Aménagement numérique - Haut et très haut débit : la fibre n'est pas près de détrôner le cuivre
La progression est toujours en pente douce... Les résultats publiés par l'observatoire de l'Arcep sur l'évolution du haut et du très haut débit sur le marché de gros et de détail pour le troisième trimestre 2013 confirme une tendance haussière mais sans décollage apparent du FTTH (fibre jusqu'à l'abonné).
Tous les chiffres sont au vert, à commencer par l'offre de gros d'accès aux infrastructures de génie civil d'Orange, utilisée de manière croissante par les opérateurs alternatifs. A la fin du troisième trimestre, ceux-ci louaient 12.000 km de génie civil – pour l'essentiel en souterrain - pour des déploiements de fibre optique FTTH ou FTTLA ("fibre jusqu'au dernier amplificateur"), soit une augmentation annuelle de 47% (8.170 km au 30 septembre 2012). Mais ce total ne représente que 4% des 300.000 km de génie civil dont dispose Orange aujourd'hui, ce qui confirme une activité surtout concentrée sur les zones denses du territoire. Même constat sur les logements éligibles aux offres à très haut débit en fibre optique jusqu'à l'abonné. Le stock s'établit à 2,74 millions pour un rythme d'équipement qui passe de 750.000 logements au trimestre dernier, à 782.000. Un gain de 3%, qui représente cependant bien peu par rapport à la pente à gravir pour atteindre une vitesse de croisière de 2,5 millions de logements par an (1). Quant aux réseaux d'initiative publique (RIP) ils connaissent une progression de 40.000 logements supplémentaires sur le trimestre.
De son côté, Numéricable poursuit la politique de modernisation de son réseau câblé, avec un parc de logements éligibles à 100 Mbps de 5,09 millions d'unités (+8%) et de 3,48 millions pour l'offre comprise entre 30 et 100 Mbps, en baisse de 6%.
Compte-tenu des données erronées transmises par certains opérateurs sur les trimestres précédents, la mutualisation permettant à deux opérateurs au moins de commercialiser leurs offres s'établit à 51% (1,4 millions de logements) et non à 55% comme annoncé précédemment.
Le haut débit fixe poursuit quant à lui une confortable progression : le dégroupage atteint désormais les 11,4 millions d'accès, soit 200.000 de plus que le trimestre précédent (+1 million sur l'année), pour un total de 15.733 NRA (nœuds de raccordement à l'abonné). Par ailleurs, les opérations de montée en débit portées par les collectivités locales se poursuivent avec la réalisation en cours, au troisième trimestre, de 376 NRA-MED (NRA de montée en débit) dans 37 départements.
Sur le marché de détail, on notera que l'ensemble des Français abonnés au haut et très haut débit sur réseaux fixes atteint 24,6 millions, soit une croissance nette de 260.000 sur le trimestre (+4%). Cet ensemble reste largement dominé par la technologie xDSL (22,4 millions).
Le nombre d'abonnements à très haut débit reste stable à 1,8 millions par rapport au dernier trimestre, avec un taux de pénétration de 20%. La répartition s'établit comme suit : 460.000 abonnés au FTTH / FTTO ("fibre jusqu'au bureau"), avec 70% de progression annuelle ; les réseaux câblés offrant des débits supérieurs à 100 Mbps (725.000 abonnements et 28% de progression) ; les réseaux câblés offrant des débits compris entre 30 et 100 mbps (655.000 abonnements, 0,7% de progression annuelle).
Dans l'ensemble, les services sur fil de cuivre continuent à aller de l'avant là ou le FTTH est à la recherche de combustible. Les acteurs espèrent toujours la vague qui viendra réveiller ce marché. Aussi les prochains trimestres seront-ils, de ce point de vue, à surveiller de près avec l'ouverture des premières tranchées de la nouvelle génération des RIP.
Philippe Parmantier / EVS
(1) La production de 2,5 millions de prises annuelles est l'estimation généralement admise pour tenir les délais fixés par le gouvernement à 2022.
