rapport. Cela "conduirait à une situation équitable, avec des émissions par habitant qui seraient, en 2050, les mêmes pour tous les citoyens de l'Union européenne".
Pour la France comme pour ses voisins européens, parvenir à réduire les émissions de CO2 en période de croissance économique comme prévu en 2050 va nécessiter "une politique très ambitieuse", a souligné Jean Syrota. "Si l'on veut aller vers le facteur 4 européen, il faut sans tarder engager une politique ferme comme jamais on n'en a engagée même après le premier choc pétrolier en 1974".
Le rapport prône des solutions qui vont plus loin que celles préconisées fin septembre par les groupes de travail du Grenelle de l'environnement. Il recommande notamment de développer les énergies renouvelables, mais de maintenir le nucléaire en développant des réacteurs de quatrième génération, alors que cette question fait toujours débat au sein du Grenelle.
Il propose d'arrêter les investissements dans les biocarburants de première génération qui n'utilisent pas toute la plante et demandent des surfaces cultivables importantes, au risque de faire monter les prix des denrées alimentaires. Ce sujet suscite également la controverse entre agriculteurs et associations environnementales.
Autre proposition radicale, le rapport suggère d'augmenter la taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP), ce qui renchérira le litre d'essence de 3 centimes et celui du gazole de 5 centimes, ou encore de mettre en place des péages urbains comme à Londres ou à Stockholm. Alors que les associations écologistes ont dénoncé le "faux pragmatisme" et le "manque d'ambition" de son rapport pour réduire les émissions de CO2, Jean Syrota a insisté sur le fait que ce document s'était voulu réaliste et avait écarté des solutions "drastiques comme le rationnement". Selon lui ce "sera un élément de réflexion de plus dans le cadre du Grenelle".

 

A.L. avec AFP

 

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