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Sports / Sécurité - Euro 2016 : les fans-zones seront maintenues... au cas par cas

Le principe des fans-zones durant l'Euro 2016 de football, du 10 juin au 10 juillet prochains, est maintenu mais ce maintien ne sera effectif qu'après étude au cas par cas, dans chacune des dix villes-hôtes de la compétition. Cette décision a été prise mardi 24 novembre lors d'une réunion du comité de pilotage auquel participaient Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, Patrick Kanner, ministre des Sports, Thierry Braillard, secrétaire d'Etat aux Sports, Alain Juppé, maire de Bordeaux et président du club des villes-hôtes, et Jacques Lambert, président d'Euro 2016 SAS, société organisatrice de la compétition.
Sujet extrêmement préoccupant dans le contexte actuel, la sécurité des fans-zones avait été mise sur le devant de la scène par le collège du Conseil national des activités privées de sécurité (Cnaps). Dans un communiqué du 19 novembre, cet organisme placé sous la tutelle du ministère de l'Intérieur demandait "fermement la suppression des fans-zones, dès lors qu'elles ne pourraient pas être prises en charge directement par les organisateurs avec leurs moyens propres".

Chantage économique ?

Dans un entretien accordé à Localtis (lire ci-contre notre article du 23 novembre 2015), Alain Bauer, président du Cnaps, martelait que "les effectifs pour la sécurité des fans-zones de l'Euro 2016 n'existent pas". En réponse, Jean-François Martins évoque un chantage économique : "Les sociétés de sécurité privées jouent la raréfaction de la main-d'oeuvre depuis le début pour faire grimper les prix pendant l'Euro", affirmait l'adjoint au maire de Paris chargé des sports dans un tweet du 23 novembre.
Le comité de pilotage du 24 novembre a donc clarifié les choses. Si les fans-zones sont maintenues, ce ne sera qu'au par cas. Chaque ville-hôte de la compétition devra respecter à la lettre l'instruction interministérielle du 5 mars 2015 portant sur les conditions d'organisation et de sécurisation des fans-zones (lire ci-contre notre article du 19 mars 2015). Les contrats que les villes vont nouer avec les opérateurs privés dans les semaines à venir seront donc étudiés à la loupe. "Si les villes ne se conforment pas exactement aux dispositions de la circulaire, les fans-zones seront interdites", commente une source ministérielle. Par ailleurs, dans les villes-hôtes mais aussi partout en France, aucun écran géant dans un lieu ouvert ne sera autorisé à l'occasion de l'Euro 2016.

Les surcoûts partagés entre l'Etat, les villes et l'UEFA

Autre point d'interrogation levé à l'issue du comité de pilotage : l'Etat reste en dehors du dispositif de sécurité des fans-zones. Cette sécurité étant assurée, conformément à l'instruction du 5 mars 2015, par les villes-hôtes et leurs prestataires privés. En revanche, les coûts supplémentaires engendrés par le renforcement des dispositifs de sécurité devraient être répartis entre l'Etat, les villes-hôtes et Euro 2016 SAS (filiale à 95% de l'UEFA).
Actuellement, la situation des différentes villes-hôtes sur la question des fans-zones est très disparate. A Toulouse, par exemple, le dossier semble au point mort. En butte à des difficultés budgétaires, la mairie n'a reçu aucune réponse à son appel d'offres pour l'organisation d'une fans-zone, lancé en mars dernier.

Bordeaux prête à réduire la voilure

Autre situation à Bordeaux, la ville d'Alain Juppé, où le dossier est, comme à Paris, bien avancé. Le dispositif prévoit actuellement trois zones : une pour voir les matchs de l'Euro 2016 sur écran géant, une pour la restauration et la gastronomie, et une dernière dédiée au programme d'animation pour lequel 85 projets ont été sélectionnés. Le budget prévu à ce jour se situe entre deux et trois millions d'euros et sera pris en charge par la métropole. Il reste toutefois à évaluer le potentiel humain en termes de sécurité pour un espace - la place des Quinconces - capable de recevoir 80.000 personnes. "Si on n'a pas les conditions de sécurité pour assurer cette capacité d'accueil, on va la réduire, prévient Arielle Piazza, adjointe au maire de Bordeaux chargée des sports. Notre inquiétude est de voir se former ailleurs des regroupements qui seraient plus difficiles encore à sécuriser. Il faut donc absolument maintenir la fans-zone."
Prévues dans le cahier des charges de l'UEFA, les "fans-zones" doivent en principe être mises en place dans chacune des dix villes-hôtes de l'Euro 2016. Elles doivent pouvoir rassembler en accès libre et gratuit de 30.000 à 120.000 personnes selon les sites, soit de 5 à 7 millions de spectateurs durant tout le mois de la compétition, autour d'écrans géants diffusant les matchs, de lieux de restauration et de programmes de divertissement.