France Travail : cap sur l’expérimentation afin d’y voir plus clair…
Désormais closes, les discussions autour du futur France Travail n’ont pas épuisé les interrogations des parties prenantes. Certaines d’entre elles attendent désormais les expérimentations pour mieux cerner l’intérêt du projet.
À quoi ressemblera concrètement le futur France Travail ? Les trois mois de discussions menés par le haut-commissaire à l’emploi et à l’engagement des entreprises, Thibaut Guilluy, n’ont pas encore permis d’y voir tout à fait clair sur la nature et la portée du projet. Si le gouvernement affiche de très hautes ambitions tant en termes d’objectifs – le retour au plein emploi – que de méthode – la coordination des acteurs – , certains estiment que seule l’expérimentation permettra d’y voir plus clair sur la nature et la portée de la réforme.
Ne serait-ce que sur la philosophie de France Travail, le département de la Seine-Saint-Denis attend toujours des clarifications de l’exécutif. Retenu dans la liste des 19 territoires de test, le département a aussitôt suspendu sa participation, attaché à l’exercice de sa compétence de diagnostic et d’orientation des bénéficiaires du RSA ainsi qu’au bon dosage des sanctions en cas de manquement aux "devoirs" : deux sujets qui sont pourtant dans le viseur de France Travail. "Je ne m’engagerai pas à n’importe quel prix", a souligné le 5 janvier le président du conseil départemental, Stéphane Troussel, qui laissait entendre que les échanges se poursuivaient avec l’exécutif afin de rejoindre les territoires pilotes. Signe de souplesse ? "Il y a des espaces de discussion qui existent de manière à ce que la place de chacun soit respectée. Mais il faudra surveiller de près les modalités", souligne de son côté Éric Bellamy, conseiller Solidarité, Santé et Travail pour Départements de France.
Sur la question du pilotage de France Travail, une ultime réunion s’est tenue lundi 9 janvier. Dans un document de travail consulté par Localtis, est évoquée la création d’un "comité France Travail" au niveau national qui se tiendrait deux fois par an. S’y ajoutent des instances au niveau régional, dont la composition en plénière intègrerait notamment les membres des Crefop (comités régionaux de l’emploi, de l’orientation et de la formation professionnelles) et dont la mission sera de coordonner les politiques d’emploi/formation/orientation ; des comités départementaux "garant de l’équité territoriale en matière d’accès à l’accompagnement vers l’emploi" ; ainsi qu’un dernier échelon local sous "coprésidence préfet/collectivités", qui serait garant de la mise en œuvre des politiques d’emploi et d’insertion en repérant les besoins "non satisfaits".
Cette nouvelle organisation sera-t-elle féconde ? "L’année d’expérimentation sera très importante pour tester des méthodes et organisations différentes", juge Romain Briot, responsable du pôle cohésion sociale et territoriale chez Intercommunalités de France. Il espère que France Travail sera l’occasion de tenir plus systématiquement compte de l’avis des demandes des intercommunalités en matière de formation professionnelle, en lien avec les besoins de leur territoire et notamment des TPE et PME. Du côté des Régions de France, on remarque que la coordination de l’ensemble de ces instances "est assurée par France Travail". De quoi entretenir la crainte d’une mise sous tutelle, manifestée par l’association d’élus depuis le début des concertations.