Géographie prioritaire - Fadela Amara : "Les Cucs seront prolongés en 2010"

La réforme de la géographie prioritaire sera reportée d'un an. C'est ce qu'a annoncé Fadela Amara, la secrétaire d'Etat à la politique de la ville, mardi 12 mai, devant les maires de banlieue qui tenaient leur assemblée générale. Prenant acte d'un "climat de fortes tensions" dans les quartiers, la secrétaire d'Etat est venue "rassurer" les élus. Les contrats urbains de cohésion sociale (Cucs), fer de lance de la politique de la ville, "seront prolongés en 2010 pour avoir un bilan complet sur trois ans", a-t-elle déclaré. "Il faut donner aux collectivités locales le temps d'élaborer un diagnostic pertinent pour élaborer un nouveau dispositif". Les maires craignaient que cette réforme soit menée à bâtons rompus. En effet, le conseil interministériel des villes du 20 janvier avait  prévu un calendrier assez serré : consultation des élus autour du livre vert de mars dernier sur la géographie prioritaire, désignation de deux parlementaires (le député d'Eure-et-Loir Gérard Hamel et le sénateur de l'Aisne Pierre André) pour faire des propositions, circulaire aux préfets du 13 mars 2009 leur donnant jusqu'au 15 mai pour remettre leur copie après une concertation locale. Concertation qui, de l'avis de beaucoup d'élus, n'a pas commencé ! Or, cette réforme de la géographie prioritaire était d'autant plus prématurée, selon les élus, qu'elle nécessite de nouveaux outils statistiques pour évaluer la situation financière des collectivités et déterminer ce qu'est une zone sensible. Car l'objectif de la réforme sera avant tout de concentrer les moyens. "Il faut donner plus à ceux qui en ont le moins", a répété à l'envi, Fadela Amara, jugeant la cartographie actuelle "illisible et complexe", dans le droit fil des rapports récents (Sénat, Conseil national des villes, Cour des comptes, Onzus). Pour la secrétaire d'Etat, l'intercommunalité doit avoir une "action centrale pour voir les besoins réels des populations" et "réduire les écarts entre les territoires". Mais pour l'heure, elle n'a fait qu'ouvrir la boîte de Pandore. "Nous approuvons la concentration des moyens, mais attention à ne pas créer des déserts à côté, beaucoup de villes de banlieue ne sont pas dans les 150 villes les plus pauvres", a insisté Claude Dilain, le président de l'association Ville et Banlieue. Les élus craignent de voir substituée à la solidarité de l'Etat (dotation de solidarité urbaine, dotation de développement urbain) une solidarité horizontale à l'intérieur de l'agglomération. Selon Pierre Cardo, président de l'agglomération des Deux Rives de la Seine, le risque serait de "ghettoïser un peu plus les quartiers". "Les villes riches vont avoir peur de s'acoquiner avec les plus pauvres de crainte de devoir assumer la solidarité financière", estime-t-il.
Pour Ville et Banlieue, qui devrait formaliser une série de propositions à l'attention du gouvernement, la réforme devra conserver le principe contractuel. Toutefois, le futur contrat ne devra pas se limiter à la politique de la ville mais inclure les politiques de droit commun (éducation, transport, logement, etc.) et être signé par tous les ministres concernés. Enfin, il devra être "opposable" et ne pas être "mis à la poubelle dès qu'il y a un nouveau ministre", a insisté Claude Dilain.

 

M.T.

 

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