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Grand Débat : Edouard Philippe devant les parlementaires avant des décisions "puissantes et concrètes"

Après la séquence du bilan des contributions au Grand Débat, le Premier ministre a livré un discours de conclusion à l'Assemblée nationale mardi, au Sénat mercredi. Les enjeux de l'"éloignement géographique" et de "justice territoriale" ont été très présents. Des "initiatives" sont à attendre "sur les couples métropole-commune et région-département"

Après la séquence du bilan des contributions au Grand Débat lundi 8 avril, Edouard Philippe a comme prévu livré un discours de conclusion devant les parlementaires – à l'Assemblée nationale mardi, au Sénat ce mercredi 10 avril. L'occasion pour le Premier ministre de confirmer qu'Emmanuel Macron prendra des décisions immédiates, "puissantes et concrètes", et ouvrira de "grands chantiers" lors de son intervention prévue dans les jours à venir.

Ces "grands chantiers", que le chef du gouvernement n'a pas détaillés, concerneront "les sujets qui devront faire l'objet d'une concertation", a-t-il expliqué à l'Assemblée. "En ce qui me concerne, j'en retiens une (conclusion) principale : c'est un puissant besoin de transformation", a-t-il dit. "Ce n'est pas le statu quo dont la France a besoin, mais de transformations", a-t-il insisté en concluant son intervention. Les concertations qui devraient suivre les annonces d'Emmanuel Macron se feront "avec les élus locaux quand il s'agit de l'avenir de nos territoires, avec les organisations syndicales et patronales quand il s'agit de faire vivre la démocratie sociale, et avec les associations dont le grand débat a rappelé le rôle essentiel dans notre vie citoyenne", a précisé Edouard Philippe. "Nous conduirons ces chantiers en nous inspirant de ce que nous avons déjà réussi à faire en Bretagne avec le pacte breton ou dans la Creuse avec le plan particulier pour le département", a-t-il d'ailleurs indiqué.

Au Sénat, il a pour l'essentiel redonné les mêmes grands constats et axes identifiés par le gouvernement, en insistant plus particulièrement sur les questions de territoires :  complexité du millefeuille administratif, besoin de "refaire de l'aménagement du territoire" en faveur des zones périurbaines, sujets d'éloignement… Il a par ailleurs déploré le blocage de la réforme des institutions l'été dernier. "Nous avions fait des propositions en ce sens dans le cadre du projet de révision constitutionnelle. Je regrette que nous n'ayons pu envoyer un signal fort aux Français dès l'été dernier", a-t-il déclaré aux sénateurs. "Il me semble difficile de ne pas entendre ce message pour le moins assourdissant que nous adressent nos concitoyens. Le président de la République y répondra", a-t-il ajouté. La réforme des institutions préparée par le gouvernement, qui prévoyait entre autres une baisse de nombre de parlementaires, avait été suspendue en juillet 2018 en raison de l'affaire Benalla, puis à nouveau reportée à l'après-grand débat.

Morceaux choisis

Le concours des maires au Grand Débat

"Ce succès n'aurait pas été possible sans le soutien des élus, et je voudrais les remercier. Les maires, d'abord, qui ont organisé de très nombreux débats partout en France. Quelle que soit la taille ou la localisation géographique des communes qu'ils ont la charge d'administrer, les maires ont répondu présents par les cahiers, par les réunions d'initiative locales. Sur un peu plus de 10 000 réunions organisées, plus de la moitié ont été organisées par des maires" (Assemblée)

"L'éloignement"

"Il faut évoquer la colère face à l'éloignement. Je songe à l'éloignement géographique" (Sénat)

"Parce que des lignes de train ont fermé, parce que des médecins sont partis et n'ont pas été remplacés, parce que des services publics ont déménagé à 30 ou 50 kilomètres, parce que nos modes de vie, nos règles d'urbanisme, nos choix publics, Mesdames et Messieurs les députés, ceux des années 1970 et 1980 en matière d'urbanisme, ceux des années 1980 et 1990 en matière d'urbanisme commercial, tous ceux-là ont poussé à l'étalement urbain et à la désertification des centres-villes." (Assemblée)

"Une souffrance dont les causes sont de nature diverse, je l’ai dit, c’est l’étalement urbain, c’est le déséquilibre entre les métropoles et leurs communes proches, c’est la disparition des commerces de centre-ville, c’est la fermeture de services publics qui sont souvent d’ailleurs la conséquence mais qui accélèrent les phénomènes." (Assemblée)

