À Mériel, des soirées « Adopte ton maire » (95)

« Tout a commencé par un post Facebook de voisins qui s'invitaient pour un repas, explique Jérôme François, maire de Mériel depuis 2020. En plaisantant, j'ai indiqué que j'aurai un peu de retard et je me suis invité à la soirée ! J'ai finalement parlé cinq heures avec eux sur des sujets variés. Je me suis rendu compte que c'était un format très intéressant. »

De retour de cette rencontre, le maire cherche un concept qui lui ressemble pour poursuivre ces « réunions d'appartement ». Cet élu extraverti qui pratique le théâtre d'improvisation et « adore aller au contact des gens » décide alors d’acquérir le nom de domaine « AdopteTonMaire.com ». Il fait réaliser une affiche de communication décalée, réserve deux soirées par mois dans son agenda et lance l'offre en direction de ses concitoyens. « Le principe est très simple : les volontaires demandent à adopter le maire pour une soirée en réservant auprès de mon secrétariat. Ils rassemblent un petit groupe de 8 à 12 personnes chez eux, j'apporte les cacahuètes, j'amorce la première question après un tour de table et c'est parti ! » Bien souvent pour plusieurs heures...

Même si le ton peut monter, un vrai temps d'explication

Les gens se regroupent souvent par secteur géographique (les riverains d'un projet de construction par exemple), par famille, mais aussi par profession, comme avec les assistantes maternelles récemment. Le maire, qui ne recule pas devant le débat, apprécie ces échanges directs, émis par tous les profils et toutes les catégories de population. « La table est propice à l'échange, on se dit les choses plus facilement, même si le ton peut parfois monter ! Dans ce cadre, ce n’est pas la même démarche que de venir se plaindre ou déposer une réclamation à la mairie. C'est différent d'une demande qui atterrit sur mon bureau de maire, traitée comme un problème à résoudre. »

Des sujets d'échange variés

Depuis le lancement, fin 2023, tous les créneaux proposés ont été réservés. Le maire analyse les sujets abordés : « le logement social revient très régulièrement dans une commune où nous essayons d'atteindre les 25 % réglementaires ; cela bouscule un peu notre ville pavillonnaire ». Pour ce qui concerne l’urbanisme, la question de la densification est aussi discutée. Les sujets de sécurité routière ou de place des trottinettes dans l'espace public sont également prégnants, tout comme l'éclairage de nuit, suite à l'instauration d'une coupure nocturne. On peut aussi parler cambriolages : « Certains imaginent que le maire s'occupe de tout et peut tout régler ! »

Des sujets du quotidien aux sujets plus structurants

Ces échanges éclairent le quotidien sous un nouvel angle et déclenchent parfois des réponses rapides : « On peut décider de mettre une voie en sens unique pour régler un problème de sécurité routière, créer un nouveau rendez-vous de relais d'assistantes maternelles pour un secteur géographique mal couvert ou faire de la sensibilisation à l'usage des trottinettes auprès des jeunes collégiens pour faire évoluer les comportements. » Pour les projets plus structurants, « je viens décrypter, expliquer la hiérarchie des normes, les contraintes de l'action publique. On ne peut pas faire ça dans un post Facebook. Il y a ainsi une bonne compréhension dans les deux sens, un vrai temps d'explication sans simplisme. »

Une Marianne d'or pour récompenser l'initiative

Pour cette idée pragmatique et efficace, le maire de Mériel a été largement relayé par les médias et gratifié d'une Marianne d'or. « Au milieu d'élus récompensés pour des actions structurantes sur l'environnement par exemple, mon initiative simple peut sembler dérisoire ! » Mais à y regarder de plus près, le rôle du maire ici fait sens. Il se rend chez ses voisins pour écouter leurs doléances, qui sont liées à leur vie de tous les jours, et il se sent pleinement légitime à recueillir leur parole, dans l’exercice de son mandat en sa qualité d’élu de proximité…

Fort de ce lien direct créé avec « Adopte ton maire », Jérôme François imagine déjà un nouveau lieu pour échanger avec ses concitoyens : « Et si je créais la tif-partie ? Pendant mon rendez-vous de coiffeur, je pourrais répondre aux questions des habitants... Le coiffeur, c'est le lieu par excellence où l'on parle de la vie de tous les jours ! »