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Sport - La commission des normes sportives avance et s'interroge

Décidément, la Commission d'examen des règlements fédéraux relatifs aux équipements sportifs (Cerfres) n'est pas une institution comme les autres. Non contente d'avoir échappé à une absorption au sein de la Commission consultative d'évaluation des normes (CCEN) en début d'année (lire notre article du 27 avril 2011 ci-contre), elle continue de creuser son sillon en faveur d'une concertation toujours plus approfondie. Et certains de ses membres verraient d'un bon œil un élargissement de son champ de compétence aux règlements des ligues professionnelles.

Le hockey sur glace et le futsal tâtent le terrain

Le sillon de l'information préalable, la Cerfres a continué de le creuser lors de sa réunion du 13 octobre. Cette procédure qui n'était pas prévue à l'origine de la commission, réunie pour la première fois début 2010, entre dans les mœurs. Cette fois, ce sont le hockey sur glace et le futsal qui s'y sont collés. Désormais séparée des autres sports de glace, la Fédération française de hockey sur glace (FFHG) souhaite édicter son propre règlement. Pour Cyril Savidan, chargé du développement territorial et des équipements à la FFHG, "l'objectif est d'officialiser un règlement objectif et d'avoir une procédure de classement qui soit applicable et appliquée". Sur l'existant, les changements demandés portent sur les protections vitrées tout autour de la glace et sur la puissance de l'éclairage. "Toutefois, précise Cyril Savidan, étant donné le nombre réduit de patinoires en France [environ 120, ndlr], la notice d'impact procédera au cas par cas pour établir, pour chaque équipement concerné, le coût prévisible." Cette notice ainsi que l'ensemble du projet seront présentés à la prochaine réunion de la Cerfres, le 6 décembre. La FFHG prépare par ailleurs un schéma directeur des patinoires.
Pour le futsal, la Fédération française de football (FFF) met en place cette saison un règlement expérimental, le premier touchant les installations. "A l'issue de la saison, un règlement définitif sera proposé. La notice d'impact sera élaborée à ce moment-là, précise Jean-Michel Berly, chargé des équipements à la FFF. Un classement des installations, également expérimental, sera établi." Par rapport à l'existant, où le plus souvent le futsal s'accommode des installations déjà en place pour le handball, les seules demandes de la FFF concernent le tracé de quarts de cercle à chaque coin du terrain ainsi que d'un cercle au centre.

Les règlements des ligues professionnelles sur la sellette

A l'exemple du hockey sur glace et du futsal, les fédérations jouent donc le jeu de l'information préalable, préconisée par le rapport Doligé (lire ci-contre notre article du 11 juillet 2011). Elles semblent également plus pragmatiques et prêtes à tenir compte de l'existant. Même si elles émettent des souhaits pour les constructions à venir, elles paraissent avoir intégré le fait que les collectivités ne pouvaient se permettre d'importants travaux de mise en conformité. On peut aussi voir dans cette attitude les fruits du travail régulier de la Cerfres depuis maintenant près de deux ans.
Il est pourtant un domaine où la commission et ses membres se sentent encore impuissants : celui du sport professionnel. Alors que les règlements des fédérations touchant aux installations leur sont soumis, cela n'est pas le cas de ceux des ligues professionnelles. Cette saison, la ligue de handball a ainsi demandé aux clubs de première division masculine d'installer un sol ne comportant aucun tracé autre que celui du handball et offrant deux couleurs : une pour le champ de jeu, une pour ses abords immédiats. Une demande dictée par des impératifs de retransmissions télé qui n'est pas du goût des représentants des élus ou des cadres territoriaux chargés des équipements. Yannick Faveur, qui siège à la Cerfres au nom de l'Association nationale des directeurs et intervenants d'installations et des services des sports (Andiiss), déplore cette mesure tant sur la forme que sur le fond : "On reproche la forme, car on l'a appris par la presse en mai pour une application en septembre. Juridiquement, la ligue professionnelle de handball est dans son droit car cette demande ne conditionne pas la participation des clubs, mais ceux qui ne se soumettent pas à cette demande risquent de voir baisser leur part dans la redistribution des droits télé." Yannick Faveur anticipe déjà les conséquences d'une telle mesure : "Les clubs vont se tourner vers les collectivités pour prendre en charge tout ou partie du coût. Il y a déjà eu des demandes." Pour le représentant de l'Andiiss, cet épisode suscite une interrogation : "Faut-il que ce genre de demandes des ligues pros passent dorénavant devant la Cerfres pour avis ?" Quant à l'Association nationale des élus en charge du sport (Andes), qui a soulevé le problème devant la commission, elle dénonce un "système pervers" dont le coût financier va in fine peser sur les collectivités et propose que les exigences des ligues professionnelles soient désormais soumises à la Cerfres. Les contours de l'intervention de celle-ci n'ont pas fini d'évoluer.