Transports - Financement de la LGV Tours-Bordeaux : un médiateur a été nommé
Le Premier ministre François Fillon a chargé Claude Libermann, ingénieur général des Ponts et Chaussées, d'une mission de médiation pour tenter de lever au plus vite les réticences des départements des Landes et de Gironde et d'élus du Pays basque qui rechignent à signer en l'état le protocole de financement de la future ligne à grande vitesse (LGV) Tours-Bordeaux qui implique 58 collectivités. S'il se refuse à évoquer l'abandon du projet, qui doit mettre Bordeaux à deux heures de Paris fin 2016, Dominique Schmitt -préfet de la région Aquitaine et préfet coordinateur du projet LGV Sud Europe Atlantique (SEA)- demande aux réfractaires "une décision dans un délai rapide". Tracé, dessertes, garanties financières, compensations, hostilité des riverains, opposition d'élus sont quelques-uns des écueils que devra lever le médiateur.
Les 7,2 milliards d'euros de l'axe Tours-Bordeaux, pour lequel les acquisitions foncières ont commencé, vont donner lieu à un partenariat public (50% Etat-50% collectivités)-privé (Réseau ferré de France et le concessionnaire). Celui-ci sera désigné "au printemps 2010", selon Pierre-Denis Coux, directeur du projet chez RFF, parmi les trois finalistes (Bouygues, Eiffage et
Vinci) qui ont jusqu'au 15 décembre pour déposer leur dossier.
Côté public, l'essentiel des contributeurs ont déjà donné leur accord. Philippe Madrelle, président PS du département de la Gironde, a promis une enveloppe de 138 millions d'euros. Mais il vient de rappeler au préfet Schmitt que "la signature du protocole financier n'est pas envisageable". Il évoque notamment des incertitudes sur "les caractéristiques du projet" ou sur "le plafond de participation" du département, dans un contexte où l'Etat transfère de plus en plus de charges aux collectivités.
Henri Emmanuelli, son homologue landais, s'il se dit favorable au dossier, fait également part d'exigences en termes de dessertes et d'assurances de remboursement, notamment au cas où les grands projets du Sud Ouest (GPSO), autrement dit les branches Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Espagne ne verraient pas le jour. Plus au sud, les élus du Pays basque sont quant à eux majoritairement opposés à la création d'une ligne nouvelle entre Bayonne et l'Espagne.
"90% du financement du projet Tours-Bordeaux sont bouclés" et sur l'ensemble du projet LGV-SEA, il l'est à "82%", affirme le préfet de région, mais le dossier est "actuellement bloqué".
"Ces réticences ne sont pas nouvelles", seulement "l'Etat ne dispose plus de marge de manoeuvre", estime Dominique Schmitt. Chez RFF, Pierre-Denis Coux se dit surpris mais serein: "On a des solutions, on va s'entendre." Avant d'agiter le chiffon rouge qui agace les
élus: la concurrence avec d'autres projets de LGV, qui pourraient siphonner les financements.
A.L. avec AFP