Environnement - La commission d'enquête sénatoriale sur le coût de la pollution de l'air lance ses travaux
Créée le 11 février, la commission d'enquête du Sénat sur le coût économique et financier de la pollution de l'air va entamer ses travaux le 19 mars, ont indiqué au cours d'une conférence de presse le 17 mars son président, Jean-François Husson, sénateur UMP de Meurthe-et-Moselle, et sa rapporteure, Leila Aïchi, sénatrice écologiste de Paris. Composée de 17 membres, dont six vice-présidents, représentant l'ensemble des groupes politiques, elle va consacrer sa première séance à l'audition des organismes Atmo de mesure de la qualité de l'air, des dirigeants de l'Agence nationale de sécurité sanitaire, de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), puis des responsables de la division environnement de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et d'experts de l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris). ONG, scientifiques, économistes, maires de grandes villes et représentants de collectivités territoriales, d'organismes de Sécurité sociale, mais aussi de grands groupes industriels (chimie, automobile, aviation, industrie pétrolière, chimique etc.) seront ainsi entendus tous les jeudis jusque fin juin par la commission, qui compte aussi effectuer "trois ou quatre déplacements" en région, sur des sites non encore déterminés. Afin de susciter un débat le plus large possible, le public pourra aussi poser des questions dans le cadre des auditions, via une plateforme sur le site du Sénat et via les réseaux sociaux (une page Facebook "Pollution en questions" et un compte Twitter "@compollution" ont été créés). "L'idée est que, dans la dynamique de la démocratie participative, nos concitoyens s'emparent des sujets qui les concernent. On veut une communication dynamique et interactive, et aussi à l'endroit des jeunes", a souligné Leila Aïchi.
Il s'agit de "faire la démonstration que non seulement la pollution de l'air est un enjeu sanitaire - 42.000 à 50.000 morts prématurées chaque année en France - mais aussi une aberration économique et financière", a-t-elle expliqué. Elle estime que la facture devrait se chiffrer en dizaines de milliards d'euros annuels, évoquant une étude ayant dans le passé évalué le seul impact sanitaire entre 14 milliards et 17 milliards. "L'idée est d'être le plus exhaustif possible, d'aborder la question de la pollution de l'air intérieur et extérieur en ayant le spectre d'auditions le plus large", a-t-elle indiqué. "Ce que nous voulons est un constat le plus objectif possible sur le sujet, et aussi réfléchir aux solutions : il ne faut pas simplement dénoncer, mais montrer qu'il y a des opportunités", a-t-elle encore dit, citant en exemple le retard pris sur l'essor des véhicules électriques. L'objectif est ainsi de démonter les arguments de ceux qui s'opposent aux mesures de lutte contre la pollution "sous prétexte de préserver des emplois ou au motif que les combats pour la protection de la santé et de l'environnement seraient néfastes à notre économie", a précisé la sénatrice.
Jean-François Husson (UMP), a pour sa part confié avoir bon espoir que la commission parvienne à "un constat de fond partagé", au-delà des divergences politiques, "dans l'esprit des Grenelle". "Le plus important pour nous est de disposer d'un diagnostic quantifié, a-t-il poursuivi. Une fois qu'on a dressé le constat, on voit comment faire évoluer les choses, à quelle vitesse, par secteur d'activité".
La commission, dont la durée ne peut excéder six mois, souhaite remettre son rapport vers la mi-juillet.