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Intempéries dans les Alpes-Maritimes : 55 communes en état de catastrophe naturelle

Avant la visite du président de la République auprès des sinistrés de la tempête Alex dans les Alpes-Maritimes, Gérald Darmanin a annoncé en conseil des ministres ce 7 octobre la reconnaissance de 55 communes en état de catastrophe naturelle. Ce même jour, le président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur a évalué à un milliard d'euros les travaux de reconstruction des infrastructures essentielles dans les trois vallées ravagées par les intempéries du 2 octobre.

Dans une communication en conseil des ministres ce 7 octobre, avant le départ du président de la République dans les vallées de l'arrière-pays niçois dévastées par la tempête Alex, Gérald Darmanin a annoncé la reconnaissance de 55 communes en état de catastrophe naturelle pour les phénomènes inondation, vague et submersion marine et la parution de l'arrêté de reconnaissance ce 8 octobre au Journal officiel. Le ministre de l'Intérieur a aussi indiqué qu'un travail d'évaluation des dégâts subis par les collectivités a été lancé "afin d'évaluer l'aide que devra leur apporter l'État via la dotation de solidarité en faveur de l'équipement des collectivités territoriales", selon le communiqué du conseil des ministres. Celui-ci ajoute sans plus de précisions que "d'autres mécanismes seront mobilisés au profit des collectivités, des entreprises et des particuliers." "Compte-tenu de l'ampleur des dégâts, un sous-préfet chargé spécifiquement de l'appui interministériel aux zones sinistrées sera nommé très prochainement", a en outre annoncé le ministre.

Mobilisation des moyens de secours

Gérald Darmanin a rappelé le lourd bilan humain de ces intempéries (quatre victimes à ce stade, huit personnes portées disparues et treize supposées disparues) et la mobilisation des moyens de secours. 800 sauvetages et mises à l'abri ont été effectués, 1.490 personnes ont été évacuées par hélicoptère, 700 accueillies dans des centres d'hébergement d'urgence. Le service départemental d'incendie et de secours (Sdis) des Alpes-Maritimes a mobilisé 551 sapeurs-pompiers, la gendarmerie nationale 324 militaires. 184 sapeurs-pompiers ont été engagés en renforts zonaux et 220 depuis le niveau national (formations militaires de la sécurité civile). 15 hélicoptères ont aussi été déployés et 109 militaires de l'armée de terre sont engagés au titre du génie. Le pont aérien en place depuis l'aéroport de Nice permet de réaliser aux moyens d'hélicoptères les rotations nécessaires à l'évacuation des sinistrés et aux transports de matériels entre le littoral et l'arrière-pays, a encore rappelé le ministre de l'Intérieur.
Dans les trois vallées - la Roya, la Vésubie et la Tinée – ravagées par les crues du 2 octobre, les maisons ont été englouties ou éventrées par dizaines et des infrastructures essentielles – eau potable, distribution de l'électricité, routes – sont dévastées. Le président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Renaud Muselier, a annoncé ce 7 octobre, en se fondant sur des estimations du préfet, que les travaux de reconstruction de ces infrastructures sont estimés à un milliard d'euros.

Problèmes d'alimentation en eau

L'eau constitue l'urgence absolue. Dans les vallées de la Vésubie et de la Tinée, 60% des habitants ont des problèmes d'alimentation en eau. "La remise en état des installations demandera plusieurs semaines, voire plusieurs mois", prévient la métropole Nice Côte d'Azur dont elles dépendent. Coût estimé des travaux : 40 millions d'euros. Outre six usines et trois réservoirs à reconstruire, plus de 25 kilomètres de réseaux d'eau potable ont été détruits dans ces deux vallées. Des palettes de bouteilles d'eau et des citernes pallient l'urgence. Même situation pour les eaux usées, avec au moins quatre stations d'épuration à reconstruire et 10 kilomètres de réseau dans la Vésubie et la Tinée.
La vallée de la Roya voisine n'a pas été épargnée non plus : à Saorge par exemple, l'arrivée d'eau principale passe par un vallon "défoncé en plusieurs endroits", selon un employé municipal qui a travaillé à remplir le bassin général du village avec l'eau d'une autre source. Cette eau n'ayant pas été analysée, le village dépend lui aussi de la livraison de bouteilles pour boire.

Dégâts routiers colossaux

Le coût est aussi colossal pour les routes qui ont subi des dégâts impressionnants. La route dans la Roya, qui part de la côte italienne, à Vintimille, n'est plus qu'une série de pointillés à flanc de montagne : "Une dizaine de ponts se sont écroulés, il y a 35 kilomètres de routes à reconstruire, c'est un truc de fou", a indiqué à l'AFP le président LR du conseil départemental, Charles-Ange Ginésy. Dans la Vésubie, 25 à 30 kilomètres de routes et trois ponts sont aussi à rebâtir, et d'autres travaux doivent être menés dans la Tinée ou la plaine du Var, détaille la métropole Nice Côte d'Azur. Il s'agit probablement du chantier le plus cher avec un coût estimé à près d'un milliard d'euros - 500 millions pour le département et 435 millions pour la métropole.
Côté transport ferroviaire en revanche, les infrastructures ont mieux tenu. Entre Nice et Breil-sur-Roya, la circulation a repris normalement depuis lundi, selon la SNCF. Depuis mercredi, un train de marchandises doit partir chaque jour de Nice jusqu'à Breil-sur-Roya et transporter 10 à 12 tonnes de denrées. La ligne est en revanche coupée par des éboulements et des coulées de boue sur 27 km entre Breil et Tende. Sur cet axe, une portion a été rétablie jusqu'à la première gare de Fontan-Saorge pour une circulation "technique".

Réseau de distribution d'électricité emporté

Le réseau de distribution d'électricité a quant à lui été "en grande partie emporté avec les routes et les ponts", a précisé à l'AFP Marianne Laigneau, présidente du directoire d'Enedis, gestionnaire du réseau. Plus de 100 groupes électrogènes ont été acheminés afin que chaque village ait au moins un point d'alimentation. Dans un second temps, il faudra tirer des câbles pour assurer une alimentation provisoire, avant de tout remailler, un chantier de plusieurs mois, selon Enedis. Mercredi matin, quelque 3.000 foyers restaient privés d'électricité, contre 15.000 au plus fort de la crise. Côté production, les deux centrales hydroélectriques les plus impactées sont à Roquebillière et Breil-sur-Roya, selon EDF. Les 12 autres centrales et 11 barrages des trois vallées sont à l'arrêt.

Rétablissement progressif des communications

Après un week-end sans communications, le réseau se rétablit progressivement depuis dimanche. Les opérateurs visent un retour à la normale pour le plus grand nombre d'ici la fin de semaine. Même si les antennes-relais, situées en hauteur, ont été moins touchées par les crues, la majorité des 43 qu'utilisent SFR et Bouygues restent hors service. Chez Orange, le réseau de fibre optique a été sérieusement endommagé.
Mardi soir, l'opérateur estimait que les réseaux fixes, internet et mobiles fonctionnaient "à plus de 80%" dans la vallée de la Tinée. Dans la Roya, toujours selon Orange, le téléphone mobile fonctionnait de nouveau dans quatre communes, et internet était de retour "partiellement" à Breil-sur-Roya. Dans la vallée de la Vésubie, "les travaux sont encore plus complexes" selon l'opérateur, même si le réseau mobile fonctionnait sur une partie du village de Saint-Martin-Vésubie.

 

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