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Île-de-France : un plan de reconstruction écologique à l'issue d'une première COP

Après deux jours de débats, la première conférence climat (COP) organisée jusqu’au 17 septembre par la région Île-de-France débouche sur un arsenal de près de 200 propositions touchant aussi bien à l’alimentation, à la biodiversité qu’à la qualité de l’air et aux énergies renouvelables. En parallèle, l’institution régionale lance la concertation sur son prochain schéma directeur d’aménagement (Sdrif) et soumet au vote des habitants 400 projets locaux dans le cadre d’un budget participatif. 

L’Île-de-France n’en est plus à ses premiers plans. Plan énergie-climat, plan déchets, stratégie biodiversité… "C’est dans la continuité de ces plans que s’inscrivent les 192 mesures de ce nouveau plan régional", a précisé sa présidente Valérie Pécresse, à l’issue de la première conférence sur le climat (COP) organisée par cette collectivité les 16 et 17 septembre.

Après le Centre-Val de Loire, où un accord sera signé en octobre suite au lancement d'une COP régionale il y a un an et demi, l’Île-de-France est la seconde à déployer une COP à l'échelon régional. Entre temps, le contexte a changé et rend délicate la comparaison : "Nous le faisons dans une région sinistrée par le Covid 19, où la crise économique va frapper fort. A l’issue de cette COP, c’est un plan de relance pour la reconstruction écologique de la région que nous lançons. De 2020 à 2024, ce sont dix milliards d’euros de dépenses publiques que nous engagerons en faveur de l’environnement", ajoute Valérie Pécresse. 

Focus sur des actions emblématiques 

Ce vaste plan marqué par l'idée d’une "écologie sociale et du progrès" intègre des engagements du mandat, par exemple la création de quatre nouvelles réserves naturelles régionales (RNR) et d’un 5e parc naturel régional (PNR de la Brie et des Deux Morin, en Seine-et-Marne), mais aussi de nouvelles incitations ou des régulations des aides publiques. Le fonds Air Bois cofinancé par l’Ademe, longtemps cantonné à l’Essonne et depuis peu régionalisé - "non sans difficulté", glisse-t-on au cabinet de Valérie Pécresse – va être utilisé pour financer non seulement le remplacement de chaudières bois mais aussi celles tournant au fuel ou au charbon. 

Le conseil régional veut aussi soutenir 300 projets citoyens de production d’énergie renouvelable, accompagner un millier de collectivités pour rénover leur éclairage public, lancer une centrale photovoltaïque pour couvrir les besoins du siège de la région, équiper une centaine de lycées en panneaux et déployer des unités de production d’hydrogène vert le long de l’axe Seine : "Nous allons le proposer à l’Etat et à la région Normandie", commente Valérie Pécresse.

Viser le zéro artificialisation nette

Pour réduire l’artificialisation et devenir, d’ici 2030, la première région ZAN (zéro artificialisation nette), l’élue régionale compte s’appuyer sur le schéma directeur d’aménagement (Sdrif) en le verdissant au maximum (trames vertes, bleues et noires, priorités de création d’îlots de fraîcheur, etc). La concertation en vue de sa révision débute ce 17 septembre. Autres priorités évoquées, le traitement urbanistique des entrées de ville (appui financier aux communes pour les embellir) et la requalification d’un millier d’hectares de friches urbaines d’ici 2025. 

"C’est d’ailleurs sur une friche industrielle - nous en avons repéré une vingtaine en grande couronne - que nous souhaitons qu’un industriel s’implante pour produire du bois lamellé-collé. La demande est forte en construction durable. Il nous faut aussi des scieries, il n'y en a que deux." Pour attirer des porteurs de projets, bien en amont de tours de table pour voir comment les financer, la région lance ainsi un appel à manifestation d’intérêt (AMI) jusqu’en juin 2021 sur ce thème des matériaux biosourcés. 

Côté transports, l’objectif est d’accélérer la décarbonation : conversion des flottes et centres bus ; poursuite du développement des bus à hydrogène, de navettes autonomes et parkings-relais gratuits près des gares et nœuds routiers ; électrification des avions école dès lors qu’ils décollent des aérodromes franciliens ; garages vélos dans les lycées ; généralisation suite à une expérimentation  ayant donné de bons résultats de purificateurs d’air dans une vingtaine de stations de métro et gares RER… La présidente dit aussi vouloir démultiplier, suite à un test réussi à Poissy (Yvelines) avec Suez, des bulles d'air pur dans les cours d'écoles et voir émerger dans les transports une véritable filière industrielle du retrofit : "Elle existe mais ne décolle pas. En donnant 2.500 euros aux particuliers qui convertissent leur véhicule du thermique à l’électrique, cela aidera. Quant aux aides à l’achat de vélo électrique, elles existent aussi mais allons plus loin et soutenons la conversion, le retrofit de vélo classique en modèle électrique." 

Économie circulaire : bientôt un plan d’action 

Présenté fin septembre, ce plan d’action sur 2020-2030 détaillera comment la région compte accompagner les collectivités. Parmi la vingtaine de mesures connues, pour n'en citer que quelques-unes, la région s’attelle à l’objectif de populariser dans la restauration (y compris collective et scolaire) l’usage de l’"emporte-restes" (doggybag). Un AMI Territoires franciliens circulaires va être lancé. Et l'éco-conditionnalité des aides au cinéma, à l’audiovisuel, aux festivals et événements sportifs renforcée. "Nous financerons 100 projets pour développer la consigne de verre pour réemploi, créerons une mine urbaine pour transformer les déchets de nos villes en ressources pour le secteur de la construction et serons la première région à être labellisée achats responsables d’ici début 2021", complète Sophie Deschiens, déléguée spéciale en charge de l'économie circulaire. Autre AMI en vue, celui concernant le recyclage/réutilisation des masques jetables. Enfin, "nous soumettons dès demain 400 projets locaux au vote des Franciliens dans le cadre d’un budget participatif écologique et solidaire doté de 500 millions d’euros sur cinq ans. 638 dossiers ont été déposés, près de la moitié par des collectivités. Une commune sur quatre est impactée par ce budget participatif qui démarre fort, avec essentiellement des projets sur les enjeux de biodiversité, d’alimentation, moins sur ceux des énergies et de la santé environnement", a conclu Jean-Philippe Dugoin-Clément, vice président à la région IDF en charge du développement durable. 

 

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