Investissement local : le mandat devrait s'achever sur un bilan mitigé
En euros constants, les dépenses locales en matière d'investissement engagées sur la période du mandat actuel devraient dépasser assez nettement celles qui avaient été réalisées durant le précédent mandat, prévoit l'Observatoire des finances et de la gestion publique locales (OFGL) dans une récente étude. Mais ces dépenses seraient un peu inférieures à celles de mandats plus anciens.
Quel pourrait être le bilan de l'investissement public local au terme de six années d'un mandat municipal marqué en ses débuts par la crise du Covid-19 et, aujourd'hui, les difficultés budgétaires ? L'OFGL, organisme rattaché au Comité des finances locales, tente d'apporter des réponses dans une étude, en se fondant sur des estimations pour cette année et pour 2025. Les résultats sont très instructifs, à l'heure où les collectivités locales subissent une double pression, à la fois pour investir davantage, notamment dans la transition écologique, mais aussi pour participer à la réduction du déficit et de la dette publics.
Un premier et rapide bilan fait apparaître "un niveau record" d'investissement sur le mandat actuel. Mais ce dernier s'explique par l'accélération de l'inflation ces dernières années, décrypte l'OFGL. Qui prend donc le soin de mener aussi une analyse en prenant en compte la hausse des prix. Et comme la croissance de la population n'a pas été négligeable sur longue période (9 millions d'habitants supplémentaires en 30 ans), les experts de l'observatoire en tiennent compte aussi.
Évolutions variables selon les territoires
Une fois ces données neutralisées, ils concluent que "le mandat actuel (2020-2025) se terminera sur un cumul d’investissement très nettement supérieur à celui du cycle précédent (2014-2019)", qui avait été marqué par des baisses successives de la dotation globale de fonctionnement (DGF). Les dépenses d'investissement des budgets principaux et annexes des collectivités (syndicats compris) réalisées au cours du mandat actuel afficheraient en effet une hausse de 24 à 28 milliards d'euros par rapport à celles du mandat précédent, "à prix et population comparables". Ce qui représente de 4 à 5 milliards d'euros en plus chaque année sur la période. En 2023 par exemple, l'investissement public des collectivités et des syndicats (budgets principaux et annexes) a atteint près de 61 milliards d'euros (en euros courants).
Ces résultats se fondent sur un scénario d'augmentation de l'investissement public local de 7,7% en 2024 et deux hypothèses pour 2025 : une progression de 8% en valeur, d'une part, et une stabilité en prenant en compte l'inflation, d'autre part.
Les collectivités "sont au rendez-vous de l’investissement", souligne l'OFGL. Mais ce constat "ne sera pas vérifié partout", nuance-t-il aussitôt. Il ne l'était d'ailleurs déjà pas à la fin de l'année 2023. Pour le montrer, l'observatoire a agrégé les résultats des communes et de leurs groupements (ce que les experts appellent "les ensembles intercommunaux") pour les quatre premières années du mandat actuel (2020-2023) ainsi que pour celles du précédent mandat (2014-2017).
Prévision optimiste pour 2025 ?
Il en ressort que dans 54% des ensembles intercommunaux, les dépenses d'équipement sont supérieures sur les quatre premières années de ce mandat. Et, donc, que ce n'est en revanche pas le cas dans 46% des territoires.
La comparaison (à prix et population comparables) des résultats de l'investissement sous le mandat actuel avec ceux de mandats plus anciens amène également à ne pas tirer de conclusions triomphalistes. En effet, sur les budgets principaux, les dépenses d’équipement de l'actuel mandat devraient être inférieures de 6% par rapport à celles qui ont été engagées entre 2001 et 2006, et même de 7% par rapport aux investissements réalisés sur la période 2008-2013. Et cela sur la base de la prévision la plus optimiste en matière d'investissement local en 2025.
Une prévision qui pourrait ne pas se réaliser. Car les efforts demandés aux collectivités par le gouvernement – qui, pour l'heure, doivent se traduire par au moins 6,5 milliards d'euros de moindres recettes et plus de 1,5 milliard d'euros de nouvelles dépenses – pourraient avoir de lourdes conséquences. La chute quasi inéluctable de l'autofinancement risque de faire plonger brutalement l'investissement local, à l'instar de ce qui a pu être observé au début de la période de baisse de la DGF, sous le quinquennat de François Hollande.