Eté 2020 et jeunes désoeuvrés : un plan Etat-collectivités commence à se dessiner
SIx ministres ont planché le 3 juin avec les associations d'élus sur l'organisation de l'été pour les enfants et jeunes qui ne partiront pas en vacances. Si une plateforme visant à faciliter le départ en colonie sera prochainement lancée, l'enjeu majeur résidera dans l'organisation d'activités éducatives, culturelles, artistiques, sportives, en lien avec les établissements scolaires, les associations et autres acteurs du territoire, en particulier pour les quartiers prioritaires de la politique de la ville. L'association France Urbaine demande un soutien fort de l'Etat à travers différents canaux, dont un fonds dédié qui serait géré localement. Parallèlement, d'ici l'été et dans la perspective de la rentrée de septembre, Jean-Michel Blanquer espère une montée en puissance rapide du dispositif 2S2C.
Pour préparer l'été et offrir des solutions aux jeunes qui ne pourront pas partir en vacances cette année, les ministres Jean-Michel Blanquer (Education nationale et Jeunesse), Jacqueline Gourault (Cohésion des territoires et Relations avec les collectivités territoriales), Franck Riester (Culture), Roxana Maracineanu (Sports), Julien Denormandie (Ville et Logement) et Sébastien Lecornu (Collectivités) ont échangé le 3 juin avec les associations d'élus. Parmi les jeunes particulièrement ciblés : ceux des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), principalement les enfants des écoles primaires et des collèges.
Plusieurs dispositifs - "vacances apprenantes", "école buissonnière" ou "école des loisirs" - ont été évoqués par Jean-Michel Blanquer, dans la perspective de permettre à des enfants décrocheurs de rattraper des lacunes exacerbées pendant le confinement. Les jeunes accueillis pourront intégrer des colonies de vacances, partir à la campagne ou accéder à des activités sportives, artistiques, culturelles et éducatives dans les quartiers. Des collèges et lycées professionnels resteraient également ouverts les 15 premiers jours de juillet et les 15 derniers jours d'août avec des enseignants présents pour proposer des initiations à certains métiers.
Le ministre de l'Education nationale et de la Jeunesse aurait également annoncé le lancement prochain d'une plateforme destinée à mettre en relation les jeunes avec des collectivités proposant des lieux d'hébergement et des colonies de vacances. Depuis les annonces du 28 mai dernier sur la phase 2 du déconfinement (voir ci-dessous notre article du même jour), les organisateurs de colonies et de camps de jeunes peuvent enfin préparer l'été avec davantage de certitude.
17 propositions de France Urbaine
Alors qu'elle organisera le 9 juin une réunion avec différents acteurs ministériels, institutionnels et associatifs visant à recenser les attentes et initiatives territoriales sur cet enjeu de prise en charge estivale des jeunes, l'association France Urbaine a publié le 3 juin 17 premières propositions ayant "vocation à être alimentées par les différentes parties prenantes". Parmi ces dernières : l'allègement du protocole sanitaire pour les acteurs concernés, la réouverture des piscines, espaces de baignade, bases de loisirs et parcs, le renforcement des activités "hors les murs" en particulier dans les quartiers, ou encore un accès facilité du point de vue financier à des stages BAFA pour mobiliser dès cet été de nouveaux animateurs et la tenue "d'autres formations indispensables" telles que le permis de transports en commun.
Sur le plan financier, France Urbaine propose l'octroi d'une "carte famille Eté 2020" offrant des réductions sur les déplacements, le logement et les séjours en camping, le renforcement du dispositif des chèques vacances - qui est déjà envisagé par le gouvernement -, l'abondement des financements CAF, ou encore la mise en place d'un "fonds financier national et territorial, géré localement, permettant d'aider les familles à faire bénéficier les enfants de séjours, d'accueil, de loisirs thématiques ou apprenants, et rendant possibles des partenariats culturels, éducatifs ou sportifs". L'association appelle également l'Etat à soutenir financièrement davantage les organisateurs de séjours et d'accueil de loisirs, les dispositifs de médiation sociale et le tissu associatif. Des préconisations qui rejoignent celles du groupe de travail Covid-19 "Jeunesse et vie associative" du Sénat, qui a appelé le 28 mai à la mise en place d'un fonds interministériel pour les associations en grande difficulté financière et à miser davantage sur le service civique pour accompagner les jeunes dans l'immédiat après-crise.
2S2C : 1.000 conventions bientôt signées
La réunion du 3 juin entre les ministres et les associations d'élus a également été l'occasion d'échanges sur le dispositif 2S2C (sport santé culture civisme). Alors que le démarrage ne se fait pas sans hésitations et interrogations de la part des collectivités (voir notre article du 3 juin 2020), Jean-Michel Blanquer aurait évoqué une pérennisation de cette nouvelle modalité de prise en charge des élèves dès la rentrée de septembre. Pas de quoi enthousiasmer les représentants d'élus, échaudés par les difficultés de mise en œuvre de la désormais lointaine réforme des rythmes scolaires. "M. Blanquer a expliqué qu'il fallait se débarrasser d'un cloisonnement strict entre scolaire et périscolaire", a indiqué à l'AFP Agnès Le Brun, représentant l'Association des maires de France (AMF), pour qui il s'agit "d'un changement de paradigme avec lequel on prend le risque de l'inégalité territoriale".
A l'occasion d'un déplacement dans une école de Vincennes ce 4 juin, le ministre de l'Education nationale et de la Jeunesse a indiqué que 1.000 conventions 2S2C auront été signées avec des communes d'ici vendredi soir. "Plusieurs centaines de communes se sont déjà engagées dans ce dispositif : des grandes villes (Arles, Bordeaux, Le Havre, Marseille, Strasbourg…) comme de petites communes. De nombreuses autres communes et inter-communautés s’engageront dans les prochains jours, comme Avignon, Caen, Toulon", précise le ministère dans un communiqué de ce jour qui rappelle les principes du dispositif et les partenariats mobilisables. "On est au début du dispositif, a estimé Jean-Michel Blanquer. Tout au long du mois de juin on va signer d'autres conventions".