La commande publique d'équipements sportifs en progression
Un bilan de la commande publique des équipements sportifs et de loisirs réalisé par l'Union sport et cycle démontre la bonne santé du secteur. Si les communes restent les premiers investisseurs, l'État a donné un important coup de pouce à travers le plan 5.000 Équipements.
Le marché des aménagements ludiques et sportifs s'est bien comporté en 2023, selon un bilan publié par l'Union sport et cycle (USC), première organisation professionnelle de la filière du sport et des loisirs. L'an dernier, 9.651 marchés publics d'équipements ont été lancés dans ce secteur, soit une augmentation de 5% sur un an. Il s'agit de la troisième hausse consécutive depuis 2020 qui avait vu le nombre de marchés publics s'écrouler à 7.205 après une année 2019 record (11.908 marchés).
L'évolution du marché des aménagements ludiques et sportifs en valeur suit une courbe similaire. Avec 2,019 milliards d'euros, la commande publique de 2023 croît de 6% sur un an et enregistre une troisième hausse consécutive depuis 2020, année plancher (1,6 milliard). La voilà revenu à son niveau de 2017, mais loin derrière la performance de 2013 (2,61 milliards).
Les communes en force, les acteurs sociaux en hausse
Compétence partagée par l'ensemble des collectivités, l'équipement sportif et de loisir reste largement à l'initiative des communes. Ces dernières portent 54% des appels d'offres, devant les intercommunalités (19%), les conseils départementaux et régionaux (8% à eux deux). L'État est quant à lui à l'origine de 3% des marchés. On note que la catégorie des "autres commanditaires", qui regroupe établissements de santé, bailleurs sociaux et autres opérateurs publics et privés, cumule désormais 9% des appels d'offres et a enregistré une hausse de près de 200% en valeur depuis 2017. L'État a également augmenté la valeur de ses commandes de manière significative sur la même période (+92%). À l'inverse, les conseils départementaux et régionaux ont vu la valeur de leurs commandes chuter (-42% depuis 2017).
Qu'il s'agisse du volume ou de la valeur des commandes publiques, plusieurs raisons peuvent être avancées pour expliquer ces évolutions. Si la crise sanitaire a, en 2020, largement ralenti l'économie, cette année avait aussi été marquée par la tenue des élections municipales qui, traditionnellement, marquent une mise entre parenthèses des commandes avant une reprise régulière. La période actuelle reproduit à cet égard la même évolution pour les communes que lors de la précédente mandature (2014-2020), tandis que les autres commanditaires suivent des courbes différentes.
Les effets du plan 5.000 Équipements
L'autre grande explication tient dans une double conjoncture nationale. L'USC pointe ainsi l'effet du plan 5.000 Équipements sportifs de proximité et la dynamique des collectivités à l'approche des Jeux olympiques. Porté par l'Agence nationale du sport (ANS), le plan 5.000 Équipements a permis, depuis son lancement en 2021, d'injecter chaque année environ 100 millions d'euros sur le marché de la commande publique.
Au-delà de ce montant et de l'effet levier qu'il produit dans l'investissement des collectivités, l'empreinte du plan 5.000 Équipements est encore visible à travers l'évolution des types d'installations. Alors que le cahier des charges du plan impose que ces petits équipements puissent assurer "une mixité d'usage entre pratique libre et pratique encadrée", le bilan de l'USC nous apprend justement que le nombre de marchés concernant les équipements en accès libre a augmenté de 14% depuis 2017, tandis que celui des équipements à accès contrôlé baissait de 12%. Éligibles au plan 5.000 Équipements, les terrains de padel, les pistes de pumtrack (vélo BMX) et les terrains de proximité enregistrent respectivement des hausses en valeur de +49%, +31% et +22% sur un an.
Bien qu'en recul, les grands équipements traditionnels demeurent toutefois les plus importants en nombre de marchés ou en valeur. En 2023, les complexes sportifs (gymnases, salles de sport…) étaient en tête du nombre de marchés (2.287) devant les stades (1.536), et totalisaient 775 millions d'euros de commandes, devant les stades (285 millions) et les piscines (284 millions).
La rénovation en question
Mais le bilan de l'USC met aussi en exergue une difficulté majeure dans la gestion des équipements sportifs : leur rénovation. Comme le rappellent souvent les élus locaux (lire par exemple notre article du 9 juin 2023), les grands équipements (gymnases, piscines, stades…) sont vieillissants, en mauvais état, et nécessitent un investissement massif pour aller vers la sobriété énergétique. Or la valeur des marchés de rénovation des équipements sportifs est en baisse constante depuis 2017, et encore de -3% sur un an.
En décidant d'ouvrir, à partir de 2024, le plan 5.000 Équipements aux équipements structurants dans tous les territoires, l'ANS a pris la mesure du problème. Pour les trois années à venir, 133,5 millions seront destinés au financement de cinq cents équipements structurants, avec une priorité donnée aux rénovations. Le prochain bilan de l'USC pourrait être l'occasion de traduire les effets de cette décision…