Fonction publique : le nombre d'agents en situation de handicap a reculé en 2021
Le nombre d'agents publics en situation de handicap a connu une baisse l'an dernier, en raison de nombreux départs à la retraite. Selon le fonds pour l'insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP), qui présentait ce 24 mars son dernier bilan, la tendance pourrait bien perdurer dans les prochaines années.
Le taux d’emploi des personnes en situation de handicap dans la fonction publique a "légèrement" reculé en 2021, a indiqué lors d'une conférence de presse, ce 24 mars, le fonds pour l'insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP). Ce taux s'est en effet établi à 5,44 % l'an dernier, contre 5,58 % en 2020.
En 2021, 255.859 agents publics au total ont bénéficié de l'obligation d'emploi de travailleurs handicapés dans la fonction publique. Un résultat en retrait, puisqu'on enregistrait 261.318 bénéficiaires de l'obligation en 2020.
Dans la fonction publique territoriale, le taux d'emploi des personnes handicapées (6,67%) a été quasi-stable (6,70% en 2020). 112.226 bénéficiaires de l'obligation d'emploi travaillaient l'an dernier dans ce versant public. Ce résultat place les collectivités territoriales assez loin en tête, devant la fonction publique hospitalière, qui affiche un taux de 5,48% (contre 5,54% un an plus tôt). La fonction publique d'État arrive en dernière position, avec un taux d'emploi des personnes handicapées de 4,40% en 2021. Elle accuse un recul plus prononcé, puisque son taux d'emploi s'élevait à 4,67% en 2020.
"Départs en retraite massifs"
La régression du nombre de bénéficiaires de l'obligation d'emploi dans la fonction publique tient en partie à des facteurs "techniques", comme la modification de la méthode utilisée pour les comptabiliser, a expliqué Marc Desjardins, directeur du FIPHFP. Mais le facteur "le plus important" réside dans l'amplification des départs en retraite, qui ont notamment concerné l'an dernier quelque 1.900 bénéficiaires de l'obligation d'emploi à l'Éducation nationale.
Or, le phénomène n'est pas passager, bien au contraire. Un tiers des travailleurs bénéficiaires de l’obligation d’emploi dans la fonction publique ont 56 ans ou plus. Ce pourcentage va continuer à progresser légèrement chaque année. Dans ces conditions, le taux d'emploi des personnes handicapées pourrait encore baisser à l'avenir. "C'est à la fois un clignotant qui s'allume et une opportunité pour les personnes en situation de handicap", a estimé le directeur du FIPHFP. Les employeurs publics devraient en effet effectuer davantage de recrutements de personnes en situation de handicap afin de compenser les départs à la retraite. La tendance a d'ailleurs peut-être déjà débuté, puisque 35.873 personnes en situation de handicap ont été recrutées l'an dernier par les employeurs publics, contre 32.229 l'année précédente. On notera au passage que parmi ces agents recrutés, 21.286 (soit 59%) l'ont été par les collectivités territoriales et leurs établissements publics. Les maintiens dans l'emploi dans la fonction publique ont suivi une direction inverse en 2021. Ils ont concerné 11.640 personnes en situation de handicap en 2021 (dont 5.465 dans la fonction publique territoriale, soit 45%), alors qu'ils avaient dépassé le nombre de 14.000 en 2020.
Coaching et tiers-lieux
Les organismes publics peuvent solliciter des aides ciblées auprès du FIPHFP en utilisant une plateforme dédiée. Plus de 17 millions d'euros leur ont été attribués par ce biais. Environ 400 employeurs ont aussi passé des conventions avec le fonds : ils s'y engagent à mener des actions pour favoriser l'emploi des personnes en situation de handicap, en contrepartie de financements de la part de l'établissement public géré par la Caisse des Dépôts (près de 44 millions d'euros l'an dernier). Il s'agit d'un "mode d'action privilégié", a souligné Marc Desjardins. L'an dernier, un nombre record de conventions ont été signées : 129, dont 27 avec de nouveaux employeurs.
2021 a été "une année très active", a jugé le directeur du FIPHFP. Le bilan de l'année comporte aussi la décision d'engager un "programme d'action exceptionnel", reposant notamment sur "les enseignements qui ont été tirés de la crise liée au Covid-19". Dans ce cadre, le FIPHFP accorde des aides pour permettre à des agents en situation de handicap de travailler par exemple dans des tiers-lieux. Il s'agit de leur offrir une alternative au télétravail, qui, s'il est pratiqué à domicile, peut être "générateur de désinsertion professionnelle", a expliqué Bruno Koubi, vice-président du comité national du FIPHFP. Le programme vise aussi à financer des "dispositifs d'accompagnement" des agents en situation de handicap, tel que le coaching, qui pourront les aider à progresser dans leur carrière. La sensibilisation au handicap invisible et le renforcement de l'accessibilité numérique figurent parmi les autres grands axes de ce plan doté aujourd'hui de plus de 13 millions d'euros.
"De nouvelles marges de manœuvre"
Un tel programme est rendu possible par le bol d'air financier que la loi de septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel a donné au FIPHFP. Celle-ci a prévu que le ministère de l'Éducation nationale, jusque-là exonéré de contribution au fonds, participerait désormais à son financement. Le ministère a versé 15 millions d'euros l'an dernier au dispositif. Un montant qui doublera (30 millions d'euros) en 2022. Ces ressources supplémentaires donnent au fonds "de nouvelles marges de manœuvres", s'est félicité Marc Desjardins.
Les contributions des employeurs publics en faveur du fonds se sont élevées l'an dernier à 138 millions d'euros, contre un montant de 106 millions d'euros en 2020.