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Et si le contournement de la carte scolaire dans les quartiers prioritaires participait à leur mixité sociale ?

Dans les quartiers de la politique de la ville, un enfant sur dix va dans le privé à son entrée en 6e. Une menace pour la mixité à l'intérieur des collèges publics, mais la préservation d'une certaine mixité sociale dans le quartier, avance une étude sur l'évitement de la carte scolaire publiée par l'Observatoire national de la politique de la ville. Une position à verser au débat sur la réforme à venir de l'éducation prioritaire.

11% des enfants habitant dans un quartier prioritaire de la politique de la ville qui entrent en 6e le font dans un collège privé*. C'est moins que pour les enfants résidant dans une unité urbaine englobant un QPV (25,9%) mais ce n'est tout de même pas négligeable. Le phénomène a été étudié par l'Observatoire national de la politique de la ville, sur la base de chiffres de l'année scolaire 2015-2016 produits par la Depp, dans un document intitulé "Evitement de la carte scolaire à l'entrée en 6e : le privé attire aussi les élèves des quartiers prioritaires".
Le contournement scolaire prend plusieurs formes : soit l'enfant demeure dans le secteur public (en suivant une filière spécifique, parce que ses parents ont présenté une fausse adresse…), soit ses parents l'inscrivent dans un établissement privé. Mais quoi qu'il en soit, les auteurs observent que ce comportement permettrait de préserver une "relative mixité sociale" dans certains quartiers prioritaires - et à proximité de ces quartiers dès lors que le collège de secteur se situe dans le QPV, a fortiori lorsqu'il est classé "REP". "Il est possible qu'en l'absence d'une telle possibilité de contournement, un certain nombre de familles décide de déménager (…) mettant à mal la mixité résidentielle", assurent les auteurs de l'étude.
Pour autant, ces comportements "renforcent l'absence de mixité sociale dans l'école ou le collège de leur secteur". Car, comme ailleurs, ce sont les enfants venant des classes sociales les plus favorisées qui étudient le plus fréquemment dans un collège. Un quart des élèves de 6e venant d'une famille "favorisée" et habitant dans un QPV vont dans le privé (la part monte à 35,9% pour les autres élèves venant d'une famille "favorisée" et habitant dans l'aire urbaine). Cela concerne 15% des élèves de 6e de la classe moyenne et habitant en QPV (24% pour ceux habitant dans l'aire urbaine) et 7% des élèves de 6e venant d'une famille "défavorisée" et habitant dans un QPV (12,7% pour ceux habitant dans l'aire urbaine).
Exactement comme pour le reste de la France, les enfants de QPV ayant un bon niveau scolaire vont plus facilement dans le privé en 6e. Selon les auteurs de l'étude, des parents de REP ou REP+ "peuvent être incités par les enseignants de leur enfant à la fin du primaire à demander une dérogation ou à l'inscrire dans une école privée".

*L'étude ne distingue pas privé sous contrat/privé hors contrat, ni le fait que l'établissement soit confessionnel ou non. 
 

 

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