Energie - Energies renouvelables : les objectifs arrêtés jusqu'en 2023
Sans attendre la publication de la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) mise en consultation, un arrêté, paru au Journal officiel le 26 avril, définit les nouveaux objectifs de développement des énergies renouvelables (EnR) pour les différentes filières (éolien terrestre, solaire, biométhane injecté, bois énergie etc.) à l'horizon 2023. La ministre de l'Environnement, Ségolène Royal en avait annoncé la signature la veille par la voie d'un communiqué. Le Conseil supérieur de l'énergie avait au préalable donné son feu vert en adoptant, à une large majorité, le projet de texte le 15 avril dernier. La précédente feuille de route fixée dans le cadre de la programmation pluriannuelle des investissements (PPI) remontait à 2009.
Les EnR représenteront 32% de la consommation finale brute d'énergie en 2030. C'est l'objectif ambitieux fixé par la loi relative à la transition énergétique. Hors hydroélectricité, la production des EnR a d'ores et déjà augmenté de plus de 23% en 2015, avec 1.000 MW de nouvelles capacités éoliennes et 900 MW de nouvelles capacités solaires. Mais l'arrêté projette une augmentation "de plus de 50% de la capacité installée des énergies renouvelables électriques par rapport à 2015, en la portant à 71 à 78 GW contre 43 aujourd'hui", relève la ministre.
Valoriser les EnR en mer
Ces objectifs contribueront à "plus que doubler la puissance installée des éoliennes terrestres". L'arrêté précise que 15.000 MW devront être produits à partir de l'énergie éolienne à terre au 31 décembre 2018 (500 MW pour l'éolien en mer posé), puis 21.800 MW à l'horizon 2023 (26.000 MW en option haute). Il s'agit également de valoriser le potentiel de la France pour les énergies renouvelables en mer avec des objectifs en puissance installée fixés en 2023 à 3.000 MW pour l'éolien en mer posé et à 100 MW pour les énergies marines renouvelables (EMR, éolien flottant, hydrolien). Le Syndicat des énergies renouvelables (SER) s'est déclaré pleinement satisfait de cette révision à la hausse des ambitions pour l'éolien offshore posé et pour les énergies marines renouvelables, dont les objectif de projets attribués à l'horizon 2023 sont portés, respectivement à 6.000 MW pour l'offshore et à 2.000 MW pour les énergies marines renouvelables.
Quant à l'énergie photovoltaïque, elle devra également atteindre l'objectif fixé d'une puissance installée de 18.200 MW (option haute 20.200 MW) en 2023, avec un seuil de 10.200 MW d'ici fin 2018. Si un tel objectif est atteint, il contribuera à "plus que tripler la puissance installée du parc solaire photovoltaïque". La puissance supplémentaire à mettre en service en termes de bois-énergie est quant à elle fixée à 540 MW d'ici fin 2018, puis 790 MW (option haute : 1.040 MW) d'ici fin 2023. La progression est moins spectaculaire concernant l'hydroélectricité qui pourrait néanmoins atteindre jusqu'à 26.050 MW de puissance installée en 2023.
Forte progression de la production de chaleur renouvelable
La méthanisation devra atteindre un objectif de production d'électricité, en termes de puissance installée, de 137 MW fin 2018, puis 237 MW (option haute : 300 MW) fin 2023. Autre objectif affiché celui d'augmenter de plus de 50% la production de chaleur renouvelable (par rapport à 2014). Cette ambition suppose notamment un accroissement de plus de 20% de la production de chaleur à partir de biomasse, la multiplication par plus de 7 de la production de chaleur à partir de biogaz issu de méthanisation, par plus de 4 de la production de chaleur à partir de géothermie, ainsi que l'accroissement de plus de 80% de la production de chaleur à partir de solaire thermique. En termes de production de chaleur à partir de biomasse et de biogaz, il est ainsi prévu d'atteindre fin 2023 jusqu'à 14.000 kTEP (milliers de tonnes d'équivalent pétrole) de chaleur produite à partir de la première, et 900 par le biais du second. Les objectifs pour le développement du biogaz injecté dans le réseau de gaz, en termes de production globale passeront de 1,7 TWh en 2018 à 8 TWh en 2023. Enfin, la quantité de chaleur et de froid renouvelables et de récupération livrée par les réseaux sera multipliée par trois avec 1,9 à 2,3 Mtep en 2023. Certaines nouveautés sont également à relever. Le texte contient un calendrier indicatif de lancement des appels d'offres, introduit à la demande du SER. Par ailleurs, des appels d'offres expérimentaux de soutien à l'autoconsommation/autoproduction seront lancés d'ici le 31 décembre 2016.
Philie Marcangelo-Leos / Victoires-Editions
Référence : arrêté du 24 avril 2016 relatif aux objectifs de développement des énergies renouvelables, JO du 26 avril 2016, texte n°23.