Face à la crise du logement, le gouvernement en appelle à "l'union sacrée"
Dans la droite ligne des annonces d’Emmanuel Macron en septembre dernier sur la mise en place d’un Conseil national de la refondation (CNR), Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, et Olivier Klein, ministre délégué de la Ville et du Logement, ont donné lundi 28 novembre le coup d’envoi du CNR Logement. Une démarche de concertation dont les conclusions seront rendues publiques en avril prochain.
C’est dans l’écrin du couvent des Récollets, siège de la maison de l’architecture d’Île-de-France et de l’ordre des architectes d’Île-de-France, que le duo ministériel a inauguré lundi 28 novembre le volet logement du Conseil national de la refondation (CNR). Un coup d’envoi qui s’est tenu en présence de François Bayrou, haut-commissaire au plan et secrétaire général du CNR, devant un large panel de représentants de l’écosystème du logement en France. Initié par le président de la République, Emmanuel Macron, en septembre dernier, le CNR se décline donc sur le terrain du logement, sujet incontournable tant il incarne les enjeux sociaux, économique et de transition écologique du moment. Un point sur lequel Christophe Béchu a insisté, rappelant que la nécessité d’intégrer la transition écologique à l’ensemble des problématiques du logement "n’est pas une option" mais davantage une cible vers laquelle "nous devons accélérer nos efforts en termes de baisse d’émissions, (...) de lutte contre l’artificialisation" ou encore "de méthode de construction et de rénovation".
À travers ce CNR Logement, Christophe Béchu souhaite aller vite en traçant une feuille de route d’ici au printemps prochain dans laquelle il appelle "les forces vives du logement en France" à faire preuve "d’audace et d’inventivité". Insistant sur la volonté d’Emmanuel Macron de mettre sur pied un CNR "plein et entier" dédié au logement, Olivier Klein a rappelé à quel point "ce choix s’est imposé avec la force de l’évidence car le logement est l’une des premières questions posées à l’humanité, c’est le reflet du progrès urbain et c’est un puissant levier de la transition écologique". C’est également, a poursuivi le ministre de la Ville et du Logement, "une puissante réponse à la question sociale (...) et une urgence absolue pour un certain nombre de publics fragiles". "Pour tous les Français, fondamentalement, le logement est le cœur battant de leur vie quotidienne !"
Le CNR Logement, "un lieu où on se dit les choses"
Pour ce qui est de la méthode, Olivier Klein a précisé qu’il souhaitait que ce CNR soit "un lieu où on se dit les choses". Avec, en filigrane, un objectif majeur : "loger tous les Français", et ce, quelles que puissent être les difficultés que traversent actuellement les acteurs du secteur, crise énergétique, crise des matières premières, crise de l'offre et même crise de la demande. Un thème sur lequel Véronique Bédague, directrice générale du promoteur Nexity et co-animatrice de ce CNR Logement, n’a pas manqué de lui emboîter le pas : "Nous avons un problème de demande, ce qui n’était pas le cas il y a quelques mois" au point que pour le troisième trimestre 2022 "la demande de logements des particuliers auprès des promoteurs a chuté d’un tiers". Cette double crise trouve ses racines dans les difficultés nouvelles d’accès aux crédits autant que dans l’explosion des coûts de construction ou les contraintes environnementales liées à la lutte contre l'artificialisation des sols. Résultat des courses, les professionnels du secteur, qui avaient mis en chantier 350.000 logements l’an dernier, tablent aujourd’hui sur un volume en baisse, avec 250.000 logements prévus en 2024.
Un mur de l’accessibilité au logement
Quand bien même le CNR Logement n’a pas vocation à produire un énième rapport sur la situation du logement, Olivier Klein a insisté sur la nécessité de "dégager des consensus sur l’état du logement en France, sur les orientations à prendre, sur les équilibres à trouver". Il en appelle donc à l’union sacrée de l’État, des territoires, des bailleurs sociaux, des acteurs du logement, comme du monde économique et associatif. Et pour incarner cette "union sacrée", le ministre a fait appel à "deux figures du logement" : Véronique Bédague (Nexity) et Christophe Robert, délégué général de la fondation Abbé-Pierre (FAB). Au-delà du constat dressé par la directrice générale de Nexity sur la "crise de l’offre", Christophe Robert a souhaité alerter sur les conséquences économiques et sociales de cette crise sur les ménages : "Nous sommes face à un mur sur l’accessibilité au logement d’un point de vue économique, avec l’impossibilité pour un pan entier de la population de pouvoir se loger convenablement." Le représentant de la FAB déplorant du même coup que le logement ait été "le parent pauvre" du précédent quinquennat.
Au final, le CNR logement devra s’articuler autour de trois ambitions qu’a rappelées Olivier Klein : une ambition sociale autour des thèmes de l’hébergement d’urgence et du logement social, une ambition économique avec en toile de fond les questions de la rénovation et de l’augmentation des mises en chantier, puis enfin une ambition écologique prenant en compte la nécessaire adaptation du secteur aux enjeux de la transition. D’ici avril prochain, date où le CNR logement rendra ses conclusions, la concertation s’engagera dans l’ensemble des régions métropolitaines.
Au lendemain du lancement du Conseil national de la refondation dédié au logement, le ministre Olivier Klein s’est rendu à Marseille pour assister aux États généraux du logement organisés par la ville et son maire, Benoît Payan. En réponse aux interrogations locales, le ministre s’est dit "favorable à l’encadrement des loyers" à Marseille "afin d’y garantir des loyers abordables". Un sujet sur lequel il s’est dit déterminé à avancer rapidement, rappelant toutefois qu’il ne s’agissait là que d’une partie de la solution face à l’explosion de loyers constatée dans la ville : "l’encadrement des loyers fait partie de la solution", même si précise Olivier Klein "le moyen d’éviter que les loyers n’explosent, c’est de construire des logements et d’avoir une production plus importante". Dans une optique plus large, le ministre de la Ville et du Logement a également insisté sur la question de la rénovation qui doit devenir plus facile, moins chère et surtout plus rapide. Il a ainsi appelé à "lever les freins à la rénovation de l’habitat en prenant en compte la réalité de l’auto-rénovation et les capacités des acteurs à faire". Il s’agira, notamment, "d’identifier les axes de simplification des parcours de travaux". |