Le portrait commercial des villes facilité par l'open data
Que ce soit pour dresser le profil commercial d'un centre-ville ou mesurer la vacance, la data est incontournable. La publication en open data de la base Sirene a ouvert la voie à des analyses intéressantes. Mais les croisements avec des données locales restent indispensables.
2017 aura été marqué par l'ouverture en libre accès de la base Sirene de l'Insee, le répertoire national des entreprises, qui figure désormais dans le top des sources open data parmi les plus utilisées. Pour les services chargés du développement économique ou du commerce, il y a là un gisement très riche, comme l'on souligné les intervenants à une table ronde autour de "Géodata et commerce", organisée à Arras le 3 juillet 2019 dans le cadre des Geodata Days de l'Afigéo. Une base extrêmement riche mais qui doit être utilisée avec précaution.
"La base Sirene a pour finalité de cataloguer les entreprises. Mais une même personne peut gérer plusieurs activités (certaines pouvant être en sommeil) et leur localisation est fort imprécise", indique Martin Bocquet du Cerema. C'est notamment le siège social qui figure dans la base et non le lieu réel d'activité. Elle répertorie par ailleurs l'ensemble des entreprises, avec des catégories - code NAF déclaré par ses fondateurs - pas toujours très précises ou éloignées de l'activité réelle de l'entreprise, notamment pour ce qui concerne les commerces. "Si l'objectif est de mesurer l'attractivité du centre-ville, il convient aussi d'enlever toutes les activités qui génèrent peu de flux comme les mutuelles ou les banques", souligne Laurent Kruch du cabinet Territoire marketing.
Les bases foncières pour mesurer la vacance commerciale
Au-delà du portrait économique d'un territoire, les bases de l'État permettent également d'analyser finement les phénomènes de vacance commerciale, sujet de préoccupation majeur des élus locaux. Les bases foncières de la DGFIP - bases auxquelles les collectivités peuvent avoir accès - contiennent ainsi les informations utilisées pour le calcul de l'impôt comme la surface, l'implantation, le nom du propriétaire et, surtout, le statut d'occupation. "Nous avons exploité la nouvelle version de la base Majic de la DGFIP qui a été refondue en 2017 et pensons que sur certains sujets comme le dénombrement des commerces ou la vacance, elle offre des résultats très pertinents", estime Martin Bocquet.
Et croisée à la base Sirene (voir l'étude du Cerema), la base Majic fournit une localisation précise des activités avec leur emprise. Un rapprochement qui permet de dessiner des continuités et de définir des périmètres objectifs pour le centre-ville. Avec parfois des surprises comme un taux de vacance communal important cachant en réalité un déplacement du centre commerçant vers des polarités qui n'avaient pas été nécessairement anticipées par les élus.
Des données d'activité jalousement gardées
Pour une vision plus fine de l'activité du centre-ville et plus actualisée, les grandes bases nationales doivent être complétées par des sources locales. Si celles-ci ne manquent pas, leur dispersion est problématique, personne n'ayant de données exhaustives. Elles sont par ailleurs rarement en open data, chambres consulaires, agences d'urbanisme comme fédérations de commerçants ayant tendance à garder jalousement leurs données ou à les monnayer.
Passer par ces acteurs réalisant des études de terrain se révèle cependant indispensable pour connaitre la nature exacte des commerces, le chiffre d'affaire ou la fréquentation commerciale. Sur ce dernier point, élément déterminant pour une implantation, les données fiables restent rares, même si l'open data – nombre de voyageurs par gare ou arrêt, comptages routiers, fréquentation touristique… – améliore la situation.
Même pour une fédération de commerçants comme Procos (240 enseignes), récupérer des informations de flux est loin d'être évident. "Nous avons beaucoup de mal à obtenir des informations précises de la part d'adhérents souvent concurrents entre eux et ne pouvons rendre publics que des indicateurs globaux", explique Sylvain Beaulieu de Procos. Du reste, pour obtenir des données fiables, la fédération recourt – comme le font de plus en plus de collectivités - à un spécialiste du comptage utilisant ses propres capteurs pour compter piétons et véhicules.
Si les possibilités offertes par les géodatas pour analyser le commerce sont immenses, les capacités des petits territoires à pleinement exploiter et croiser tous ces gisements sont souvent limitées. L'une des grandes tendances de ce salon Géodata était du reste aux outils de datavisualisation simplifiés. Des plateformes comme celles d'Esri, Isogéo, Sogefi ou Magellium, croisant open data et données SIG, permettent de visualiser simplement les données sans exiger de connaissances pointues en géomatique.