Village ami des ainés, Savigny-le-Sec ouvre la voie (21)

Savigny-le-Sec, en Côte-d’Or, s'engage pour repenser tout ce qui améliore la vie quotidienne des plus de 65 ans. Conscient que sa démarche peut inspirer d'autres petites communes, le village s’est inscrit pour être labellisé par le Réseau francophone des villes amies des aînés et teste un cahier des charges pour adapter ce label aux communes de moins de 2 000 habitants.

Beaucoup d'aînés de la petite commune de Savigny-le-Sec vivent dans des maisons construites dans les années soixante-dix. Des pavillons devenus trop grands pour certains, suite au décès d'un conjoint, énergivores, et peu adaptés à une perte progressive (même légère) de l'autonomie, en raison notamment de la volée de marches pour accéder à l'entrée. Enfin, ces pavillons sont souvent entourés de jardins bien trop grands, qui deviennent de plus en plus difficiles à entretenir sans en profiter… Ce qui fait dire au maire, Jean-Michel Staiger, que « des aînés sont emprisonnés chez eux ». Cela décide l’équipe municipale à imaginer une résidence pour permettre à certains seniors de vivre dans des appartements de 40 à 48 m², de plain-pied, en location, réunis au centre bourg, autour d'une salle et d'activités communes. Le projet est prêt en 2020.

Trouver une méthode

Un projet somme toute classique. Mais le maire ne veut pas s'arrêter là. Réélu à la tête de la municipalité, il veut repenser tout ce qui fait la vie quotidienne, pour voir ce qu'il faudrait changer, ou pas. Savigny-le-Sec n'est qu'à une dizaine de kilomètres au nord de Dijon, la ville où le réseau francophone des Villes amies des ainés (RFVAA) a implanté son siège depuis plusieurs années. Le maire va taper à la porte en 2022. Il explique son projet de lotissement, mis en chantier, et son souhait d'élargir la réflexion pour rendre sa commune bienveillante avec les seniors. Le RVFAA est intéressé, car il cherche à adapter les critères de son label aux communes de moins de 2 000 habitants. L’association prendra à charge le financement de 80 % d’une étude approfondie, menée par le pôle de gérontologie et d'innovation (PGI) de Bourgogne-Franche-Comté. 

L'étape incontournable du diagnostic transversal

Le diagnostic de tout ce qui pourrait faciliter la vie des plus de 65 ans vivant dans la commune est mené de mars à octobre 2023. Cela commence par un état des lieux classique (nombre de personnes de plus 65 ans, etc.). « On connaît notre village et toutes les personnes âgées qui y vivent, mais c'est bien d'objectiver les choses », assure le maire. Ce travail documentaire est complété par un diagnostic participatif. Des entretiens menés en face-à-face avec des habitants âgés, et des groupes de discussion organisés en mairie, ouverts aux habitants et associations, permettent de recueillir les avis, les ressentis, et les attentes. « Ces échanges ne se sont pas limités aux plus de 65 ans, ils ont été ouverts à tous les habitants, et c'est ce qui les a rendus d'autant plus intéressants, car on a pu souvent constater que ce qui pouvait être mis en avant par des aînés l'était aussi par les plus jeunes », note Pascale Brosset, recrutée par la mairie en janvier 2024 pour animer la nouvelle résidence sénior et également coordonner la démarche dans laquelle elle s'était au départ investie à titre bénévole. Ces échanges ont également permis de révéler l’existence de nombreux services, peu ou mal connus. Comme l'entraide bénévole pour emmener des personnes en voiture faire des courses. La somme des paroles recueillies a été analysée par le PGI qui en a rédigé une synthèse avec une série de pistes d'actions.

Bâtir le plan d'action initial

La seconde étape, en cours, consiste à bâtir le plan d'actions. Un nouveau comité de pilotage a été créé pour mener ce travail, composé d'une dizaine d'habitants de plus de 65 ans (dont des représentants d'associations), de quatre conseillers municipaux, du maire et de la coordinatrice. La première réunion s'est tenue mi-mai. « Notre but est maintenant de nous donner des objectifs. Nous sommes en train de valider une première série d'actions retenues, certaines sont déjà mises en route, en nous donnant des délais. Certaines pistes sont plus ou moins réalisables, que ce soit pour des raisons techniques ou financières », relève Pascale Brosset. Ce que confirme le maire. « Il sera difficile d'élargir le trottoir de la rue historique du village et d'y aménager une piste cyclable car les bus ne passeraient plus… », cite-t-il en exemple.

Le comité de pilotage se réunira ensuite au moins deux fois par an, pour évaluer les actions mises en place, faire un point sur l'état d'avancement et en programmer de nouvelles.

Parmi les premières actions retenues, une action « toute simple », celle de compléter les bancs publics en pierre avec des bancs avec dossiers et accoudoirs, et d’en installer aux arrêts de bus, « car les personnes âgées sont souvent très en avance », glisse le maire. Aussi, des sessions de formations pour les séniors pour l’adaptation des logements ont déjà été organisées.

Au cœur du bourg

En parallèle, le projet de résidence senior a lui bien avancé. Et s'est totalement intégré dans la démarche RFVAA. Les clés des 14 appartements ont été remises en juin 2024. Fin avril, dix locataires étaient prêts à emménager. La commune a littéralement fait du porte-à-porte auprès des habitants âgés de la commune pour les informer de l'ouverture prochaine. « Beaucoup ne sont pas encore prêts. D'autres nous ont aussi dit être intéressés davantage pour rapprocher leurs propres parents âgés », relève le maire. Ou simplement pour participer aux activités qui seront organisées à la résidence.

La coordinatrice senior a travaillé à l'offre de services aux résidents (centralisation des commandes de repas, aide aux démarches informatiques, préparations de piluliers avec la pharmacie etc.), à l'organisation de sorties (piscine, cinéma, etc.) et des animations dans la salle « multigénérationnelle ». « Car le but est bien que les animations soient ouvertes sur l'extérieur, à la fois pour favoriser la participation de personnes qui ne souhaitaient pas venir y vivre mais qui étaient intéressées pour y passer des après-midi, comme d'en faire un lieu de vie ouvert aux familles », insiste Pascale Brosset. 

Une démarche subventionnée

Le diagnostic initial a coûté 10 000 euros, pris en charge à 80 % par le réseau Villes amies des aînés. Le solde a été assumé par la commune, soit 2 000 euros.

Les frais de certification par un organisme certifié et indépendant pour obtenir le label RFVAA se montent à 2 400 euros. Ces frais seront offerts par le réseau des Villes amies des aînées en tant que commune test, et sans doute la première commune de moins de 1 000 habitants à être labellisée. Elle devrait subir cet audit, sur la base de 47 critères renseignés. Soit près de trois fois moins que les villes de taille plus importante.

Le poste de la coordinatrice de la résidence, revient annuellement à 15 000 euros (pour 20 heures par semaine). Il est en partie inclus dans les charges des résidents seniors. La commune espère une subvention du conseil départemental et guette les prochains appels à projets.

Commune de Savigny-le-Sec

Nombre d'habitants :

863
3 place de la Mairie
21 380 Savigny-le-Sec
mairie@savigny-le-sec.fr

Jean-Michel Staiger

Maire

Pascale Brosset

Coordinatrice de la résidence et référente Réseau francophone des villes amies des aînés

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