Fonds, acquisitions, prêts, moyens : les bibliothèques départementales en petite forme
Le ministère de la Culture a publié une synthèse des données d'activité 2013-2016 des bibliothèques départementales. Ce document périodique d'une cinquantaine de pages balaye tous les aspects du fonctionnement de ces établissements. Parmi les évolutions les plus marquantes, on note la diminution des collections de livres et la baisse du volume des prêts aux bibliothèques départementales. Les résultats présentés dans cette édition s'appuient sur l'exploitation d'un questionnaire détaillé adressé - en 2014, 2015 et 2016 - aux 96 bibliothèques départementales, avec un taux de retour compris, selon les années, entre 85% et 97%.
L'une des évolutions les plus marquantes est celle des collections. En effet la synthèse confirme la tendance à la diminution des fonds de livres imprimés, déjà à l'œuvre sur la période 2010-2013 (d'un total national de 25,5 millions de livres en 2010 à 23,7 millions en 2016). La baisse est encore plus nette lorsqu'on considère les acquisitions de livres imprimés, passés d'une moyenne de 14.200 livres par bibliothèque en 2010 à 10.800 en 2016. La population ayant continué de croître durant cette période, le nombre de livres imprimés dans les bibliothèques départementales pour 100 habitants est passé de 95 à 76.
Selon le rapport, "les raisons de cette baisse peuvent être multiples et pourraient refléter aussi bien une baisse de moyens, que leur redirection vers d'autres domaines de collections ou vers d'autres activités des bibliothèques départementales. Ainsi, la hausse depuis 2010 des fonds de documents sonores et audiovisuels reflète une diversification importante des documents que les bibliothèques départementales mettent à disposition de leurs réseaux". Les chiffres montrent en effet une hausse concomitante des fonds de documents sonores (+12% depuis 2010) et de documents vidéo (+45%), mais pour des quantités beaucoup moins importantes que les livres.
Vers la fin des bibliobus ?
La population desservie (somme des populations des collectivités dont les lieux de lecture sont desservis par les bibliothèques départementales) est restée relativement stable depuis 2013, avec un total de 31,33 millions d'habitants. Elle est en revanche en forte hausse par rapport à 2010 (+17%). Cette part de la population desservie est toutefois très variable selon des départements : sept bibliothèques couvrent moins de 25% de la population de leur département, quand vingt-trois en couvrent 75% et plus.
Autre tendance forte : la diminution du nombre de bibliobus, longtemps symbole des bibliothèques départementales. De 260 en 2010, leur nombre est passé à 200 en 2016. Le rapport précise toutefois qu'ils sont remplacés par "d'autres modes d'organisation plus efficaces" : navettes de documents, réservation et récupération des ouvrages dans les locaux de la bibliothèque, ressources numériques...
L'évolution la plus significative reste toutefois celle du volume des prêts des bibliothèques départementales à leur réseau, qui décroît depuis 2012. D'un cumul national de 13,18 millions de prêts en en 2012, ce nombre est passé à 10,84 millions en 2016, soit une diminution de 18% en quatre ans. Autre traduction de ce recul : le nombre de prêts de livres imprimés au réseau pour 100 personnes desservies passe, sur la même période, de 47 à 35.
Des aides au réseau moins importantes
Les chiffres montrent également un recul de la part des bibliothèques départementales ayant versé des aides à la construction. Après un pic à 71% en 2011, cette proportion est tombée à 56% en 2016. Et le montant moyen des aides s'affiche lui aussi en baisse : 584.100 euros en 2011, 238.900 euros en 2016. La tendance est la même pour les aides aux collections, les aides aux animations et celles à l'emploi. Seules les aides à l'informatisation affichent une légère croissance depuis 2014.
En revanche, les formations proposées par les bibliothèques départementales connaissent une progression lente, mais régulière, de même que les propositions de stages.
En termes de partenariats, l'étude met en évidence une progression rapide du nombre de bibliothèques départementales partenaires de structures de la petite enfance. De 29 en 2011, le nombre de départements pratiquant ce type de partenariats - facilités par l'appartenance des bibliothèques et des services de PMI à une même collectivité - est passé à 51 en 2016. La progression est plus lente pour ce qui concerne les partenariats avec les écoles maternelles et primaires, pratiqués en 2016 dans 47 départements. Elle est plus rapide pour ce qui concerne les collèges, avec 50 départements concernés en 2016 contre 32 en 2010.
Moyens de fonctionnement stables, investissements en baisse
Enfin, en termes de moyens de fonctionnement, la période étudiée est plutôt marquée par la stabilité, avec des dépenses de personnel qui progressent faiblement pour atteindre un cumul national de 114 millions d'euros en 2016, pour 2.650 agents en ETPT.
Il n'en va pas de même pour les dépenses d'investissement, qui subissent un fort recul sur la période. Elles passent en effet de 13,9 millions d'euros en 2012, en cumul national, à 7,2 millions en 2016, ce qui fait passer la moyenne par bibliothèque départementale de 144.600 euros à 76.200 euros.