Formation des adultes : comment l’Union européenne déroule son propre agenda
La Commission européenne prépare la création d’un compte individuel de formation au niveau européen et souhaite faire valoir ses propres "micro-certifications".
Atteindre 60% d’adultes formés chaque année d’ici à 2030, mais aussi 30% de majeurs peu qualifiés prenant part à des activités d’apprentissage d’ici à 2025, et 20% de demandeurs d’emploi. Ce ne sont que quelques-uns des objectifs que s’est fixée la Commission européenne, en juillet 2020, pour permettre la montée en compétence des citoyens européens avec son plan "European Skills Agenda".
Si la Commission n’a pas de prise directe sur les législations de ses États membres en matière de formation (seulement une "compétence d’appui" de l’Union européenne), ses initiatives en la matière entraîneront pourtant "des bouleversements importants dans les dix années à venir", a décrypté René Bagorski, président de l’Association française pour la réflexion et l'échange sur la formation (Afref) qui tenait, jeudi 23 septembre, une conférence sur ce sujet.
Selon Francis Petel, spécialiste des politiques européennes de formation et représentant de la confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) au niveau européen, deux initiatives témoignent de la volonté de Bruxelles de promouvoir ses propres références en matière de diplômes ou de qualifications, par-delà les systèmes nationaux.
Des formations hors des contraintes des régulateurs nationaux
D’ici à la fin de l’année, la Commission européenne veut définir des normes européennes pour ce qu’elle appelle des "micro-qualifications", qui visent "à faciliter les parcours de formation souples et les transitions sur le marché du travail". "Bruxelles souhaite référencer directement au niveau européen des certifications", explique Francis Petel. De quoi potentiellement permettre aux établissements d’enseignement supérieur – les plus intéressés selon lui – à développer des formations hors des contraintes des régulateurs au niveau national.
Dans les mêmes délais, l’organe exécutif de l’Union européenne prévoit aussi une "initiative sur les comptes de formation individuels", qui, à la manière du CPF français, vise "à lever les obstacles à l’accès à la formation et à donner aux adultes les moyens de gérer les transitions professionnelles". Un objectif réaffirmé lors du sommet social de Porto des 7 et 8 mai derniers. "Ce compte de formation devrait concerner tous les pays européens", précise Francis Petel. Quel sera le contenu de ce compte ? Il faudra attendre les communications officielles de la Commission européenne pour y voir plus clair. "Le fait que ces deux initiatives soient présentées conjointement n’est pas un hasard. L’une pourra tout à fait servir à l’autre", relève François Petel.