Dans l’Ain, quarante ans de cinéma itinérant dans les villages (01)

Dix-neuf communes du département de l’Ain constituent le circuit de cinéma itinérant animé par l’association Cinéma rural Bresse Revermont. Un réseau aussi vivant que vivace, qui fête ses quarante ans en septembre 2024.

« Nous avons rejoint le réseau en 2022, parce qu’il me semblait qu’une part de notre population n’avait pas accès au cinéma : les familles les plus démunies qui reçoivent des aides, mais non dédiées à la culture ; les personnes vivant dans les maisons de retraite ; les élèves… », explique Patricia Zoppi,première adjointe de Pont-d’Ain, en charge des associations, des sports et de la culture.

Aussitôt dit, aussitôt fait ! L’élue pondinoise contacte Daniel Brochier, ancien maire de Drom, président de l’association Cinéma rural itinérant Bresse Revermont, qui ajoute la commune au circuit : « La clé de voûte de notre association repose sur les bénévoles des 19 communes, soit l’équivalent de trois temps pleins. Nous ne recevons aucune subvention et n’avons aucun salarié ». Pour chaque nouveau site de projection, l’association monte un dossier d’autorisation, avec l’accord de la commission sécurité, le plan de la salle, l’accord des cinémas professionnels alentour.

Concrètement, la commune qui rejoint le réseau doit mettre gracieusement à disposition une salle pouvant accueillir du public et une équipe de bénévoles qui se charge de la communication : courriels, panneaux, réseaux sociaux, communiqués municipaux… L’association quant à elle s’occupe de la sélection des films, de la définition du programme, de la gestion du matériel, des autorisations et relations avec les institutions, le Centre national du cinéma (CNC) notamment et les distributeurs.

Choisir les films

Chaque commune est membre de l’association et s’exprime, à raison d’une voix par commune, au cours des quatre conseils d’administration annuels, en plus de l’assemblée générale. Chacune propose plusieurs films, et chaque film se voit ensuite attribuer une note, entre un et cinq. Le total des points, croisé avec le nombre de communes qui ont voté pour le film, fait la différence. Ainsi, un film qui aura reçu moins de points, mais un plus grand nombre de votants, pourra être retenu !

Quant à la technologie, le cinéma est passé du 16 au 35 mm au moment de la création de l’association, puis au numérique en 2014. L’ensemble de ce matériel est transporté dans un véhicule dédié, acquis par l’association : « Cela a représenté un budget de 60 000 euros financé par le CNC, la région, le département et la réserve parlementaire. Et d’ici deux ou trois ans, nous devrons investir dans la nouvelle génération de matériel laser », précise Daniel Brochier.

Les clés du succès

Sans conteste, la passion pour le cinéma et l’engagement sans faille des bénévoles explique la longévité de cette offre de cinéma itinérant. Sans doute aussi l’organisation et la gestion mises en place par l’association : chaque film est disponible pour trois semaines, donnant lieu à 23 séances en moyenne, certains villages assurant deux projections. Le coût de la séance permet à la fois un large accès et un budget viable : 4 euros par adulte, 2 euros pour les moins de 14 ans. Après paiement au diffuseur et à la Sacem, et tous frais de fonctionnement déduits, l’association reçoit entre 0,5 et 1 euro par billet.

Un complément au cinéma

La crise du Covid a, bien entendu, contribué à développer le streaming et les loisirs à domicile. « Nous proposons depuis quelques années des avant-premières : trois fois, nous avons présenté un film avant sa sortie nationale et rencontré un vif succès », précise Daniel Brochier, qui s’appuie sur ses relations avec les diffuseurs pour montrer les films, le plus souvent possible, très vite après leur sortie nationale.

Selon Christian Fèvre, élu de Hautecourt-Romanèche (780 habitants, 3 bénévoles) : « en comparaison avec les années quatre-vingt, nous voyons plutôt augmenter la fréquentation des cinéphiles qui attendent la programmation pour voir un film dans leur village et voir les autres films à Bourg-en-Bresse. Mais nous avons aussi des personnes qui viennent parce qu’elles ne quitteront pas le village pour aller au cinéma. D’ailleurs, depuis quarante ans, aucune équipe municipale n’a remis en cause la participation de la commune à l’association. » Au-delà du film, c’est un moment convivial, une occasion de lien social que vivent les habitants du village et des communes environnantes.

Les élus de Pont-d’Ain constatent ainsi une participation de 20 à 50 personnes selon les films (100 spectateurs pour « Le Chat Potté »). Une fréquentation qui devrait reprendre son évolution ascendante, après l’arrêt lié à la restauration de la salle des fêtes. À l’avenir, le travail avec les écoles permettra aux élèves de Pont-d’Ain et à leurs professeurs de bénéficier des projections.

Les chiffres du cinéma itinérant de la Bresse et du Revermont

  • 40 ans
  • 548 films
  • 19 communes
  • 292 000 entrées

Association Cinéma rural itinérant Bresse Revermont

Commune de Pont-d’Ain

7 rue Louise de Savoie
01 160 Pont-d’Ain
mairie@pontdain.fr

Patricia Zoppi

Première adjointe, en charge des associations, des sports et de la culture

Commune de Hautecourt-Romanèche

Nombre d'habitants :

578
37 Route de Neuville
01 250 Hautecourt-Romanèche

Christian Fèvre

Maire-adjoint

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