Transports du quotidien - La Fnaut propose de régénérer les RER métropolitains
Contrairement à nos voisins européens, la France a peu investi dans la desserte ferroviaire des grandes agglomérations de province. Or selon la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut), qui a fait le point le 9 mars sur ce sujet, elle constituerait un outil à privilégier pour réduire la circulation automobile à l'entrée des villes et mieux maîtriser l'étalement urbain.
Quel avenir pour les voies ferrées situées en milieu urbain et périurbain ? Le 9 mars, la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut) a partagé sa réflexion sur ce sujet à nouveau émergent en pleine préparation de la future loi d'orientation sur les mobilités et de réflexion sur les transports du quotidien. D'autant que l'infrastructure existe souvent. "De grandes agglomérations de province sont situées au carrefour de plusieurs voies ferrées et disposent donc d'une étoile ferroviaire à plusieurs branches, jusqu'à six à Amiens ou sept à Tours. Mais ces étoiles sont souvent sous-utilisées et certaines branches désaffectées", explique Bruno Gazeau, président de la Fnaut. Son positionnement sur cet enjeu n'est pas nouveau : l'association d'usagers milite depuis une dizaine d'années pour intensifier les dessertes sur ces étoiles sous-utilisées à Nantes, Orléans, Tours ou Nancy. "Malgré quelques initiatives de relance et une amorce de RER, sans qu'il en porte le nom, à Metz, Nancy et dans une certaine mesure dans la métropole Côte d'Azur avec son Métrazur, le mouvement reste limité et le retard évident. Il est donc logique de songer à les utiliser plus intensément pour relier d'autres agglomérations aux zones périurbaines et aux petites villes qui les entourent", ajoute Jean Sivardière.
Outre réduire la circulation automobile et décongestionner de grandes voiries urbaines, le vice-président de la Fnaut voit d'autres avantages au développement du transport ferroviaire dans les zones périurbaines : juguler l'étalement urbain diffus en densifiant l'urbanisation autour des gares et "en rendant l'habitat central plus attrayant". Une réussite est citée, le cas de Bastia et de son agglomération de moins de 50.000 habitants, qui a su intensifier sa desserte ferroviaire en périurbain, avec une vingtaine d'allers-retours quotidiens.
Des investissements importants
"Dans de plus grandes agglomérations, il peut être envisagé de créer des TER métropolitains ou RER, analogue dans leur principe aux RER franciliens, même s'ils nécessiteraient des investissements moins lourds", conseille la Fnaut. L'association pointe un obstacle technique : créer des dessertes diamétrales est difficile si la gare centrale n'est pas traversante et en cul-de-sac comme à Marseille ou Lille. Et de lister les métropoles et agglomérations où ces RER pourraient être mis en place : Bordeaux, Grenoble, Lyon, Rouen, Strasbourg, Toulon, Toulouse... "Ce serait aussi possible dans des agglomérations de taille plus modeste", motive l'association. Mais pour fonctionner, poursuit-elle, il faudrait veiller à bien intégrer ces dessertes au réseau existant pour ne pas que leur mise en place se fasse "au détriment de l'offre TER à plus longue distance". Les régénérer nécessiterait de lourds investissements. La Fnaut milite en ce sens pour que le quatrième appel à projets de TCSP urbains, attendu depuis la fin 2014, soit centré sur ces dessertes ferroviaires périurbaines par RER, TER ou tram-train. "Elles ont été écartées des appels à projets précédents sous prétexte qu'elles relevaient des contrats de plan Etat-régions (CPER)."
Un problème de gouvernance ferroviaire
L'enjeu plus globalement soulevé par l'association est le manque de dialogue à ce sujet entre régions et métropoles. Ces dessertes qui entrent dans le périmètre urbain relèvent en effet d'une compétence régionale. "Une gouvernance ferroviaire commune entre les régions et métropoles est donc indispensable. C'est un sujet d'intérêt national. Le message a été entendu au plus haut niveau de l'État mais maintenant il faut agir. D'autant que certaines régions comme la Bretagne ont montré l'exemple, démontrant que cela pouvait marcher. Alors que font les autres ?", interroge en guise de conclusion Bruno Gazeau.