Environnement - Gaz de schiste : le gouvernement veut maintenir l'interdiction de l'exploitation
"Le gouvernement maintient clairement et nettement son opposition sur l'interdiction d'exploitation des gaz de schiste car nulle part dans le monde, il n'a été prouvé que cette exploitation pouvait se faire sans dégâts considérables sur l'environnement et sans risques importants pour la santé", a déclaré la ministre de l'Ecologie, Delphine Batho, sur BFMTV ce 20 juillet. "Rien dans l'agenda du gouvernement aujourd'hui n'envisage de revenir sur l'interdiction de la fracture hydraulique", a-t-elle ajouté. Selon elle, ce qui pose problème, c'est la technique utilisée pour explorer et exploiter ce type d'énergie fossile "avec des produits chimiques qui ensuite vont dans les nappes phréatiques". La fracturation hydraulique consiste en effet à injecter à très forte pression un mélange d'eau, de sédiments et de produits chimiques pour briser la roche et libérer les molécules de gaz naturel.
Delphine Batho a été interrogée sur les propos du ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, qui avait déclaré début juillet que la "reconquête industrielle" passait "par la reconquête de notre souveraineté énergétique" et laissé entendre que le gouvernement allait "regarder" ce dossier sensible de l'exploitation du gaz de schiste en France, sans toutefois le "rouvrir". Pour la ministre de l'Ecologie, son collègue "et ami" Arnaud Montebourg avait alors formulé "une réflexion intellectuelle qui n'est pas basée sur des faits". "Moi aussi je veux lutter contre l'énergie chère, comme ministre de l'Energie et je suis très attentive à la compétitivité de la France et de nos entreprises", a-t-elle ajouté. Il existe d'autres solutions que les gaz de schiste pour réduire la facture énergétique et réduire le déficit de la France." Et à la question de savoir si le gouvernement allait octroyer de nouveaux permis d'exploration pour connaître l'importance réelle des éventuelles réserves de cette énergie dans le sous-sol français, la ministre a répondu "non, il va y avoir la réforme du Code minier", texte qui fixe les règles sur l'exploitation des énergies dans les sols.
L'Union française des industries pétrolières (Ufip), l'organisation patronale du secteur pétrolier français, a indiqué qu'elle espérait toujours que les gaz de schiste "ne soient pas exclus" du débat sur l'énergie prévu après la grande conférence annoncée à l'automne. "On enregistre la déclaration de la ministre. Mais on souhaite que ce débat puisse avoir lieu au moment où l'on parlera de l'énergie à l'automne", a déclaré à l'AFP son président, Jean-Louis Schilansky. Face à l'hostilité de l'opinion, l'industrie pétrolière se montre prudente sur la question. Le secteur plaide pour des forages de prospection permettant de confirmer la présence et la possibilité d'exploitation commerciale de gaz de schiste dans l'Hexagone, la France étant considérée avec la Pologne comme le meilleur gisement potentiel en Europe de ce gaz retenu prisonnier dans la roche.