Fonction publique : centrées sur les salaires, les discussions entre l'exécutif et les syndicats reprennent
Le ministre chargé de la Fonction publique reçoit cette semaine les organisations syndicales pour évoquer en particulier la question de la rémunération des agents. Stanislas Guerini devrait faire des annonces le mois prochain sur des mesures salariales pour faire face à l'inflation.
Après quatre mois de bras de fer sur la réforme des retraites, Stanislas Guerini, le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, et les syndicats renouent cette semaine avec le dialogue, érosion du pouvoir d'achat des agents publics oblige.
La CGT a ouvert le bal ce lundi 22 mai au matin. Le premier syndicat de la fonction publique, pour qui "la page des retraites n'est pas tournée", a appelé à "revaloriser en urgence la valeur du point d'indice pour préserver a minima le pouvoir d'achat". Il exige une hausse rapide de l'ordre de 10% de cet instrument de calcul des traitements des agents publics. Mais, selon Céline Verzeletti, co-secrétaire générale de l'Union fédérale des syndicats de l'État CGT que Localtis a interrogée à l'issue de la rencontre, Stanislas Guerini ne s'est pas engagé sur une revalorisation de la valeur du point d'indice, qui serait synonyme d'augmentation générale au bénéfice des 5,7 millions d'agents publics. Il n'aurait pour autant pas exclu cette piste. Le ministre serait resté dans le flou, indiquant seulement "qu'il faudrait prendre des mesures salariales", rapporte Céline Verzeletti. Le gouvernement entend-il consentir un geste en faveur des agents les plus faiblement rémunérés, comme le ministre l'avait annoncé au moment de la publication de la loi de réforme des retraites (voir notre article du 17 avril) ? Stanislas Guerini "est encore un peu là-dessus", estime la syndicaliste. Le ministre a promis en tout cas d'organiser "une ou plusieurs réunions" en juin, avec l'ensemble des organisations syndicales représentatives (des réunions "multilatérales"). Il ferait à ce moment-là des annonces sur des mesures salariales.
"Le ministre a semblé ouvert à des négociations"
En outre, l'agenda social qui définit les priorités du dialogue entre le gouvernement, les syndicats et les employeurs publics serait "remis à plat" – ce qui était une demande de la CGT. Ce calendrier des discussions, que le ministre avait dévoilé début février, comporte notamment un volet sur "l'accès, les parcours, les carrières et les rémunérations" (voir notre article du 2 mars).
"On veut des négociations, avec un accord de méthode préalable (…) et du grain à moudre pour négocier (…) des propositions sonnantes et trébuchantes", souligne Céline Verzeletti. Point positif pour le syndicat : sur le principe de l'ouverture de telles négociations, le ministre "a semblé plutôt ouvert".
Revalorisation en urgence de la valeur du point d'indice et lancement, ensuite, d'une négociation sur les parcours, les carrières et les rémunérations des personnels : ce sont - en plus de l'abandon de la réforme des retraites - les priorités que l'intersyndicale (CFDT, CFE-CGC, CGT, FA, FO, FSU, Solidaires, Unsa) mettait en avant le 11 mai dernier, dans un courrier au ministre.
Tassement des grilles
Les syndicats sont très inquiets du "tassement des grilles salariales" provoqué par le gel du point d'indice depuis 2010 et la hausse concomitante du Smic. Selon eux, depuis le 1er mai, "plus d’un million d’agents et leurs familles vivent avec le traitement minimum". Tous les agents de catégorie C qui ont jusqu'à 12 ans d'ancienneté - c'est-à-dire ceux qui sont sur les huit premiers échelons - sont rémunérés à un salaire équivalent au Smic, détaille Johan Theuret, cofondateur du groupe de réflexion Sens du service public. Les agents de catégorie B des trois premiers échelons touchent également le minimum de traitement. Enfin, les agents qui se situent au bas de la catégorie A perçoivent 140 euros bruts de plus que le Smic.
Avec la CFDT, le Sens du service public juge qu'une telle situation justifie l'adoption d'une "formule d'indexation de la valeur du point" de la fonction publique. Les traitements ne seraient pas revalorisés en fonction de l'inflation, mais sur la base d'un "indicateur partagé entre les employeurs publics et les partenaires sociaux". Cet outil "donnerait davantage de visibilité pluriannuelle aux agents et employeurs publics et garantirait une rémunération évolutive", plaidaient récemment les deux organisations.
La CFDT sera reçue à son tour, mardi matin, par le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques – de même que Force ouvrière. Suivront l'Unsa et la FSU (mardi après-midi). Le syndicat FA-FP fermera le bal, probablement jeudi après-midi.