Il n'y a pas que les amoureux pour aimer les bancs publics (54)

À Nancy, le plan bancs de la municipalité a pour objectif de regarnir tous les quartiers de bancs publics, pour faciliter les allées et venues de la population, et surtout des plus âgés. Une opération qui s’avère très efficace pour lutter contre leur isolement et préserver leur autonomie et santé mentale.

152 nouveaux bancs en bois, avec accoudoirs, ont été installés dans les rues de Nancy depuis deux ans. S'ajoutent 134 bancs restaurés. Depuis 2021, la municipalité a décidé de remettre des bancs partout. L'opération s'étale jusqu'à la fin du mandat. Au rythme d'une centaine de bancs par an. Moyennant un budget annuel de 20 000 euros (cf. encadré). Début 2023, l'ensemble des neuf quartiers de la ville aura été ainsi regarni. « Nous avons commencé à en installer sur des itinéraires prioritaires. À partir de l'an prochain, nous étofferons le dispositif », explique Marc Tenenbaum, adjoint à la prévention et la santé publique, à l'origine de ce projet.

Redonner envie de sortir

Les mois de Covid ont convaincu qu'il fallait « remettre du mobilier urbain ». Les personnes âgées ne sortaient plus, s'alarmaient les médecins. « Or, nous avons besoin de sortir pour trouver du lien social, de l'apaisement, se remettre dans la vie. C'est une question à la fois de mobilité, d'autonomie et de santé mentale ». Le banc permet aussi de rapprocher les personnes, il est source de lien social. Il permet de se faire rencontrer plusieurs personnes issues de milieux socio-économiques et d’âges différents. Il n’est pas rare de voir s’asseoir des étudiants avec des personnes âgées et de les voir converser ensemble.

Les personnes âgées ont été associées au choix des emplacements. Un travail mené par la ville en partenariat avec le Centre communal d’action sociale (CCAS) et l'office municipal des personnes âgées. L'opération bancs publics est complémentaire d'une démarche d'identification de « parcours sécurisés » pour les plus âgées, menée par ces deux instances. Huit parcours permettant 28 promenades ont été établis. Certains « utiles » (pour aller d'une résidence vers les commerces de proximité), d'autres plus « ludiques ». Les bancs publics ont été parsemés en priorité sur ces parcours. En tout, près de 500 personnes âgées ont participé aux diverses réunions.

Les personnes âgées ont fait part de leur volonté de se promener dans leur ville… Se promener oui, mais sans devoir s’asseoir sur une terrasse d’un café pour se reposer et être obligé de consommer (un café, un thé…), en particulier pour ceux qui n’ont pas de grandes ressources financières. À partir de ce constat, les participants ont proposé d’installer des bancs sur leur parcours de marche quotidien. Ainsi, dans certains quartiers, les personnes âgées peuvent retourner faire leur course à pied dans leurs commerces de proximité.

Quelques critères de base

Au quotidien, l'adjoint arpente régulièrement les quartiers, à la rencontre des personnes âgées, pour jauger des meilleurs endroits pour installer des bancs, selon la proximité de commerces notamment. Il reçoit aussi de plus en plus de demandes directement en mairie, suggérant d'installer un banc.

Une fois l'endroit choisi, le lieu précis d'implantation répond à plusieurs critères : qu'il reste suffisamment d'espace sur le trottoir pour circuler, être à proximité des maisons de retraite, que la rue ne soit pas trop pentue (quitte à installer une chaise à mi-chemin), ou que le banc ne soit pas sous un flux constant d'émanation de pots d'échappement.

Quelques bancs ont été déplacés ou remplacés. Suite à des plaintes de riverains, « lorsqu'un banc est prétexte à des regroupements qui parfois dérangent ». En alternative, la ville a eu l'idée « d'en remplacer par des trois chaises, espacées, ce qui permet de satisfaire tout le monde », expose l'élu. « C'est en permettant à chacun de se réapproprier l'espace public que l'on peut arriver à apaiser aussi nos villes » reste-t-il convaincu.

Appropriation tous publics

« Cela paraît anecdotique mais l'impact est immense, et de jour en jour je suis conforté dans la décision que nous avons prise en 2020 », conclut l'élu, content de voir « de plus en plus de nonagénaires en ville ». Toutes les générations s'approprient ces bancs. Jusqu'aux touristes. Ravis de pouvoir se poser place Stanislas…

 

20 000 euros par an

La municipalité a adopté un budget équivalent à 20 000 euros par an, jusqu'à la fin du mandat municipal (2026). Un banc acheté coûte environ 250 euros. Les services techniques de la ville viennent d'étudier la faisabilité d'en réaliser eux-mêmes. Le coût serait ramené à 170 euros. « Cela nous permettra d'installer un peu plus de bancs que prévu », se réjouit l'adjoint à la prévention et santé publique.

Commune de Nancy

Nombre d'habitants :

105000
Hôtel de Ville- 1 place Stanislas
54 035 Nancy Cedex

Marc Tenenbaum

Adjoint au maire, en charge de la prévention et de la santé publique

Erwan Claudel

Responsable mission santé publique

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