Lattes : adapter les logements pour faciliter le maintien à domicile (34)

« Lorsque j’exerçais, j’ai souvent constaté que c’était un environnement et un habitat peu adaptés à la perte d’autonomie des résidents qui les contraignaient à vivre en établissement. Or quitter son domicile est difficile », témoigne Éric Pastor, adjoint délégué au CCAS de Lattes, masseur-kinésithérapeute de formation. Pour soutenir l’autonomie de ces personnes, nous avons mis en place en 2009 le service l’Étape du Pôle Autonomie Santé, géré par le CCAS. » Labellisé Centre d’Informations et de Conseils sur les Aides Techniques (Cicat), dès sa création, il bénéficie d’une équipe polyvalente, ce qui en fait toute sa force. Les professionnels accueillent et apportent un accompagnement complet et gratuit à des personnes handicapées ou en perte d’autonomie, ainsi qu’à leurs aidants et aux professionnels du soin. L’équipe analyse leur situation, émet des préconisations d’aménagement de leurs habitations et peut même leur faire tester dans ses locaux des aides techniques (douches, portes, sièges, vaisselle adaptée…), sans visée commerciale. L’équipe peut aussi les guider dans la recherche de financements. Au fil des années, elle tisse des liens avec de nombreux corps de métiers (soignants, artisans, distributeurs, installateurs de domotique…) et renforce ainsi son expertise de l’autonomie à domicile et en milieu professionnel. Depuis 2010, ce service d’accueil et de conseil est ouvert à tous les habitants de l’Hérault. Sur rendez-vous, les usagers peuvent tester les aides techniques dans les locaux du Pôle mais aussi à leur domicile.

Une conception collective des aides techniques

Le Pôle va aussi développer plusieurs entités comme un Living Lab. Cette méthodologie permet d’intégrer les besoins de l’usager final dans la conception et l’évaluation des matériels et des services. Sont impliqués, les utilisateurs, les associations d’usagers, les inventeurs, fabricants et distributeurs, les start-up, les réseaux sanitaires, médico-sociaux et institutionnels ainsi que le monde de la recherche (Universités, écoles d’ingénieurs…) et du développement économique (métropole de Montpellier, Agence Ad’Occ, CCI…). « C’est un véritable laboratoire vivant de la coconstruction. Et les entreprises sont très friandes de nos retours en matière d’usage », témoigne l’édile.

Depuis 2021 et au moins jusqu’à fin 2024, le Pôle fait partie des 24 équipes retenues par la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA), pour expérimenter le dispositif EqLAAT (Équipe locale d’accompagnement sur les aides techniques). Cette action, menée avec le soutien de la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam), permet désormais au Pôle de se déplacer à domicile sur tout le département de l’Hérault. 930 familles ont ainsi été rencontrées chez elles depuis le début de l’expérimentation.

Une implication nationale du Pôle

Le Pôle exerce par ailleurs une veille technologique et documentaire, met en place des actions de sensibilisation, recueille et analyse les besoins des publics en perte d’autonomie, réalise des études d’usage et d’acceptabilité, à domicile ou dans ses locaux, anime des journées thématiques d’échanges et de démonstration… « Nous travaillons aussi sur le design des aides techniques, afin de les rendre le moins stigmatisantes possible, notamment pour un public plus jeune », poursuit l’édile. Pour mener à bien toutes ses activités, le Pôle est en interaction permanente avec les professionnels du monde du handicap, de la gérontologie, de la recherche, de la fabrication/distribution des aides techniques, du développement économique et du secteur de l’habitat. Il contribue aussi aux orientations portées par les institutions et les collectivités, et s’investit dans des dispositifs nationaux via des partenariats avec la CNSA, la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav), la silver économy et la délégation au handicap du ministère de la Santé et des solidarités.

Un budget à l’équilibre

Le Pôle est installé depuis 2013, dans un local plus grand que celui de la mairie où il était initialement installé. Sur une surface de 350 m2, en cœur de ville, ont pu être aménagés un showroom qui compte aujourd’hui plus de 400 aides techniques et technologiques en démonstration ainsi que deux salles de formation également équipées et qui peuvent être louées sur demande aux professionnels de la filière. En 2023, l’équipe est constituée d’un directeur (Sébastien Bayol), de cinq ergothérapeutes, une référentes sociale, une chargée de développement, une agente d’accueil et d’orientation sociale et une chargée de la communication et des relations publiques. Pour l’année 2023, le pôle a reçu 3 300 contacts et accompagné 1 200 personnes, en majorité des professionnels (60 %). « 80 % de nos préconisations sont suivies de l’utilisation effective et durable d’un matériel », se félicite le maire adjoint. Le budget annuel de fonctionnement de 500 000 euros est financé par le Conseil départemental et la maison départementale des personnes handicapées (MDPH) (90 000 euros), le dispositif EqLAAT (300 000 euros), la Carsat ainsi que par les ressources liées aux différents projets, aux conventions signées avec des partenaires, la location des salles ainsi que des rémunérations aux coûts réels.

Bientôt un nouveau Pôle de 2 700 m²

En 2025, le Pôle déménagera dans un bâtiment de 2 700 m² qui regroupera diverses activités, entreprises et acteurs du secteur de l’autonomie. Il sera constitué d’un showroom de 460 m², d’un atelier FabLab de 150 m², d’un amphithéâtre d’une capacité de 150 places, d’un hébergement d’entreprises en lien avec l’autonomie, d’un espace de coworking destiné aux professionnels de la filière et de quatre salles de formation. « Tous ces projets engagés depuis le début n’ont été possibles que grâce à un lien étroit entretenu avec le conseil départemental afin de s’assurer de la complémentarité de nos services, souligne le maire adjoint. Notre objectif est de déstigmatiser la perte d’autonomie, en créant un environnement accueillant pour encourager les personnes à venir nous voir, afin de prévenir et sensibiliser aux risques liés à la perte d’autonomie. »