Limésy, commune pionnière de la sobriété foncière (76)

En avance sur le calendrier de la démarche « Zéro artificialisation nette », cette petite commune normande a choisi le recyclage foncier comme axe principal de sa stratégie de revitalisation, construisant des logements ou des services sur des bâtisses abandonnées.

Tout a commencé par la conversion d’une ancienne friche industrielle et tertiaire en entrée de bourg. Accompagné par la commune de Limésy, un promoteur privé l’acquiert en 2014 et la transforme en un complexe commercial qui regroupe une boulangerie, une boucherie, une supérette et une pharmacie et un salon d’esthétique. Élu maire en 2014, Jean-François Chemin avait mis son veto à un projet initial de « casse automobile » sur cette friche : une telle activité en entrée de ville n’aurait guère été attractive. 

En s’installant dans ce complexe, le boulanger avait quitté un local de 160 m2 qu’il occupait au centre-ville. La municipalité, à l’affût de tout foncier disponible, avait saisi au bond cette opportunité. En 2015, avec le bailleur social Logéal, elle avait converti le local en une maison d’assistantes maternelles (MAM) avec un appartement locatif à l’étage.

Deux écoles regroupées et agrandies

Autre opération illustrant la stratégie de recyclage foncier : l’extension de l’école primaire, grâce à un corps de ferme à l’abandon jouxtant la parcelle. Outre la mise à profit de l’espace offert par cette ancienne bâtisse, un étage a été construit au-dessus d’une classe et du préau, ce qui a permis de créer deux nouvelles salles de classe et de rapatrier l’école maternelle pour faire un site scolaire unique.

« Pour maîtriser son développement, il faut en premier lieu avoir la main sur son foncier, constate Jean-François Chemin. Mes prédécesseurs ont fait preuve d’anticipation en acquérant plusieurs parcelles autour du bourg. » Ainsi, en 2007, la commune avait acheté un terrain de 10 000 mètres carrés avec des bâtiments vacants depuis longtemps. En 2021, ce site est devenu un nouveau quartier, le Clos du Noyer, composé de 22 logements neufs et de deux logements réhabilités dans l’ancienne bâtisse. Un an plus tard, la nouvelle bibliothèque a ouvert au Clos du Noyer. En proposant des logements et des équipements publics, en agrandissant l’école, le maire devance la demande de familles vivant par exemple à Rouen, située à 15 minutes de là, qui cherchent un cadre de vie de qualité et un immobilier plus accessible. 

Offre paramédicale, logements et bureaux

Récemment, la mairie a jeté son dévolu sur une maison en ruines qui était en vente à deux pas de l’Hôtel de Ville. Logéal a acquis la parcelle de 1 500 mètres carrés pour y construire un ensemble mêlant un plateau technique de cinq « cases commerciales », un premier étage de 70 mètres carrés de bureaux pour la mairie (à laquelle ils sont reliés par une coursive) et un second étage où six logements ont vu le jour. Le plateau technique est devenu une « maison du bien-être » proposant une offre paramédicale et de médecines douces, qui complète le pôle médical présent dans la communauté de communes de Caux Austreberthe, dont Limésy fait partie.

Maîtriser la destination du bâti

C’est la municipalité qui a financé le plateau technique et les bureaux qu’elle va occuper. « Nous percevons des loyers mensuels, fixés de manière modique, pour les cases commerciales de la maison du bien-être, témoigne le maire. Nous avons voulu être propriétaires pour maîtriser la destination et pérenniser les activités, grâce à des loyers modestes. »

Un quartier intergénérationnel en gestation

Enfin, un autre projet va sortir de terre courant 2025 sur une réserve foncière communale de 2 hectares classée en « zone à urbaniser » dans le plan local d’urbanisme. Cette fois-ci, la ville s’est associée à un aménageur-promoteur privé pour construire une cinquantaine de T2 ou T3 - dont une quinzaine de maisons mitoyennes - avec des espaces communs. Et ce, afin de répondre à la demande de petits logements qui font défaut sur le territoire intercommunal.

« 45 à 50 logements sur deux hectares, cela représente une bonne densité en milieu rural ; c’était un de nos critères principaux, avec celui de la mixité », expose Jean-François Chemin. La mixité sociale sera favorisée par la diversité du programme qui mêlera du prêt social location-accession (PSLA), du logement locatif social et de l’accession classique. Les petits pavillons pourraient attirer des seniors isolés et des jeunes familles, assurant une mixité générationnelle.

À ce jour, la municipalité n’a plus de réserves foncières. D’où un travail mené en partenariat avec l'Etablissement public foncier local (EPFL) de Normandie, qui acquiert des parcelles stratégiques en cœur de bourg et en fait le portage avant de les rétrocéder à la commune en 2026-2027. L’anticipation, encore et toujours.

La commune en chiffres

  • Superficie de la commune : 15,1 km2
  • Quartier du clos du Noyer : 22 logements sociaux, dont 14 maisons mitoyennes et un immeuble de huit appartements de type T3 avec des jardinets au rez-de-chaussée.
  • Composition de la maison du bien-être : quatre kinésithérapeutes, quatre infirmières, une orthophoniste, un salon de massage prénatal/postnatal pour mère-enfant, deux psychologues.
  • Coût d’acquisition par la commune du plateau technique de la maison du bien-être et des bureaux : 1,28 million. Soit un remboursement d’un emprunt de 52 000 euros par an, pour un montant annuel des loyers perçus des « cases commerciales » de 42 000 euros.
  • Le financement des programmes se fait sur fonds propres mais aussi en allant chercher diverses subventions : État, FEDER, Fonds de soutien pour l’investissement public local (FSIL), conseil départemental, fonds de participation de la communauté de communes, appel à projets de l’Ademe pour la revitalisation des centres bourgs en 2015-2016…

Commune de Limésy

Nombre d'habitants :

1540
89 Grande Rue
76 750 Limésy
commune-limesy@wanadoo.fr

Jean-François Chemin

Maire

Pour aller plus loin

 

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