Enseignement supérieur - "Initiatives d'excellence" : les retenus et les recalés de la seconde vague
Lors d'un déplacement à Bordeaux le 3 février, le Premier ministre, accompagné de Laurent Wauquiez, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et de René Ricol, commissaire général à l’Investissement, a annoncé la liste des cinq projets sélectionnés dans le cadre de la deuxième vague des "initiatives d’excellence" (Idex). Aix-Marseille, Toulouse, les pôles parisiens Sorbonne universités (Paris-II, IV et VI) et Sorbonne-Paris-Cité (Paris-III, V, VII, XIII et Sciences-Po Paris notamment) ainsi que le campus de Saclay (sud-ouest de Paris) ont vu leurs projets retenus.
Avec Bordeaux, Strasbourg et Paris-sciences-et-lettres déjà lauréats (lire notre article ci-contre), les cinq nouveaux projets retenus vont former des "pôles pluridisciplinaires d'excellence de rang mondial" susceptibles "d'attirer les meilleurs étudiants, les professeurs et chercheurs les plus reconnus", a expliqué le chef du gouvernement.
Les 7,7 milliards d'euros du grand emprunt prévus pour les Idex vont être répartis entre tous les lauréats, à noter cependant que ces sommes sont surtout des dotations en capital qui seront versées après "une phase probatoire de quatre ans" si les objectifs sont "atteints". Ainsi, lauréats depuis juillet 2011, Bordeaux, Paris-sciences-et-lettres et Strasbourg n'ont à ce stade reçu que 10 millions d'euros chacun pour engager leurs premières actions. Le succès de Bordeaux aux initiatives d'excellence "ne doit pas occulter la réalité actuelle du financement de l'enseignement supérieur et de la recherche en France", a commenté ce 3 février Alain Rousset, président de la région Aquitaine et de l'Association des régions de France (ARF). "En Aquitaine, la dotation Idex de 700 millions d'euros pour Bordeaux, placée au Trésor, générera en réalité une rémunération de 23,9 millions d'euros par an pendant dix ans, soit un financement global de 239 millions d'euros. Parlons vrai, ce ne sont que les intérêts qui sont versés", s'est-t-il exclamé. "Force est de constater que les investissements d'avenir ne pourront se faire sans la contribution des collectivités et plus singulièrement celle des régions", a-t-il poursuivi, en demandant, comme il l'avait déjà fait lors de ses voeux à la presse en janvier, "pourquoi les régions ne sont pas associées à leur gouvernance".
La région Rhône-Alpes réagit
Le jury international n'a donc pas donné suite à quatre dossiers : Grenoble, Lyon/Saint-Etienne, Lorraine et le pôle parisien Hesam (constitué notamment du Cnam, de l'EHESS et de l'ESCP Europe). Les refus de Lyon, alors que Rhône-Alpes constitue le deuxième potentiel de recherche du pays derrière l'Ile-de-France, et du pôle Hesam, qui proposait un solide projet en sciences humaines et sociales (SHS), sont les grandes surprises. "Je regrette qu’à l’issue de deux vagues de sélection les projets rhônalpins aient été écartés de la labellisation gouvernementale, alors que notre région est la première région française - hors Ile-de-France - pour la qualité et l’excellence de son tissu scientifique et universitaire", a aussitôt réagi Jean-Jack Queyranne. Rappelant les atouts de sa région, avec 245.000 étudiants et 19.000 enseignants-chercheurs, 600 laboratoires publics, le président de la région Rhône-Alpes a estimé que les appels à projets Idex "n'ont à aucun moment tenu compte des stratégies régionales d'enseignement supérieur, de recherche et d'innovation". Lui aussi a jugé qu"'il est temps de donner à l’échelon régional la place qu’il mérite dans l’élaboration des ambitions nationales en matière d’enseignement supérieur et de recherche".
Le Premier ministre a annoncé que Laurent Wauquiez et René Ricol allaient recevoir les dirigeants des pôles Rhône-Alpes et Hesam pour "voir comment les accompagner", car ces projets "méritent d'être financés".