Jeunes : une insertion professionnelle de plus en plus difficile
Les jeunes ont de plus en plus de mal à s'insérer sur le marché du travail, d'après l'édition 2018 "Formation et emploi" de l'Insee, publiée le 10 avril. Le phénomène s'explique par la conjoncture, mais pourrait aussi être le signe d'une transformation plus durable des modalités d'emploi des jeunes.
L'insertion professionnelle des jeunes est de plus en plus difficile. C'est ce qui ressort de l'édition 2018 de "Formation et emploi" de l'Insee, publiée le 10 avril. En 2016, le taux de chômage des jeunes ayant terminé leurs études initiales depuis un à quatre ans s'élève ainsi à 19,8%. Il atteint 8% seulement pour ceux ayant plus de dix ans d'ancienneté. Les jeunes sortants sont aussi plus nombreux à appartenir au "halo autour du chômage" explique l'Insee : 6,4% des jeunes ayant terminé leurs études depuis un à quatre ans sont inactifs mais souhaitent travailler, contre 3,7% des personnes de moins de 60 ans ayant achevé leurs études depuis onze ans ou plus. Les emplois qu'ils obtiennent sont aussi moins favorables : il s'agit de "sous-emploi" pour 10,4% des jeunes sortis depuis un à quatre ans de formation initiale (temps partiel pour des personnes souhaitant travailler un plus grand nombre d'heures), contre 5,9% pour les jeunes au-delà de dix ans d'ancienneté sur le marché du travail. Les contrats à durée déterminée, l'apprentissage ou l'intérim, soit des emplois à durée limitée, sont plus fréquents aussi pour cette population : 35,5% contre 7,6%. Et les salaires moins élevés : 1.390 euros contre 1.730 euros. Et ces différences se constatent à niveau de qualification quasiment égal.
L'étude révèle par ailleurs que la part des bacheliers dans une génération a progressé depuis 2010. Elle atteint 79% toutes filières confondues en 2017, soit 14 points de plus entre 2010 et 2017. Le nombre de diplômes délivrés dans le supérieur s'est également accru : le nombre de diplômés de niveau bac+5 a ainsi augmenté de 40%. Plus d'un tiers des apprentis préparent un diplôme du supérieur.
Des différences selon les régions
La situation de ces jeunes est différente en fonction des régions : le taux de chômage des jeunes de 15 à 29 ans est ainsi plus important dans les départements et régions d'outre-mer de Guadeloupe, Guyane, Martinique et de La Réunion (autour de 50%) qu'en métropole. Il est moins élevé en Ile-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes, Pays de la Loire et en Bretagne (autour de 22%). "Dans les régions Provence-Alpes-Côte d'Azur, Occitanie et Hauts-de-France, le chômage n'est pas spécifique aux jeunes. Il reflète une situation globalement plus défavorable du marché du travail", précise l'Insee. La qualification des emplois occupés varie aussi selon les régions, avec l'Ile-de-France, qui se distingue des autres avec des jeunes qui occupent bien plus souvent qu'ailleurs une profession intermédiaire ou un poste de cadre (53%).
D'après l'Insee, la conjoncture, et notamment la crise économique de 2008, a accentué cette insertion professionnelle difficile des jeunes mais la dégradation de l'insertion intervenue au cours des années 2000 provient aussi de facteurs structurels. "Ainsi, entre les générations 1998 et 2010, la part de jeunes qui restent durablement en emploi via des contrats à durée limitée rémunérés au‐dessus de 110% du Smic ne se réduit pas, contrairement à la part de jeunes qui accèdent rapidement à des emplois à durée indéterminée, en recul de 40% à 32%", souligne toutefois l'étude, signe pour l'Insee d'une transformation des modalités d'emploi des jeunes, en sus du durcissement des conditions d'accès à l'emploi lié à la conjoncture.
Mais malgré cette dégradation, les jeunes restent optimistes. Ils se disent ainsi à la fois plus satisfaits de leurs parcours depuis la formation initiale et de leur situation vis-à-vis de l'emploi, et bien moins inquiets concernant leur avenir professionnel.