Les habitants de Riom cherchent leur place à l'ombre de Clermont-Ferrand
À Riom (Puy-de-Dôme), des habitants regroupés au sein d’une fondation profitent des élections municipales pour soumettre aux candidats des idées de redynamisation de leur ville à l’horizon 2024. Leur objectif : tisser de nouvelles relations avec la métropole de Clermont-Ferrand, dans une logique de coopération.
Comment permettre à une petite ville comme Riom de s'affirmer face à la métropole de Clermont-Ferrand, dans une logique de coopération ? C'est l'une des questions à laquelle s'est attaquée la fondation Riom terre d'Auvergne (RTA) qui vient de souffler quelques idées aux futurs candidats aux élections municipales. Jusqu'à présent, cette fondation créée en 2016 par des habitants de la ville, sous l'égide de la Fondation de France, s'est surtout attachée au développement culturel de la communauté d'agglomération Riom Limagne et Volcans constituée autour de Riom, Châtel-Guyon, Volvic et Ennezat (elle a subventionné onze associations culturelles en 2018). Mais elle compte maintenant peser plus largement dans le débat sur l'avenir de la ville (écologie, patrimoine, mobilités…). Et pour ce faire, elle a commandé une étude de marketing territorial, réalisée par l'agence Bastille et le cabinet Pop-up urbain, lui permettant de dégager quelques axes de réflexion pour le développement et le devenir de la ville à l'horizon 2040. La restitution devant quelque 70 personnes s'est tenue le 3 décembre 2019. "Tous les candidats étaient invités à la présentation de ces travaux qui s'inscrivent dans le long terme", explique-t-on à la fondation. Cette dernière propose aux candidats de les accompagner dans la transformation de la ville.
Comment se développer face à une métropole ?
Riom est une ville de 19.000 habitants, avec un taux de chômage de 7,1 % en 2019 en baisse et une économie surtout tournée vers le commerce, les transports et les services (64,5%). À l’ombre de Clermont-Ferrand (200.000 habitants), distante d’une quinzaine de kilomètres à peine, Riom pâtit d’un manque de notoriété. "Nous ne souhaitons pas être une cité dortoir, précise la fondation, et nous pouvons permettre à Clermont-Ferrand d'être encore plus rayonnante." La clé est en effet dans la construction de cette relation nouvelle avec la métropole. "Cela ne signifie pas diluer son autonomie dans une subordination vis-à-vis de l'échelon métropolitain", signale le rapport synthétisant les travaux, "mais simplement d'assumer l'existence de ces relations qui structurent les déplacements, les parcours de vie, les consommations de ressources, etc.".
Comme beaucoup de villes en France, Riom a connu les affres de la désertification de son centre. Ce qui lui vaut d’avoir été retenue dans le programme de revitalisation des centres de villes moyennes, Action cœur de ville. Sur les 1.800 logements qui composent le centre-ville, trois quarts sont antérieurs à 1871. Ils sont petits et peu fonctionnels, se révélant peu adaptés aux attentes des ménages. Ajouté à cela, l'aspect minéral de la ville, offrant peu de lieux de convivialité, a poussé la population à quitter le centre-ville. "De 5.600 habitants en 1962, il n'en restait que 2.000 en 2015, les logements vacants ou indignes dépassent 25%", détaille l'étude de la fondation.
Parmi les pistes envisagées pour redynamiser la ville : penser la gare de Riom-Châtel-Guyon, qui est fortement utilisée par l'ensemble du bassin de vie riomois et notamment par un grand nombre de citadins venus du nord-Clermont ou d'actifs se rendant à leur travail, comme un véritable pôle intermodal incluant d'autres services : des parcs-relais pour covoiturage ou autopartage, des stations de recharge pour véhicules électriques ou à hydrogène, des hôtels, restaurants, cafés, marchands de journaux, une conciergerie… L'étude propose aussi de multiplier les liaisons ferrées entre Riom et Clermont, d'étendre le service le soir après 19 heures, et de développer les autres modes de transports (tram-train, bus électriques ou à hydrogène, piste cyclable).
Le projet de la fondation préconise d'engager des réflexions globales sur les friches patrimoniales pour établir des programmes de réhabilitation et rénovation. Avec l'ouverture d'un nouveau centre pénitentiaire le long de l'A71, Riom hérite ainsi de deux bâtiments, représentant 1,5 hectare en centre-ville, l'ancienne maison d'arrêt et le centre de détention.
La fondation considère enfin que des projets en commun avec Clermont-Ferrand pourraient être mis en place. "Clermont-Ferrand est candidate pour devenir la capitale européenne de la culture (en 2028, ndlr) mais elle n'a pas les moyens de tout faire, détaille la fondation. De la même façon, le festival du court-métrage de Clermont va prendre fin car il n'y a pas assez d'espaces disponibles sur place alors que Riom dispose de trois salles, et d'infrastructures culturelles."
Un projet "péri-métropolitain"
L'atout de la fondation est le temps, car contrairement aux élus, elle n'est pas tributaire des échéances électorales… Le projet cible l'avenir de la ville à l'horizon 2040. Reste à savoir comment les candidats à l'élection municipale prendront ces propositions et décideront ou non de s'en inspirer pour faire évoluer la ville et son rapport à la métropole.
La fondation s'est appuyée dans sa démarche sur des exemples réussis comme le travail réalisé par la ville de Libourne (24.880 habitants) proche de Bordeaux, également retenue pour l'action Cœur de ville. La ville a engagé une réflexion sur sa relation à la métropole, à travers la démarche "Libourne 2025". Ainsi, plutôt que de nier les relations entre la ville et la métropole qui s'intensifient (des travailleurs de Bordeaux choisissant de vivre à Libourne et des actifs venant de Bordeaux pour travailler à Libourne), le maire, Philippe Besson, a choisi de fonder son projet urbain sur cette nouvelle relation au territoire : Libourne vue comme une ville-centre d'un territoire rural mais aussi comme une ville jouant un rôle de coopération avec la métropole dont elle subit de fait les influences.