Europe - Intégration des Roms : Bruxelles demande aux Etats de "passer à la vitesse supérieure"

Les Etats membres doivent passer "à la vitesse supérieure" et intensifier "leurs efforts en prévoyant des mesures plus concrètes" en matière d'intégration des Roms, a déclaré Viviane Reding, la commissaire européenne chargée de la justice, mercredi 23 mai, à l'occasion de la publication d'un rapport sur les stratégies nationales d'intégration des Roms.
Les Etats se sont engagés à élaborer ces stratégies en juin 2011, dans le cadre d'un canevas fixé par l'Europe, afin de faciliter l'accès des Roms à l'éducation, à l'emploi, aux soins et au logement. Dans son évaluation, la Commission se félicite que les Vingt-Sept aient rempli leur engagement et qu'ils aient tous mis en place des points de contact nationaux pour assurer le suivi des stratégies nationales. Mais elle réclame de leur part "des objectifs plus explicites, des financements précis ainsi qu'un suivi et une évaluation appropriés". "Nous avons besoin de résultats tangibles au niveau national, propres à améliorer la vie des 10 à 12 millions de Roms qui vivent en Europe", a souligné la commissaire, alors que 12 pays seulement ont affiché des financements précis de leurs actions.
Pour convaincre les Etats, la Commission n'hésite pas à brandir l'argument économique. "La pleine intégration des Roms pourrait générer une plus-value d'un demi-milliard d'euros par an pour les économies de certains pays, et cela grâce à des gains de productivité, une réduction des allocations sociales et une augmentation des recettes fiscales", indique-t-elle, dans un communiqué, sur la base des données de la Banque mondiale.
La Commission demande aux Etats de pérenniser leurs financements jusqu'à 2020. Elle rappelle qu'au-delà des fonds structurels (Feder et FSE), le Feader (Fonds européen agricole pour le développement rural) peut lui aussi être mobilisé pour financer certaines actions. Ce sera l'un des enjeux des négociations sur la programmation 2014-2020. Le rapport invite par ailleurs les Etats à associer davantage les collectivités à la révision et à la mise en œuvre de leur stratégie.
Une enquête réalisée par l'Agence de l'UE pour les droits fondamentaux auprès de 22.203 Roms vivant dans onze pays membres montre une situation de grande précarité : moins de 30% d'entre eux ont un emploi salarié, 20% ne bénéficient d'aucune couverture de santé et 90% vivent sous le seuil de pauvreté.