Territoires ruraux - François Hollande invite les élus locaux à "se saisir de tous les instruments" mis en place
C'est dans ses terres corréziennes que le président de la République s'est rendu, samedi 16 janvier, pour présenter ses "vœux aux territoires". Des territoires ruraux traversés par "des interrogations, des angoisses exprimées lors des consultations électorales de l'année dernière" et "exacerbées" par la crise agricole et les mutations industrielles. "Il ne peut pas y avoir des territoires oubliés de la République", a-t-il une nouvelle fois scandé dans son ancienne ville de Tulle où il est notamment venu inaugurer un cinéma.
Aucune véritable annonce n'est venue marquer cette visite. François Hollande a surtout énuméré le bilan des réformes en cours, à commencer par la réforme territoriale, incarnée par la "grande région Aquitaine", à laquelle la Corrèze est désormais rattachée, le passage "de plus de 2.000 intercommunalités à plus de 1.000", et le succès des communes nouvelles. "C'est à la demande des maires que ce processus [de fusion] a pu s'amplifier (...) Nous allons continuer à donner les incitations financières", a-t-il déclaré.
Louant le "réseau irremplaçable des 500.000 élus", "pour l'essentiel bénévoles", qui émaillent le territoire, François Hollande a exhorté les collectivités à poursuivre leurs efforts dans la maîtrise des dépenses publiques. "Il faudra faire des économies aussi dans les collectivités et c'est largement engagé (…) Néanmoins j'ai voulu que puissent être dégagés des financements supplémentaires pour les communes rurales", a-t-il dit, évoquant le fonds de soutien à l'investissement local d'un milliard d'euros contenu dans le budget 2016 : 500 millions d'euros pour ces communes en 2016, "notamment pour les bourgs-centre", et 500 millions d'euros "pour accompagner la transition énergétique, le numérique et le bâtiment"… Les crédits seront délégués aux préfets "pour que ça aille vite" et que les opérations puissent être engagées "très rapidement avec les élus" (sur le sujet, voir également ci-contre notre article du jour sur la circulaire du Premier ministre adressée aux préfets).
Numérique, santé, services publics...
François Hollande a par ailleurs invité les élus à s'approprier les instruments mis en place, notamment dans le cadre des deux comités interministériels aux ruralités (numérique, services publics, santé, écoles…), ou dans le plan d'urgence pour l'emploi qu'il devait présenter deux jours plus tard. "Nous sommes dans une situation où il faut aller de plus en plus vite. Je vous demande de vous saisir de tous ces instruments", a-t-il lancé.
Axant son discours sur "l'égalité des territoires", il s'est félicité des engagements pris en matière de couverture numérique, confirmant que l’objectif de 50% de la population couverte en très haut débit d’ici 2017 "sera tenu", tout en rappelant que l’Etat avait déjà mobilisé 3 milliards d’euros dans le cadre du Plan France Très Haut Débit. Souhaitant donner une "nouvelle impulsion" pour les territoires en attente, il a rappelé l'une des mesures du dernier comité de Vesoul du 14 septembre : le recours au satellite pour équiper en haut débit 150.000 foyers non desservis, en particulier en zones de montagne. "En 2016 tous les départements seront concernés", a assuré François Hollande. Une solution qui soulève plusieurs questions alors que l’Avicca faisait état en juillet dernier d’une saturation de certains faisceaux du satellite KA SAT qui avait eu comme conséquences de suspendre la commercialisation dans 28 départements. S'agissant des "zones blanches", non couvertes en téléphonie mobile, plus de 30 millions d'euros seront mobilisés en 2016 pour l'équipement de "300 communes très rurales" et "plus de 20 encore, supplémentaires, d’ici 2017". "Je ne veux pas de l'idée sur un territoire qu'il y aurait des citoyens qui seraient pleinement dans la mondialisation (…) et d'autres qui seraient relégués."
En matière de santé, François Hollande a là encore rappelé les mesures du comité du 14 septembre : formation de 700 médecins généralistes à l'aide médicale d'urgence, accompagnement de 1.700 médecins "pour une installation dans les territoires ruraux ou en banlieue"... Soulignant que le "vieillissement" pouvait être une opportunité pour la création de nouvelles activités, il a évoqué quelques-unes des dispositions de la loi Vieillissement : revalorisation de l'APA (allocation personnalisée d'autonomie) "pour la dépendance lourde", réduction du ticket modérateur pour les plus modestes, accès à l'aide à domicile facilité…
Le président est également revenu sur les maisons de services au public en cours de déploiement, notamment dans les bureaux de poste, et sur les conventions ruralité pour l'école. "L'Etat va accompagner les départements de France pour mettre à disposition de tous les élèves collégiens" des outils informatiques, a-t-il dit, parlant de "grand projet pour notre pays".