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Environnement - Ile-de-France : une biodiversité toujours fragile malgré des villes moins hostiles

Première région à se doter d'une agence régionale de la biodiversité, Natureparif, en 2008, l'Ile-de-France continue à innover en la matière. Elle a présenté le 28 janvier son premier diagnostic de la biodiversité, conçu comme une véritable photographie de l'état de santé de la faune, de la flore et des écosystèmes de son territoire. Réalisé par l'équipe de naturalistes de Natureparif, ce document doit permettre de mieux "orienter les politiques" de préservation, a expliqué Liliane Pays, conseillère régionale écologiste et présidente de l'agence. Dans la région française la plus peuplée – elle accueille 20% de la population française et représente 2% du territoire métropolitain -, "un quart des quelque 1.800 espèces évaluées sont menacées d'extinction et près de la moitié dans le milieu agricole" où prédomine un modèle intensif de grandes cultures défavorable à la diversité, a expliqué Maxime Zucca, naturaliste, qui a coordonné l'état des lieux.
Si 80% de la surface francilienne reste rurale, il n'existe plus de zone "non directement affectée par les activités humaines", rappelle le diagnostic des naturalistes. Il subsiste malgré tout "quelques sites très riches" en biodiversité, qui représentent environ 4% du territoire francilien, souligne Maxime Zucca. Plus des deux tiers de ces "hot spots" sont aujourd'hui protégés. Parmi ces "joyaux à préserver" figurent la forêt de Fontainebleau, réservoir d'oiseaux, d'insectes et de reptiles, et celle de Rambouillet, avec ses grands mammifères et ses tourbières. Autre "réservoirs" naturels moins connus et pas encore protégés : les "pelouses calcaires" des coteaux de La Roche-Guyon (Val-d'Oise) ou d'Etampes (Essonne), des milieux fragiles colonisés par des fleurs, comme des orchidées, et des foules d'insectes associés tels que papillons, sauterelles ou ascalaphes.

Retour de la nature en ville

Ailleurs, les activités humaines ne laissent que bien peu de place à la nature dans une région où, en moyenne depuis dix ans, quelque 940 hectares naturels sont grignotés chaque année par l'urbanisation. Ainsi depuis un siècle, les milieux humides, particulièrement riches en plantes et en animaux, ont perdu "environ la moitié de leur surface", constate Natureparif. Une diminution qui s'explique en grande partie par le drainage agricole mais aussi par la "domestication" progressive des rivières visant, en rehaussant les berges et en rectifiant les méandres, à permettre la navigation et la construction. L'assèchement progressif des marais ou prairies alluviales bordant les rivières et fleuves a notamment eu des conséquences néfastes pour les oiseaux, 30% environ des espèces nichant en Ile-de-France étant "entièrement dépendantes" des milieux aquatiques.
Les forêts, qui couvrent un quart du territoire francilien, présentent quant à elles un "bon état global", juge Maxime Zucca mais souffrent cependant de plusieurs "facteurs limitant la biodiversité" : les infrastructures de transport (routes, voies ferrées) qui les transpercent – c'est surtout le cas du massif de Fontainebleau, un peu moins pour Rambouillet –, la gestion forestière passée qui a favorisé les coupes claires et la plantation de futaies régulières, l'absence de grands prédateurs pour réguler la population de cerfs et de chevreuils, ce qui a des conséquences sur la régénération des peuplements forestiers. Résultat : "On a moins de fleurs et de plantes dans les forêts franciliennes qu'ailleurs", certains oiseaux forestiers sont en net déclin ou ont quasiment disparu, de même que des types d'insectes dépendant des bois morts ou des espèces de champignons.
Malgré un constat général assez sombre, "le déclin se ralentit", observe pourtant Maxime Zucca. La place de la nature semble en effet de mieux en mieux prise en compte, notamment dans le secteur agricole, estime Natureparif, saluant la volonté du ministère de l'Agriculture d'inciter à des pratiques plus écologiques, à diversifier les cultures et à réduire l'utilisation de produits phytosanitaires. "Ce n'est pas juste pour faire plaisir aux naturalistes, mais pour assurer l'avenir des écosystèmes en permettant qu'il y ait un meilleur partage de l'espace" entre l'homme et les espèces, souligne Grégoire Loïs, chargé d'études chez Natureparif.
Paradoxalement, le milieu urbain paraît aujourd'hui moins hostile à la biodiversité. Même si Paris et sa banlieue restent largement plus pauvres en la matière, de plus en plus d'espèces semblent trouver leur bonheur au milieu des immeubles et des friches urbaines. Abeilles, faucons pèlerins, renards, fouines ou hérissons semblent profiter de politiques de gestion de l'espace qui laissent de plus en plus de place à la nature. "La prise en compte de ces enjeux commence à porter ses fruits, il y a un abandon de l'usage des pesticides par les collectivités et certaines mettent en œuvre une gestion écologique de leurs espaces verts", confirme Maxime Zucca.

 

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