Congrès AMF - Equipements sportifs : les communes rurales sont inégalement dotées
Le milieu rural français métropolitain bénéficie d'un bon taux d'équipements sportifs mais la qualité et la diversité de ces équipements posent problème. C'est ce qui ressort de l'enquête sur l'offre d'équipements sportifs dans les territoires ruraux dont les premières conclusions ont été présentées le 23 novembre au Salon des maires. Après les bassins de natation en 2009 et les schémas directeurs des équipements sportifs en 2010, le ministère des Sports avait choisi les territoires ruraux comme objets d'une étude approfondie pour l'année 2011 (lire notre article du 9 mai 2011 ci-contre). L'étude, réalisée avec le concours du cabinet Agate, s'est appuyée sur le recensement national des équipements sportifs, espaces et sites de pratique (RES). A partir de cet outil, des indicateurs et des typologies de communes rurales ont été déterminés. Une analyse de l'accès aux équipements sportifs a encore été réalisée. Enfin, une approche territoriale qualitative a choisi d'observer plus particulièrement cinq EPCI (lire notre article du 5 juillet 2011 ci-contre). L'objectif était de mieux connaître les forces et faiblesses des territoires ruraux en matière d'équipements sportifs pour enrichir les politiques publiques. En effet, pour le ministère des Sports, les équipements sportifs ont des implications fortes dans des domaines variés : sports, loisirs, tourisme, enseignement, insertion, cohésion sociale, économie, etc. Ils peuvent constituer un atout face à l'isolement des populations, la distension du lien social, le manque d'attractivité. Loin d'être une fin en soi, le développement du sport devient ainsi un facteur de développement territorial.
Plus d'un quart des équipements en zones rurales
Selon le découpage Zauer (zonage en aires urbaines et en aires d'emploi de l'espace rural) de l'Insee, la France compte 18.533 communes rurales, soit 50% des communes (pour 60% du territoire). Celles-ci regroupent 67.221 des 249.938 équipements sportifs de France métropolitaine, soit 27%. Ces équipements se retrouvent dans 11.784 communes, soit 63,6% des communes rurales. Un peu plus d'un tiers de ces communes sont donc dépourvues d'équipements (contre 22,3% en milieu périurbain et 1,4% en milieu urbain). La moyenne nationale de 9,45 équipements par commune équipée descend en milieu rural à 5,7. Les communes rurales équipées présentent toutefois une situation proche des communes équipées en milieu périurbain. En termes géographiques, l'ouest (Bretagne et littoral atlantique notamment), le massif des Alpes et le littoral méditerranéen sont les espaces ruraux les mieux équipés.
Le ratio nombre d'habitants par équipement fait apparaître une moyenne de 166 habitants par équipement en milieu rural quand l'indice moyen pour l'ensemble du territoire est de 247. Au regard de la population, le milieu rural est donc mieux doté, la pression sur les équipements y est plus faible.
Il existe par ailleurs un fort clivage selon la taille de la commune rurale. Ainsi plus de 85% des 2.962 communes de moins de 100 habitants n'ont aucun équipement. Pour les 5.783 communes de 100 à 249 habitants, 58,5% ne possèdent pas d'équipement. Ce sont donc les communes de plus de 500 habitants qui bénéficient le plus de l'implantation des équipements. De 500 à 1.000 habitants, elles possèdent en moyenne cinq équipements. Cet indice s'élève à neuf pour les communes de 1.000 à 2.000 habitants.
A chaque taille de commune rurale son type d'équipement
Au-delà du nombre d'équipements par commune, c'est le type de ces équipements qui diffère le plus en fonction de la taille des communes. Ici, le seuil de 2.000 habitants sépare, d'un côté les communes équipées de façon "générique" de celles possédant des installations "spécifiques". On retrouve 80% des salles non spécialisées dans les communes de moins de 2.000 habitants, lesquelles regroupent également un grand nombre de terrains de grands jeux, de courts de tennis ou de plateaux d'éducation physique et sportive. A l'inverse, les communes de plus de 2.000 habitants sont mieux équipées en piscines, salles multisports, salles spécialisées ou installations d'athlétisme.
Au-delà des taux et des types d'équipements, l'étude s'est focalisée sur la problématique des temps d'accès aux équipements. Il en ressort que les bassins de natation et les salles spécialisées se situent à plus de dix minutes pour 50% des communes rurales et que les salles multisports sont à plus de dix minutes pour 26% des communes rurales. En revanche, la couverture du territoire rural par les terrains de tennis, les terrains de grands jeux et les salles non spécialisées est très bonne : ces équipements se trouvent à moins de dix minutes pour 90% des communes rurales. Les régions les moins favorisées en la matière sont les régions de montagne où l'accessibilité peut s'avérer difficile de façon temporelle.
Déficit d'équipements couverts
L'étude conclut que le milieu rural est relativement bien équipé au regard de sa population avec notamment une bonne couverture pour les équipements génériques et les équipements polyvalents. Elle constate aussi une capacité à répondre aux nouvelles demandes de la population (construction de terrains de tennis dans les années 80, city-stades, skate-parc, etc.). En revanche, elle met en lumière une qualité et une diversité d'équipements plus faibles qu'en milieu urbain et périurbain, avec seulement 20% d'équipements couverts et un déficit de certains équipements (salles de remise en forme, bowling, salles spécialisées). Pour les auteurs de l'étude, les freins pour l'espace rural sont le déficit de jeunes de 15 à 24 ans, souvent absents pour cause d'études, et l'inégale répartition des équipements qui engendre des déplacements. Mais l'espace rural dispose également d'atouts pour le développement de l'activité sportive grâce à l'importance des sites de sports de nature qui viennent compléter l'offre, des espaces peu peuplés pouvant accueillir des équipements consommateurs d'espace ou permettre l'organisation de grandes manifestations. Les conclusions définitives de cette étude seront publiées en janvier 2012. Elles comporteront notamment les portraits de cinq territoires-témoins.