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Energie - Géothermie : un gisement prometteur ?

Source d'énergie, la géothermie affiche un potentiel que les collectivités ne peuvent plus se permettre de bouder. Tel est le message que des sénateurs ont fait passer à l'occasion d'une table ronde organisée le 26 février.

"De la géothermie peu profonde, on peut en faire partout. Son potentiel de développement au niveau local est presque sans limites". Intervenant le 26 février devant les commissions des affaires économiques et du développement durable au Sénat, Jean-Claude Andréini, président de la commission géothermie du Syndicat des énergies renouvelables (SER), n'a pas manqué de rappeler l'importance de la géothermie de minime importance. Son statut, étroitement lié au droit minier, a été légèrement toiletté l'an dernier par la loi Warsmann. Mais le Code minier étant lui-même en pleine refonte, son avenir et son potentiel de développement méritent d'être rediscutés. Dans le cadre d'un groupe sénatorial qui est en train de se constituer pour suivre cette réforme d'ampleur, les interactions avec la géothermie ne seront donc pas oubliées et bien passées en revue.

Montée de vapeur

Alors que la filière géothermique a longtemps fait bande à part, son réveil est en marche depuis cinq ans. En Ile-de-France par exemple, le potentiel géothermal du Dogger est sondé en long et en large. "Avec 37 exploitations réparties sur trois départements, le bassin parisien est l'un des plus exploités au monde", estime Eric Lasme, directeur de la société d'ingénierie CFG Services, filiale de l'organisme public BRGM. En termes d'expertise, de recherche et de niveau industriel, la France est donc bien placée. Paradoxe : le développement des réseaux de chaleur n'a guère suivi cette courbe de l'excellence. "Nous ne sommes qu'au 15e rang européen en termes de raccordement de bureaux et logements à ce type de réseau, qui offre pourtant un vrai relais local à la croissance des énergies renouvelables", se désole Eric Lasme. Les principaux freins sont connus : empilement réglementaire, obstacles administratifs, lacunes en termes d'assurance et de couverture des risques, absence de continuité dans les politiques publiques, etc. "Tant que les communes ou communautés d'agglomération ne se lancent pas, le secteur ne connaîtra pas d'essor. Le problème est qu'on plaque les mêmes schémas sur la géothermie alors qu'elle est très hétérogène d'une région, voire même d'un puits à l'autre. Cette logique frôle l'absurde et stérilise des projets qui seraient rentables et utiles collectivement", dénonce Claude Belot, sénateur de la Charente-Maritime et maire de Jonzac, une commune pionnière dans le domaine. 

Electricité : l'autre filière

Plus que la production de chaleur, une filière aux techniques éprouvées, c'est la production d'électricité par géothermie qui intéresse les sénateurs. Unique application industrielle : la centrale géothermique de Bouillante, en Guadeloupe. Et encore, rien de spectaculaire : elle assure 6% de la production électrique de l'île. Mais il est possible d'y faire mieux. Le projet de développement de Bouillante 3, engagé depuis plusieurs années et qui vise à exploiter la portion du réservoir géothermique, progresse très lentement. Des autorisations de forage ont été signées mais des blocages persistent avec des propriétaires fonciers. Un dispositif de versement d'une redevance de type minière a été proposé aux communes pour inciter leurs habitants à accueillir ces centrales produisant une énergie compétitive au vu des contraintes insulaires. L'outre-mer n'est pas le seul concerné. "Si nous nous emparons du sujet de la géothermie électrique, c'est pour que les collectivités notamment rurales s'investissent plus dans ce secteur pourtant porteur. Car plus de cogénération chaleur-électricité est possible", estime Raymond Vall, sénateur du Gers et président de la commission développement durable du Sénat. Pour atteindre un certain rendement électrique, la température des eaux prélevées est un critère déterminant. Pour faire court, le modèle de cogénération possible se résume ainsi : beaucoup de chaleur produite pour un peu d'électricité. Même si la géothermie électrique est marginale, elle fait l'objet d'un afflux de demandes de permis de recherche. Le ministère de l'Ecologie, qui vient d'en attribuer deux pour des recherches de géothermie haute température dans les départements du Cantal et de la Lozère (site des Chaudes Aigues-Coren) et dans ceux des Pyrénées-Atlantiques et des Hautes-Pyrénées (permis de Pau-Tarbes), y voit "le signe d'une relance de cette filière énergétique en France". Il ajoute que 18 demandes sont actuellement en cours d'instruction.