Démocratie participative

"Ce grand débat nous invite aussi à construire une démocratie plus participative, plus transparente, plus efficace. Le temps médiatique, politique, social s'accélère. On ne peut plus débattre des grandes orientations du pays tous les cinq ans. Les Français veulent être écoutés, considérés. La démocratie participative existe déjà au niveau local. Elle reste assez largement à construire au niveau national." (Sénat)

"Justice territoriale"

"Le grand débat national a été aussi un grand débat local sur la justice territoriale, sur les relations entre les collectivités territoriales et l'État... Deux paradoxes me frappent depuis longtemps. D'abord, si la défiance envers l'État est élevée, les Français ne cessent de se tourner vers lui pour qu'il leur donne plus de droits, pour qu'il les protège (…). Second paradoxe : alors que jamais dans notre histoire la France n'a été aussi décentralisée, jamais les collectivités territoriales n'ont eu autant de moyens financiers et humains (…). La République est plus décentralisée qu'elle l'était il y a vingt, cinquante ou cent ans. Et pourtant on assiste à une crise de proximité, à laquelle il nous faut répondre." (Sénat)

"Des métropoles de taille européenne se sont imposées, et c'est une immense réussite (…). Mais nous n'avons pas su, nous n'avons pas pu faire la même transformation pour certaines villes moyennes qui se paupérisent, ou pour de nombreuses zones rurales." (Assemblée)

"Commençons par réduire le clivage entre les métropoles et les communes environnantes. Depuis trente ans, nous avons su réduire le fossé entre Paris et la province. Avec succès. Mais, corollairement, les autres parties du territoire ont pu être oubliées. Pour rétablir la justice territoriale, nous devons trouver des mécanismes appropriés pour associer tous les territoires au dynamisme des métropoles, sans les pénaliser. Plus les lieux de décisions sont proches, plus ils sont respectés. Nous prendrons des initiatives sur les couples métropole-commune et région-département" (Sénat)

"Avec les associations d’élus, nous prendrons des initiatives sur le fonctionnement commune-intercommunalité, sur l’articulation région-département, sur le bon équilibre entre l’Etat central et l’Etat local." (Assemblée)

"Nous allons accélérer un certain nombre de chantiers que nous avons engagés depuis 2 ans, c’est le déploiement du très haut débit pour tous d’ici 2022, c’est la réorientation massive de nos investissements en faveur des transports du quotidien, c’est la mise en oeuvre du plan de lutte contre les déserts médicaux, c’est le plan pour les quartiers et le plan Coeur de Villes." (Assemblée)

"Mur de défiance"

"À part les maires, pas une seule organisation, pas une seule catégorie d'élus n'échappe à cette défiance." (Assemblée)

Emplois publics

"J’ai entendu certains il y a 2 ans réclamer le départ de 500.000 fonctionnaires sans préciser lesquels, les mêmes regrettaient la réduction des emplois aidés alors qu’ils avaient proposé leur suppression complète." (Assemblée)

"Il s’agit d’alléger les normes et de remettre du service public et donc des fonctionnaires sur le terrain en leur donnant les moyens d’agir et de décider localement. Notre service public se transforme, de plus en plus de services sont accessibles le soir, à distance et c’est très bien ainsi. Mais le service ça n’est pas que du clic." (Assemblée)

Accès aux soins

Les Français "ont clairement exprimé leur angoisse sur l'avenir de notre système de santé. Qui va remplacer le médecin de famille qui part à la retraite ? Dans quel hôpital accoucher ? Est-ce que je vais continuer à bénéficier d'une sécurité sociale qui rembourse à haut niveau ? Parce qu'il est par définition un service public des plus essentiels, l'accès aux soins cristallise cette crainte de l'éloignement, ce refus de l'isolement que j'évoquais tout à l'heure. Quand dans certains territoires la moyenne d'âge des médecins généralistes frise les 65 ans on comprend les craintes de nos concitoyens." (Assemblée)

Dépendance

"Comment trouver un Ehpad pour mes parents ? Avec quelle qualité de prise en charge ? Avec quel reste à charge ? Cette question de la prise en charge de la dépendance est montée très fortement des territoires, nous la sentions déjà venir mais il est clair qu'elle appelle une réponse." (Assemblée)

Education

"Deux messages forts doivent être entendus : une approche qui respecte et qui s'adapte aux territoires des zones rurales aux quartiers prioritaires et un plaidoyer pour l'apprentissage." (Assemblée)