Un festival international de théâtre de rue dans le Cantal (15)

« Le festival de théâtre de rue à Aurillac représente un moment de communion et d’apaisement, essentiel à notre société. Son succès montre le besoin dans nos territoires d’actes culturels de qualité, et qui s’adressent à tous les publics. Preuve de l’acculturation des habitants à cette forme d’art bienveillant et exigeant : ils ne viennent pas au « festival », mais au « théâtre de rue ». C’est un véritable rayon de soleil dans la vie de nos concitoyens, qui doit être soutenu et encouragé », témoigne Pierre Mathonier, maire d’Aurillac, président de la communauté d’agglomération du bassin d’Aurillac (CABA). Véritable pari au moment de sa création en 1986 (la première cérémonie d’ouverture accueillait six personnes sur le parvis de l’Hôtel de Ville), le festival est devenu l’un des plus importants du pays. Porté par l’association ÉCLAT (labellisée Centre national des arts de la rue et de l’espace public), il a accueilli en 2024 près de 6 000 personnes pour l’ouverture, 220 000 festivaliers pendant quatre jours (40 % de plus que l’année précédente), répartis sur 130 lieux de représentation. De plus, 44 % des festivaliers, hors Aurillac, sont venus du Cantal.

Champ libre : le festival dans les communes voisines

L’association ÉCLAT porte le festival et les arts de la rue tout au long de l’année. Elle accueille des artistes en résidence ; elle aide à la production culturelle sur le territoire ; mène des projets d’action culturelle en milieu éducatif, social, médico-social, judiciaire… Forte d’une dizaine de permanents, elle embauche pour l’évènement environ deux cents personnes, via des contrats de quatre jours à deux mois. En 2024, 20 compagnies officielles rémunérées par ÉCLAT ont été reçues, ainsi que 600 compagnies de passage qui se déplacent à leur frais. 

Quant au budget, le prévisionnel d’ÉCLAT s’élève pour 2024 à 2 600 000 euros dont 2 165 000 euros de subventions allouées par l’État (via la Direction des affaires culturelles), la région, le département et la CABA. La ville d’Aurillac pour sa part apporte un soutien logistique, ainsi que 34 emplois d’été.

Depuis quelques années, la diffusion s’est élargie au-delà d’Aurillac à travers Champ Libre : en accord avec les communes, l’association définit une programmation présentée sur les scènes communales. En 2025, 25 communes, pour certaines distantes de 70 kilomètres d’Aurillac, se sont inscrites dans ce dispositif. Frédéric Rémy, directeur d’ÉCLAT : « Le festival a pour vocation de s’inscrire au plus près du territoire. Par ce rapprochement entre l’offre culturelle et un public éloigné, le festival devient un véritable outil de démocratisation sur un territoire rural. »

L’art dans l’espace public 

Pour le maire, « le spectacle vivant dans l’espace public fonctionne avec tout le monde. Parce que cet art est de qualité et populaire, parce que les barrières s’estompent, la magie opère ». De fait, l’espace public est un espace commun partagé par toutes les catégories socioprofessionnelles, toutes les générations, tous types de personnes. Le public fait son choix, se laisse surprendre, parfois saisir, par une émotion, une découverte. « En cela, les arts de la rue, avec des artistes en lien direct avec le public, sont une manifestation de la culture ouverte, partagée, inclusive sur notre territoire », précise Frédéric Rémy.

Les retombées économiques

La notoriété du festival d’Aurillac se lit dans les chiffres du tourisme : l'Office de Tourisme du Pays d'Aurillac estime à 90 %, le taux de remplissage des gîtes et hôtels, avec des touristes espagnols, anglais, hollandais, qui séjournent et consomment avant et après les quatre jours. L’emploi profite aussi du festival, puisque la ville embauche 80 à 90 personnes en plus de ses services, de même que la CABA, tandis que les métiers de bouche et les distributeurs ont besoin de personnel supplémentaire. Mais l’enjeu économique se situe aussi dans la valorisation de la création artistique elle-même, explique Pierre Mathonier. « En venant au festival, les compagnies off font un investissement. Elles montrent leur travail et se font un nom auprès des programmateurs qui viennent chercher des spectacles. Les achats de ceux-ci représentent plusieurs millions d’euros et sont indispensables à la viabilité économique des compagnies. »