La Dinum réaffirme son soutien à l'open data local
À l'occasion de la présentation de l'édition 2019 de l'observatoire de l'open data, Laure Lucchesi, responsable d'Etatlab, a réaffirmé le plein engagement de l'État dans la dynamique open data. Un soutien d'autant plus attendu que le besoin d'accompagnement des petites collectivités reste toujours aussi important avec à peine 10% des collectivités qui ont ouvert leurs données.
"Etatlab est désormais l'un des départements de la nouvelle direction interministérielle du numérique (Dinum) mais nos missions n'ont pas changé : le développement de l'open data fait pleinement partie de nos missions" a déclaré la directrice d'Etatlab, Laure Lucchesi, mardi 3 décembre. Une mise au point très attendue qui visait à couper court aux rumeurs ayant circulé ces derniers mois sur la réduction de la voilure de l'État en matière d'open data. Il est vrai que ce désengagement aurait constitué un bien mauvais signe à un moment où l'open data est encore loin, très loin du respect des obligations fixées par la loi "République numérique" comme le montre l'édition 2019 de l'observatoire de l'open data. "Le nombre de collectivités ayant ouvert leurs données a augmenté de 10,2% en un an, mais à ce rythme-là, il faudra attendre 2050 pour que l'ensemble des collectivités soumises aux obligations de la loi Lemaire ouvrent leurs données" a pointé le délégué général d'Open Data France, Jean-Marie Bourgogne. Précisément, 460 collectivités de plus de 3.500 habitants ont publié au moins un jeu de donnée sur les 4.510 concernées. Sans surprise, les communes petites et moyennes restent les plus en retard, notamment dans les départements et régions où aucun dispositif d'accompagnement à l'open data n'existe.
Une mutualisation des portails indispensable
Un appui qui passe de plus en plus par la mise à disposition d'un portail mutualisé - comme en Bretagne, en Pays de Loire, en région Sud ou Centre - pour la publication des données. "Cette tendance fait partie des bonnes nouvelles car 136 portails open data c'est beaucoup ! Cela ne facilite pas la recherche de données pour les réutilisateurs, d'autant plus qu'un même jeu de données peut être référencé sous différents noms", souligne Jean-Marie Bourgogne. Autre élément encourageant, la création de points d'accès thématiques nationaux, comme dans le domaine des transports, du tourisme ou de l'urbanisme. Transport.data.gouv.fr peut ainsi s'enorgueillir de 169 autorités organisatrices de mobilité (AOM) présentes sur son portail, soit près de la moitié des 370 AOM. "Notre ambition est d'atteindre la totalité à l'été 2020. Nous proposons un accompagnement aux collectivités pour publier leurs données et un valideur en ligne", a souligné Béatrice Mercier qui fait partie d'une task force n'hésitant pas à aller chercher les AOM un par un. Si le portail couvre d'abord les transports publics, il est aussi la cheville ouvrière du volet data de la loi d'orientation sur les mobilités qui prévoit un élargissement des obligations open data à l'ensemble des services de mobilité (stationnement, trottinettes, autopartage...). Ce point d'accès national (PAN) facilite grandement les réutilisations : 14 services de mobilité exploitent quotidiennement ses jeux de données, dont plusieurs "grossistes" comme Google ou Navitia (groupe SNCF). La gratuité d'accès accordée à Google (comme à tout réutilisateur), accusé de piller les données, a du reste été critiquée. "La licence fonctionne, s'est défendue Béatrice Mercier. Google a par exemple reversé toutes les améliorations apportées aux jeux d'Île-de-France Mobilité, ce qui représente un travail très conséquent."
Open data et programme Cœur de ville
Ces quelques bonnes nouvelles ne doivent cependant pas cacher la forêt des collectivités totalement à l'écart de l'open data. En complément de son programme d'accompagnement "open data locale", de l'outillage des collectivités (standards, valideurs, extracteurs de données...) et de la promotion des réutilisations de données publiques, Open Data France cherche à cibler plus particulièrement les villes moyennes. Pour cela, l'association s'est rapprochée de la Banque des Territoires – qui soutient déjà l'observatoire de l'open data – et du programme Action cœur de ville. "Nous pensons qu'il y a des synergies entre le programme Action cœur de ville et l'open data sur des sujets tels que les observatoires locaux du commerce ou du stationnement, la mobilité ou encore l'attractivité", a expliqué Marie Aboulker, chargée de mission smart city et Action cœur de ville à la Banque des Territoires. Elle a du reste profité de l'occasion pour présenter l'appel à manifestation d'intérêt consacré à l'open data (voir notre article). L'objectif est de travailler avec quelques collectivités du programme "Cœur de ville" pour identifier tous les gisements de données utiles à la résolution des problématiques des villes moyennes et de définir leurs modalités d'ouverture ou de partage. Un travail qui aura ensuite vocation à profiter aux 222 villes du programme.
Les missions data d'Etatlab
Les problématiques data sont abordées par Etatlab sous trois angles complémentaires, a expliqué Laure Lucchesi. D'une part, exploiter pleinement le potentiel des données ouvertes et consolider l'offre en complétant, entre autres, le service public de la donnée et ses neuf bases critiques. D'autre part, favoriser les échanges de données entre les personnes ayant un droit à les connaître. Un axe qui passe notamment par la mise en place d'API – de connecteurs – pour faciliter les échanges de données avec des tiers, y compris avec des délégataires de service public. Enfin, Etalab va animer un "IA Lab", dédié à l'intelligence artificielle, pour expérimenter des applications "big data" appliquées à la sphère administrative.