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Insertion professionnelle : l’apprentissage plus performant que la voie scolaire

À diplôme de CAP/BEP identique, les apprentis s’insèrent un peu mieux dans l’emploi que les lycéens professionnels, confirme une étude de la Dares. Elle constate aussi que l’apprentissage est bénéfique pour les finances publiques, car il génère davantage de cotisations sociales permettant de couvrir les périodes sans emploi.

Quel est l’effet de l’apprentissage sur l’insertion par rapport à la voie scolaire ? Dans une étude publiée en septembre, la Dares investigue à nouveau cette question, en s’intéressant à l’effet de cette modalité de formation sur les sortants de CAP-BEP par comparaison à la voie "scolaire" menant au même diplôme. C’est en effet à ce niveau que les bénéfices de l’apprentissage sont supposés les plus forts, alors même que l’insertion reste compliquée. Sept mois après leur sortie de formation, seuls 31,1% des élèves sortants de classes de CAP avaient un travail en 2019, selon une récente étude de l’Éducation nationale.

L’étude confirme toutefois une meilleure insertion des apprentis par rapport aux lycéens professionnels, même si le chômage concerne bien les deux voies à ce niveau de diplôme. Selon les calculs de la Dares, trois ans après leur sortie de formation initiale, les apprentis de la génération 2010 ont passé 25 mois en emploi, contre 20 mois pour les sortants de lycée professionnel. Les apprentis passent en moyenne 8 mois au chômage, contre 10 mois pour les sortants de lycée professionnel. Cinq ans après la sortie de formation, "cette situation favorable sur le marché de l’emploi se renforce".

Le rôle clé des entreprises

Cette différence ne relève pas nécessairement d’un effet intrinsèque de l’apprentissage lié à l’expérience professionnelle, puisque les lycéens suivant la voie scolaire ont également des périodes de travail en entreprise sous la forme de stages. Ni de la spécificité des publics d’apprentis qui moins défavorisés que les lycées en voie scolaire, auraient de meilleures chances de trouver un poste. "Cette plus longue présence en emploi peut être influencée par un taux de rétention supérieur pour les anciens apprentis", peut-on lire dans l’étude. À cet égard, 27,1% des sortants d'apprentissage en 2010 étaient recrutés dans les 3 mois qui suivent la fin de la formation par un employeur connu pendant les études, contre 18% s’agissant des lycéens professionnels.

Les entreprises jouent donc un rôle non négligeable dans le succès de l’apprentissage. C’est ce que soulignait une autre étude publiée par le Céreq en 2018. Si l’apprentissage "protège" du risque du chômage les apprentis qui sont conservés par leur entreprise, à l’inverse, "ceux qui ne sont pas gardés ne sont pas mieux lotis que les scolaires qui ont pu acquérir un début d’expérience professionnelle en occupant des emplois au cours de leurs études", estiment ses auteurs.

Un avantage pour les finances publiques

L’étude de la Dares laisse apparaître une "rentabilité" plus élevée de la voie de l’apprentissage, "majoritairement due à davantage de cotisations sociales patronales et salariales collectées sur les épisodes d’emploi, et ce, en dépit d’un coût lié au chômage indemnisé qui est supérieur à trois et cinq ans pour les anciens apprentis". Par ailleurs, cette voie conduirait à "une économie de 16,1% à trois ans, puis 20,5% à cinq ans en termes d’accompagnement dans la recherche d’emploi".

Pour autant, l’étude se garde de toute disqualification de la voie "scolaire". "Les aspects qualitatifs, comme ceux relatifs à la nature des compétences acquises lors des parcours scolaires, sont une composante importante de la question et mériteraient d’être étudiés. L’évaluation d’autres paramètres tels que les impératifs d’adaptabilité ou de transférabilité des compétences peuvent indubitablement venir altérer nos résultats car l’enseignement plus théorique qu’ont suivi les lycéens professionnels peut alors constituer un atout", souligne l’auteur de l’étude. 

 

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