« Solidaire pas solitaire », Saint-Quentin vieille au lien (02)
À Saint-Quentin, « solidaire pas solitaire » permet de mettre en relation des personnes âgées ayant besoin d'un coup de main, avec des volontaires, qui se proposent de les aider. Le projet a été lancé presque dans l’urgence, lors du premier confinement en mars 2020, car chacun redoutait l'explosion de situations d'isolement de personnes en perte d'autonomie. Depuis, le service a véritablement pris sa place.
Témoin quotidien de l'isolement de personnes âgées, le Centre communal d'action sociale (CCAS) de Saint-Quentin a mis sur pied en 2020 un réseau de solidarité locale baptisé « solidaire pas solitaire ». L'objectif est synthétisé en une phrase par le CCAS : « Vous avez besoin d’aide ou vous souhaitez proposer votre aide, le CCAS vous met en relation grâce à l’initiative de plusieurs associations ». Les personnes aidées ont plus de 60 ans.
La mise en relation des besoins des séniors avec les voisins volontaires de leur quartier se fait grâce à un outil numérique dédié « SolidarIT ». Les demandes ne pouvant être pourvues par des voisins sont orientées soit vers les associations quand cela est possible, soit prises en charge directement par les services de la collectivité.
La mise en réseau des solidarités
Cette mise en relation peut se faire en s'inscrivant sur le site www.ensembl.fr (pour les personnes qui proposent leur aide) ou par téléphone (pour celles qui expriment un besoin). Une ligne téléphonique avait été ouverte pendant les premiers confinements. Elle a été maintenue, car ce « numéro solidarité Séniors », comme le surnomme Freddy Grzeziczak, adjoint au maire, permet aux personnes âgées de continuer à appeler si elles ont besoin d'une aide pour les courses, d'une visite de courtoisie, ou simplement d'échanger quelques mots.
Ce numéro est devenu la porte d’entrée unique pour les séniors. En 2021, toujours dans un contexte de crise sanitaire, le dispositif a permis de recevoir plus de 44 000 appels : que ce soit pour les inscriptions et demandes de renseignements dans le cadre de la vaccination contre le Covid, ou encore pour gérer les inscriptions aux colis et repas de fin d’année du CCAS.
Dans cette ville, où 20 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, la crise sanitaire n'a fait qu'exacerber l'isolement de certains. L'adjoint au maire se souvient qu'une fois par semaine, il passait deux heures à appeler une vingtaine de personnes. « Certaines personnes s'y sont vite faites, car dès la deuxième semaine, elles attendaient notre appel ! ». Ce moyen a permis de préserver a minima un lien avec des personnes fragiles. La dynamique qui s'est créée les a convaincus de poursuivre la démarche. La persistance des appels sur le numéro solidarité même hors confinement - près d'un millier encore en 2021 – montre qu'ils ont eu raison.
Évolution du type de demandes
Dans près de 55 % des cas, les gens appelaient pour une aide aux courses. Les demandes d'attestation de déplacement représentaient 11 %. « Nous faisions aussi par ce biais beaucoup de soutien psychologique », soupèse Frédéric Grzeziczak. Un psychologue bénévole s'est depuis joint à l'opération. Les besoins sont bien sûrs retombés, car le CCAS a pu relancer des activités et des animations, retourner dans les deux résidences autonomie de la ville. Mais la tension reste palpable. « Je sens bien en ce début d'année, alors que de nouvelles activités ou manifestations sont annulées, que cela fragilise de nouveau des personnes », observe l'élu. « On s'adapte », sourit l'élu. Citant en exemple le drive des colis du repas de fin d'année en guise de repas des aînés. La crise sanitaire ayant eu moins d’impact sur les séniors en 2021, le nombre de besoins s’est affaibli mais les demandes restent majoritairement de la même nature : aide aux courses et visite de courtoisie.
Au départ, le CCAS s'était appuyé sur le registre des personnes vulnérables, héritage d'une autre catastrophe sanitaire, la canicule de 2003. « Nous avions 180 personnes inscrites, nous en comptons 300 aujourd'hui », totalise l'élu. Près de deux fois plus de personnes se sont inscrites depuis le lancement du réseau solidarité. Le bouche-à-oreille a fait son effet. Du côté des personnes qui proposent leurs services (visite de courtoisie, courses, etc.), la liste des noms frôle le millier (900).
Le CCAS a créé un poste d'agent référent pour gérer ce réseau d'entraide, mettre en relation aidants et aidés. Le CCAS a également recruté une personne en service civique pour seconder l’agent référent. La conférence des financeurs a financé le logiciel nécessaire pour organiser la mise en relation des offres et des besoins d'aide. Enfin, le dispositif de prise en charge des demandes des séniors sur la ville de Saint-Quentin a été récompensé par le prix Territoria d’or à l’Assemblée Nationale le 8 décembre 2021.
Le coup de pouce de la conférence des financeurs
13 800 euros, c'est le coût du logiciel de mise en relation. L'investissement a été obtenu auprès de la conférence des financeurs de la prévention de la perte d'autonomie des personnes âgées. Cette instance a pour objectif de coordonner dans chaque département les actions de prévention de la perte d’autonomie des personnes âgées de 60 ans et plus et leurs financements. Elle est coprésidée par le Conseil départemental et l'Agence régionale de santé. Y siègent notamment les caisses de retraite.
Commune de Saint-Quentin
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