Culture - Grasse veut faire inscrire ses parfums au patrimoine culturel immatériel de l'Unesco
Jean-Pierre Leleux, le sénateur-maire de Grasse (Alpes-Maritimes, 51.000 habitants), a présenté et déposé, le 17 octobre, la candidature du pays de Grasse à l'inscription au patrimoine immatériel de l'Unesco. Cette inscription est demandée au titre du "savoir-faire lié au parfum". L'annonce est intervenue à l'issue d'une visite sur place organisée pour les représentants de l'Unesco et du ministère de la Culture. La candidature est portée par l'association Patrimoine vivant du Pays de Grasse, également présidée par le sénateur-maire de la ville.
Ce dernier a rappelé que le territoire possède un savoir-faire en la matière qui remonte au 16e siècle. Il a également indiqué rechercher "une reconnaissance à l'égard de toutes ces générations successives qui se sont transmis des savoir-faire exceptionnels, dont certains pourraient disparaître". Cette dernière allusion vise notamment "la culture des plantes à parfum, secteur le plus menacé parce que les exploitations de fleurs ont du mal à être économiquement équilibrées". Même si l'argument n'est pas cité, l'attractivité touristique du territoire bénéficierait également d'une inscription au patrimoine immatériel de l'Unesco.
Si elle est moins lourde que celle de l'inscription au patrimoine mondial de l'Unesco - qui vise les monuments, sites naturels et lieux de mémoire -, la procédure d'inscription au patrimoine immatériel n'en est pas moins strictement encadrée. Le dossier sera d'abord instruit par le ministère de la Culture, qui décidera d'une éventuelle inscription à l'inventaire du patrimoine culturel immatériel de la France. C'est seulement après cette première démarche que le gouvernement français décidera s'il présente cette candidature à l'Unesco.
En attendant, la candidature du pays de Grasse témoigne de l'engouement des collectivités pour cette labellisation du patrimoine immatériel, qui remonte seulement à 2003 (alors que la convention créant le patrimoine mondial de l'Unesco date de 1972). Depuis 2008, pas moins de dix patrimoines immatériels français ont ainsi été inscrits. Certains ont un périmètre national, comme le repas des Français - dont l'inscription est à l'origine du réseau des Cités de la gastronomie -, le compagnonnage, l'équitation traditionnelle française et même... "la tradition du tracé dans la charpente française". D'autres sont en revanche profondément liés à territoire, à l'image du fest-noz breton, de la tapisserie d'Aubusson, du point d'Alençon ou de la mayola (forme de musique, chant et danse propres à la Réunion). D'autres, enfin, sont communs à deux ou plusieurs pays, comme les géants et dragons processionnels de Belgique et de France ou la fauconnerie (treize pays, dont la France). A ce jour, un autre dossier de candidature français est en instance d'examen par l'Unesco : celui du gwoka, "musique, chants, danses et pratique culturelle représentatifs de l'identité guadeloupéenne".