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Sécurité civile - Forte progression des agressions contre les pompiers en 2016

En 2016, 2.280 sapeurs-pompiers ont été agressés en intervention, selon une note de l'ONDRP. La Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France demande une réponse "globale et concrète des pouvoirs publics" et que l'anonymat des sapeurs-pompiers soit garanti lorsqu'ils portent plainte, sachant que 58,6% d'entre eux en font la démarche.

Caillassages, tirs de mortier, cocktails molotov… Pas une semaine ne se passe sans que la presse locale ne se fasse l’écho de tels agissements envers les pompiers. Un phénomène en augmentation de 17,6% en 2016, selon une note de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), publiée ce mercredi 15 novembre. En 2016, 2.280 sapeurs-pompiers ont ainsi déclaré avoir été agressés en intervention. En début d’année, le président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF) avait tiré le signal d’alarme et demandé de "briser l’omerta" sur ce sujet. Une "situation inacceptable", dénonce aujourd‘hui la FNSPF qui, dans un communiqué, demande "une réponse globale et concrète des pouvoirs publics".
La Nouvelle-Aquitaine est la région qui a enregistré le plus d’agressions avec 406 déclarations. C’est aussi celle qui a connu la plus forte progression (+207,6%). Mais cette augmentation "peut être due à une plus forte remontée des informations", tient à préciser l’ONDRP qui insiste sur "le caractère purement déclaratif" de ses chiffres.
Les Hauts-de-France ont enregistré 366 agressions, l’Auvergne-Rhône-Alpes 301 et le Grand Est 267. L’Ile-de-France n’arrive qu’en cinquième position avec 230 agressions déclarées, devant Paca (213). Aucune agression n’a été déclarée en Corse, la Bretagne en a enregistré 25. 

6,9% de plaintes en Nouvelle-Aquitaine

Ramené au nombre d’interventions, le taux d’agressions en Nouvelle-Aquitaine atteint 11,3 pour 10.000, soit le double de la moyenne nationale.
La note montre également le faible nombre de plaintes après les agressions : moins des deux tiers des sapeurs-pompiers agressés (58,6%) font la démarche. La région Nouvelle-Aquitaine s’illustre à nouveau. Elle connaît donc le taux de plainte le plus faible : 6,9% contre 90,4% en Ile-de-France.
L’ONDRP montre aussi une progression de 36,1% du nombre de journées d’arrêt de travail des pompiers, passant de 1.185 à 1.613. Le Grand Est est la région présentant le plus grand nombre d’arrêts de travail avec 483 jours d’arrêt, suivie de Paca (436), des Hauts-de-France (227) et de l’Occitanie (125).
Plus de la moitié (52%) des sapeurs-pompiers agressés étaient des professionnels alors qu’ils représentent 20% des effectifs.
Enfin, 414 véhicules de pompiers ont été détériorés en intervention en 2016, soit une progression de 45,7%. Un préjudice estimé à 283.442 euros, contre 99.695 en 2015 (+184,3%). A noter que les camions de pompiers sont désormais blindés pour faire face aux jets de projectiles.

Anonymat pour les plaintes

"Au-delà des chiffres, ce qui inquiète les sapeurs-pompiers c’est la généralisation des agressions au quotidien, à travers toutes sortes de lieux géographiques et profils de population, et lors de tous types d’intervention", s'insurge la FNSPF. Elle se réjouit que la loi relative à la sécurité publique du 28 février 2017 soit venue renforcer les sanctions contre les auteurs de dégradations des biens des autorités publiques, dont les sapeurs-pompiers (ces actes, désormais considérés comme des crimes, font encourir à leurs auteurs 20 ans de réclusion criminelle et 150.000 euros d’amende). "Mais cela ne saurait suffire", poursuit la fédération qui demande que l’anonymat soit garanti pour les sapeurs-pompiers qui portent plainte, afin de les prémunir de représailles (contre eux ou leur entourage), comme c’est déjà le cas pour les policiers et les gendarmes. Lors d’une rencontre avec le ministre de l’Intérieur en novembre, ce dernier aurait donné son accord.
La Fédération demande aussi de renforcer la coopération entre les secours et les forces de sécurité (au niveau de la formation comme en intervention), d’aggraver les sanctions et "surtout garantir leur application". Enfin, elle insiste sur le maintien du maillage territorial des casernes, "essentiel" pour maintenir le lien entre les pompiers et la population.